14 juillet : la République nous fait sa fête.
2011, énième retour en arrière sur des valeurs pompeuses, transpirantes d’humanisme, suintantes de respect. A chaque jour passé dans ce pays, ce cliquetis de bonne convenance, de justesse et d’équité sonne de plus en plus creux. Tous les grands mots de la République, brandis par des bras flageolant d’espérance, dégringolent des frontons. Leur fracas est lourd, sourd, la foule en délire ne l’entend pas, au nom de la République.
Il n’est plus question aujourd’hui de reprendre les grandes théories établies sur des valeurs dénuées de sens, ni de citer les intellectuels d’un autre temps. Il est impératif maintenant de simplement constater et d’accoler à ces grandes valeurs républicaines l’état réel des choses telles qu’elles se déroulent sous nos yeux.
LIBERTE. Parce qu’il y a de plus en plus de prisons en construction. Des milliers de gens derrière des barreaux, privés de la première des libertés : se déplacer, vivre sa vie. Preuve d’une gestion sociale de l’isolement et de la destruction. Un enfermement vicieux, malhonnête, meurtrier. La prison tue. Mais l’enferment n’existe pas uniquement sous cette forme physique. Le « chacun-chez-soi » grandi : avalanche de confort matériel, aliénation au salariat, délégation permanente de toute volonté à des institutions destructrices de la pensée, de l’initiative, de la créativité. La consommation abusive devient le réceptacle de toutes ces frustrations successives et quotidiennes. Pourquoi réfléchir à autre chose, la solution ultime est de travailler pour survivre. La « méthode douce » de l’enfermement fonctionne à grande échelle, dans le leurre permanent d’une vie parfaite, en toute sécurité.
EGALITE. Non là, ils se foutent vraiment de notre gueule. Noirs/blancs, pauvres/riches, femmes/hommes, employés/patrons… Ce sont les exemples les plus évidents et les plus présents. Chacun peut le constater tous les jours s’il ose ouvrir un oeil sur ce qui se passe autour de lui et regarde sa propre condition. Osons encore parler de « pays développé » et promouvoir le système occidental comme un « modèle de société ». Rien n’a changé, progressé, évolué. Les inégalités sont toujours aussi existantes, pauvres, vides et étouffantes. La manipulation d’Etat est le banquet du profit économique : nous en sommes les amuse-gueule.
FRATERNITE. « – Tu sais ce que ça veut dire toi ?
– Non
– Et toi ?
– Non plus.
– Bon, c’est que ça doit pas être très important.
– En tout cas, ils en parlent jamais à la télé. »
Résigné, tu as cédé ta vie à ton exploitation volontaire. Ton cerveau, modelé de désinformations et manipulations diverses, est anéanti par l’égoïsme et la conspiration frauduleuse du profit. Ton existence s’est vouée toute entière à amasser de l’argent. Mais petit salarié que tu es, pour croire au bonheur superficiel que l’on te fait miroiter, tu es prêt à te mettre à genoux, au service de tes bourreaux. Ta survie est assurée pour que ta collaboration à ta propre destruction se perpétue.
Ne soyons plus dupe d’une République jouant la bonne âme salvatrice et protectrice. Nous ne voulons plus de ses valeurs imbéciles.
Que les feux de ce 14 juillet ne soient pas des artifices mais deviennent réels. Dans les prisons, les écoles, les hôpitaux psychiatrique, les commissariats et sur les places publiques. Si ce monde vient à s’effondrer, le feu, lui, ne périra jamais.
AnonymA