DE L’INVASION

Selon Gilles Retière, maire-de-gauche-de-Rezé, et grand inaugurateur du colloque Communes de gauche de l’estuaire

Il faut d’abord saluer les capacités visionnaires de monsieur Retière, qui a anticipé de presque deux années l’offensive politique des Sarkozy et Hortefeux contre les Roms. Voilà ce que, sous le titre Roms : le maire de Rezé dit stop à l’« invasion », Presse Océan publiait le 19 septembre 2008 : « Tolérance zéro. Et le maire de Rezé ne mâche pas ses mots. Gilles Retière veut mettre un terme “aux invasions successives”de Roms ». Il reviendra plus tard sur ce terme « sans doute maladroit » et abritera sa pensée sous de vagues propositions sociales. Il insistera pour répartir les Roms « plus harmonieusement au niveau départemental », à condition de les séparer, autrement dit, de briser leurs communautés, leur forme de vie singulière.
Comment ne pas rappeler d’autres propos, tenus en 1942 contre une famille Rom par un autre maire de Rezé, qui ne mâchait pas plus ses mots : « Je me permets de faire appel, Monsieur le Préfet, à votre haute autorité, pour débarrasser la contrée intéressée de cette bande d’indésirables, dont les agissements finissaient par dérouter les meilleures bonnes volontés » ?
Mais monsieur Retière est bien plus policé, et si les conséquences sont différentes, l’impulsion est la même. Combien de pétitions, de lettres anonymes aura-t-il reçues, dont il aura si courageusement tenu compte pour se poser comme défenseur de sa commune en brandissant la figure d’un envahisseur présumé ? Pour maintenir l’ordre, mais quel ordre, reposant sur quel sentiment, quel type d’appartenance ? Pour coller à une partie de son électorat, mi-apeuré, mi-raciste, ou tout simplement avide d’effacer ceux qui vivent visiblement autrement, en communauté complexe et riche d’une culture que les progressistes veulent briser pour n’en exalter que quelques expressions muséifiées (jazz manouche…).
Rappelez-vous que si, dans l’avenir, des pogroms dévastent des camps Roms (comme en Italie récemment), M. Retière, le-maire-de-gauche-de-Rezé, aura été parmi les premiers à les légitimer, comme un débordement logique de sa propre pensée.
Et maintenant, les débats sont ouverts…

Rezé, le 6 novembre 2010.

Communiqué de la Lanterne rouge.