Depuis le 29 janvier 2009, quand une journée nationale d’action connaît une fin agitée à Saint-Nazaire, des manifestants sont systématiquement jugés en comparution immédiate. Presque automatiquement, un même tarif est appliqué par le tribunal local : pour trois mois de prison ferme requis, c’est deux mois fermes et presque toujours un mandat de dépôt immédiat !

Ainsi, depuis le 23 septembre 2010, pour 5 manifestations qui se sont terminées par des heurts entre forces de l’ordre et manifestants, on peut dresser ce sinistre bilan qui dénombre au moins :
• 64 interpellations (dont une vingtaine de mineurs)
• 60 gardes à vue
• 16 personnes traduites au tribunal au cours de 5 audiences en comparution immédiate
• 15 jugées : 15 peines de prison ferme prononcées (17 au 16 novembre)
• 12 incarcérées avec mandat de dépôt, dont une détention « préventive » pour avoir refusé la comparution immédiate !
• Des procès à suivre en novembre, décembre, et jusqu’en mars !

La pensée maîtresse du pouvoir sarkozyste, c’est « taper dur » !
Taper dur sur les acquis sociaux, taper dur sur les salariés, taper dur sur les petits, taper dur sur les manifestants, taper dur sur les « casseurs »… Quand il n’y a pas de «casseurs», le pouvoir en fabrique, au besoin il en infiltre dans les manifestations et suscite les vocations. Ainsi, on ne peut que se poser cette question : pourquoi les forces de répression repoussent elles toujours les manifestants vers le Ruban Bleu, sinon dans l’espoir qu’il y ait de la casse ?
On peut également se demander pourquoi les médias aiment tant montrer des manifestants, feux de Bengale à la main, poubelles et buissons enflammés, « casseurs » à terre et menottés ? Autant d’images-chocs, alors qu’il n’y a eu cet automne ni casse organisée, ni fonctionnaire de police blessé !

Pour nous, la violence est celle de la répression, organisée par un pouvoir qui tape dur, avec force bâtons , grenades diverses, flash-ball, arrestations violentes, humiliations et intimidations de toutes sortes. Ainsi à Saint-Nazaire, un manifestant a perdu l’usage d’un pied en 2009, et une passante « bousculée » par les forces de police a eu les deux poignets fracturés le 12 octobre 2010.

Pourtant systématiquement le Parquet trouve des «casseurs» à présenter devant les juges : manifestants ne courant pas assez vite, « meneur » en tongs, salariés syndiqués ou non, lycéens, étudiants, chômeurs, précaires, marginaux… A chaque fois, le même scénario : ils ont été raflés bien après la fin des manifestations, loin des heurts de la sous préfecture. A chaque fois, ils auraient été « reconnus » sur des photos ou des vidéos policières présentées au Parquet mais pas à la Défense, et jamais diffusées au tribunal. Procédures superflues, puisque la parole d’un policier dans un procès-verbal a force de preuve. A chaque fois, les prévenus connaissent l’horreur de la garde à vue, les pressions, les conditions dégradantes des cages du commissariat. A chaque fois, ou presque, les mêmes fonctionnaires de police déclarent reconnaître les prévenus et parfois font même valoir leur « traumatisme moral » afin d’obtenir des dommages et intérêts, quand bien même il n’y a eu aucun policier blessé ! A chaque fois, le Parquet requiert de la prison ferme et des incarcérations immédiates. A chaque fois, le tribunal applique de la prison ferme après des délibérés qui le plus souvent ne dépassent pas 5 minutes. A chaque fois, les fourgons grillagés emportent nos camarades vers la prison.

Il n’y a pas de bons ou mauvais manifestants comme tentent de le faire croire le pouvoir et ses relais, il y a juste des manifestants. Nous serons vigilants et présents lors des audiences qui verront encore comparaître des manifestants interpellés les jours et les semaines qui viennent. Nous appelons à la relaxe de toutes les personnes poursuivies pour avoir manifesté ces dernières semaines, et à la libération des personnes encore incarcérées.

Nous appelons toutes personnes témoins ou victimes de violences policières à se faire connaître auprès du CODELIB ou des organisations signataires de ce texte.

CODELIB -Comité de défense des libertés fondamentales contre les dérives sécuritaires- 06 30 39 16 67
c/o LDH – AGORA 1901, 2bis rue Albert de Mun – 44600 Saint-Nazaire,
codelibsaintnazaire@gmail.com ou www.codelib.info
composé de : ATTAC St-Nazaire et Presqu’île – Collectif des objecteurs de croissance – FSU – Label Gauche – Les Alternatifs 44 – Les Verts – Ligue des Droits de l’Homme – MRAP – NPA – PCF – PG – PS et des individuEs

La CNT St-Nazaire et Sud-Education 44 joignent également leur signature à ce texte.