Dans l’après midi du lundi 15 aoùt, Ouest torche prépare avec enthousiasme sa pleine page d’éloge de la gestion fluide du péage autoroutier du Bignon au sud de Nantes. La parole y est donnée à chacun des acteurs de cette belle journée. Du vacancier heureux de son voyage sur le réseau ASF Vinci autoroutes, à la caissière ravie de trimer sur cette barrière de péage exemplaire, en passant par le gérant vantant les mérites du télépéage, tout le monde semble se réjouir des 40,000 véhicules qui passent à la caisse ce jour là ( à environ 30 €, ça fait quelques 1,200,000 € …).
A quelques centaines de mètres de là, de l’autre côté de la clôture du pays Vinci, une patrouille ASF et plusieurs véhicules de gendarmerie et flics en civil collaborent étroitement durant tout le weekend pour empêcher une opération péage gratuit attendue. Ce weekend là, deux autres péages gratuits ont eu lieu sur le réseau de Vinci (en Vendée et à Montpellier). Une douzaine de véhicules peuplés d’une soixantaine de personnes à l’allure carnavalesque doivent forcer le barrage de la milice publique-privée de Vinci pour filer par les pistes hors des pittoresques alentours du péage avant l’arrivée des renforts. Un tract allait être distribué, affirmant la solidarité avec les opposant-e-s au projet d’autoroute de Vinci reliant Moscou à St Petersbourg en ravageant la forêt de Khimki. Ces personnes y font face à toute la violence qu’un Etat et une multinationale peuvent payer : menaces, attaques de milices, emprisonnements, assassinats… Cette action annonçait aussi la collaboration de la justice française le 17 août pour expulser les opposant-e-s au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. C’était raté pour cette fois mais qu’ils gardent l’oeil ouvert, on reviendra !

Le mercredi 17 août donc, 200 personnes se rassemblaient à 8 h du matin, devant le tribunal de St Nazaire, forteresse de CRS, à l’occasion du procès de 5 lieux occupés de la ZAD. Après quelques prises de parole et un p’ti’dej’ sur la rue, la manifestation est partie « sillonner » les rues rectilignes de la ville, suivie de très près par une dizaine de cars de CRS, portières ouvertes et bondissants à chaque approche d’un des nombeux parkings Vinci infestant cette ville comme beaucoup d’autres. Quelques banderoles de publicité y ont été démontées pour être recyclées sur les routes de la ZAD en lutte, et les tentatives répétées des trouffions en bleu n’ont pas déclenché l’affrontement qu’ils espéraient. Ainsi, 2 h plus tard, l’objectif de la ballade était d’atteindre la plage pour un pique nique. Alors qu’il ne restaient qu’une vingtaine de mètres à parcourir pour le véhicule transportant les victuailles, les CRS, avec le style qu’on leur connait, lui ont fait une queue de poisson et l’ont éraflé puis encerclé, toutes armes dehors, pour une tentative in extremis de provoquer un affrontement durant 45 minutes de constat d’assurance forcé. A leur grand désarroi et sueur sur le front, l’occasion ne s’est pas présentée de frapper de la chair et d’en nourrir les médias charognards pour les semaines à venir.
La morale de cette histoire, vue du côté armuré-casqué, est donnée par un de ces toxicos de la matraque quelques heures plus tard, alors qu’il interdit le passage dans une rue à un groupe rejoignant son véhicule :
« Vous croyez que c’est drôle de mobiliser toutes ces troupes juste pour un pique nique sur la plage ? »