Toujours plus de flouz pour les friqués
et de répression pour les révoltés !

Bienvenue au salon de l’immobilier tunisien. Là-bas, il y a toujours des affaires à
faire en Tunisie. Cette foire commerciale ne s’adresse pas seulement aux
entrepreneurs français qui voudraient faire des investissements locatifs en
profitant de leurs liquidités pour se faire de la thune sur le dos des pauvres de
là-bas, ou aux riches Français qui voudraient acheter une belle demeure. Il concerne
aussi les riches ressortissants Tunisiens qui voudraient investir dans une résidence
secondaire ou dans un bien immobilier.

A ces derniers, l’Etat français dit bienvenue. Il encourage même ce salon depuis 4
ans. Avec ou sans Ben Ali, business is business. Avec ce changement de façade ou
sans lui, les puissants arrivent très bien à s’entendre pour faire fructifier leurs
privilèges économiques. Dictature ou démocratie n’altère que très marginalement ces
rapports-là : au final, c’est bien l’argent qui gouverne.

Quant aux milliers de Harragas qui ont réussi tant bien que mal à quitter la
Tunisie, les Etats européens ont investi pour eux depuis plus de 20 ans dans
d’autres types de biens immobiliers : des centres de rétention et pour l’occasion,
des camps gérés militairement. Ayant lutté, les plus « chanceux » pourront obtenir
un « bon » pour dormir dans un gymnase sous le contrôle des flics de la Mairie de
Paris ou très provisoirement être parqués dans des foyers humanitaires décrits par
leurs occupants comme des prisons. Et encore, il faut qu’ils parviennent à échapper
à la chasse quotidienne que leur mène la police dans la rue et les transports. Pour
ceux qui essayent d’occuper des immeubles vides pour habiter et s’autoorganiser,
leurs propriétaires, qu’il s’agisse de la Mairie de Paris ou de l’Aftam qui est un
des plus gros gestionnaires de foyers, ne leur réservent pas un meilleur sort : de
toute façon expulsion à coups de matraques, et au choix arrestation, garde-à-vue,
arrêté de reconduite à la frontière, enfermement en centre de rétention voire départ
forcé… Au final, c’est l’Etat qui fait le tri entre le peu de migrants autorisés à
rester et les très nombreux autres, condamnés à trimer dans des boulots de merde
faute de carte de séjour et à faire sans cesse attention au risque de se voir
expulser hors du territoire.

Organisé par l’entreprise Orsaf tenue par la famille Landoulsi qui a bâti sa fortune
sur le marché de l’immobilier tunisien, ce salon se contrefout du sort réservé aux
Harragas. Comme il voudrait bien enterrer une révolte qui continue de gronder en
Tunisie malgré une répression toujours plus acharnée, puisqu’il faut bien que
l’économie continue de tourner.

NI BUSINESS ! NI FONTIERES !
Aux côtés des Tunisiens en lutte, des papiers pour tous ou plus de papiers du tout !
Tant qu’il y aura des papiers et de l’argent, il n’y en aura jamais assez pour tous
!