Dans la matinée du 28 novembre au centre de la capitale de l’Etat de San Luis Potosí, Mexique, fut célébré le départ d’une des 5 caravanes qui se mettent en branle en direction des manifestations de Cancun pour protester contre les politiques publiques et privées qui génèrent la contamination et le réchauffement global du climat. Ces caravanes ont été organisées par des centaines d’organisations et de groupes en lutte, répondant à la convocation faite à l’initiative de Via Campesina et de l’Assemblée nationale des affectés environnementaux (ANAA).

La première caravane de deux autobus et de dizaines de voitures a ainsi demarré, avec la participation de délégués nationaux et internationaux qui firent leur première étape de dénonciation et de témoignage devant le célèbre Cerro de San Pedro, où de manière illégale et sans permis opère à ciel ouvert la compagnie minière canadienne « New Gold », empoisonnant des millions de litres d’eau mélangés à des produits chimiques comme le cyanure lequel finit dans les nappes phréatiques, empoisonnant l’eau, l’air et détruisant les ressources naturelles avec la complicité corrompue du gouvernement à tous les niveaux du pouvoir.

Les membres du Front Ample d’Opposition y firent connaître leurs 14 années de lutte, qui bien qu’ayant permis de gagner les litiges juridiques, n’ont pas permis d’empêcher le désastre environnemental. Y furent évoquées les morts et maladies apparues dans les communautés des alentours à cause des opérations illégales de cette compagnie minière.

Au meeting de bienvenue se présentèrent d’autres groupes en chemin vers les mobilisations de Cancun au sein de la Caravane, comme les indigènes Mephaa’ de la communauté de la Nueva Palma de de l’état de San Luis Potosí, où on veut leur imposer une autoroute passant sur les terres communales sans respecter les autorités traditionnelles qui s’opposent pour des raisons écologiques, en défense de la mère-terre.

Des professeurs et instituteurs des syndicats démocratiques étaient également présents, arrivés de plusieurs états de la République du Mexique : Zacatecas, Durango, San Luis Potosí, Guanajuato, Michoacán, ainsi que d’autres organisations, comme la ONPP, le MLN, La Otra Campaña de San Luis Potosí et d’autres.

Après cette visite à la communauté de san Pedro, nous nous sommes mis en chemin en direction du deuxième lieu de rendez-vous prévu dans la ville de Dolores Hidalgo (Guanajuato), coeur de la lutte pour l’indépendance mexicaine il y a deux cent ans, et qui a depuis vu avec tristesse les dévastations environnementales provoquées par la ville, suite à l’industrialisation permise par l’Etat, sans aucun contrôle environnemental.

Y fut dénoncé l’utilisation néfaste de l’eau par l’agriculture industrielle et intensive, qui utilise des produits chimiques extrêmement polluants ; parmi les propriétaires de ces entreprises figurent l’ex-président du Mexique Vicente Fox ainsi que l’ex-ministre de l’Agriculture. Y fut dénoncé aussi les conflits provoqués par l’extraction de sable et de gravat du rio Lajas, l’une des dernières rivières vivantes de ces communautés.

En parallèle des dénonciations faites par les groupes présents, il fut aussi exposé leurs propositions et les actions effectuées afin de trouver une solution à ces problèmes.

Des groupes de paysans qui développent des projets comme l’apiculture pour faire refleurir la zone, le recours à des systèmes de captation des pluies, l’agriculture organique, les écotechniques comme les toilettes sèches et la forte impulsion mise dans le développement de coopératives, pour éviter que cet état du Mexique continue à être l’un des premiers lieux d’ « expulsion » de migrants vers les Etats-Unis.

Un projet surprenant est la création de zones boisées dans des zones semi-désertiques ou qui furent contaminées, expérience visant à régénérer les zones affectées par la voracité capitaliste.

Le parcours s’acheva à Salamanca, toujours dans l’Etat du Guanajuato, où fut réalisé un meeting dans une des rues centrales de la ville, où fut dénoncé le gouvernement de l’état ayant permis au fil des ans la prolifération de ces corridors industriels sans aucun contrôle environnemental.

Les gens parlèrent de leur lutte contre les industries chimiques et pharmaceutiques générant des leucémies dans les quartiers pauvres qui y respirent les émanations chimiques. Ils y exposèrent aussi leurs initiatives, comme le « Toxifest » réalisé depuis des années afin de conscientiser la population. Aujourd’hui Salamanca est l’une des villes du Mexique où la qualité de l’air est la plus basse.

Nous sommes restés dormir à Salamanca avant de rejoindre le premier rendez-vous du deuxième jour de la caravane, à Pachuca (Hidalgo), où les mineurs et les électriciens en lutte nous attendaient.

Il ne fait pas de doute que la lutte environnementale est nécessairement une lutte politique, et qu’aujourd’hui plus que jamais les groupes luttant en défense de la terre et de ses composantes comme l’eau et l’air sont en première ligne dans la bataille contre le capitalisme vorace qui n’a aucune limite dans ses désirs d’extermination du monde sur l’autel du Dieu Argent.

notilibertas est un groupe développant les médias libres sur la ville du DF, notamment au travers de l’organisation d’ateliers vidéos et de la diffusion de rue des documentaires réalisés.