Lettre Ouverte de Nikos Malapanis concernant sa convocation chez le juge
d’instruction spécial (30/10/2010)

On poursuit la solidarité

Lundi 1er novembre je suis convoqué devant le juge d’instruction spécial Mr Baltas,
accusé « de l’acte pénalement condamnable d’avoir intégré une organisation
terroriste qui s’appelle Lutte Révolutionnaire ». Dernièrement, beaucoup d’individus
du milieu anarchiste/anti-autoritaire, qui font partie de l’entourage amical des
personnes arrêtées, ou qui sont leurs compagnons de lutte, ont été convoqués comme
témoins pour la même affaire.

Depuis le 10 avril, date à laquelle les six militants se sont faits arrêter- trois
d’entre eux nient leur participation à Lutte Révolutionnaire-, une attaque
répressive a commencé, et en s’appuyant sur le silence, elle s’étend. Le fait que ce
soit moi qui soit ciblé en l’occurrence montre encore une fois et plus directement,
que les mécanismes répressifs fonctionnent de manière arbitraire, mais pas par
hasard. C’est le mouvement entier de ceux qui luttent et expriment leur solidarité
qui est ciblé.

Depuis quinze ans je fais partie de ceux qui luttent contre ceux qui oppriment et
terrorisent la société. Ce qu’on appelle « les conditions du totalitarisme qui
vient » ne sont que la misère et la peur comme mode de vie. C’est ce qu’ils
essayent, en pleine crise (intervention du FMI, mesures d’austérité, nouvelle loi
anti-terroriste), d’appliquer sur moi et mes compagnons de lutte.
Je suis connu par les autorités répressives parce que je me suis déjà fait arrêter
pour mon action dans le mouvement. Ce dernier inclut la solidarité avec les
prisonniers qui luttent et c’est pour ça que j’ai été ciblé et que les médias ont
fait mon portrait dans le cadre de l’affaire de Lutte Révolutionnaire.
Le message est clair.
Les compagnons qui nient les accusations se trouvent enfermés dans des
cellules souterraines. Les accusations sont fondées sur la seule preuve qu’ils sont
des militants ; et de leurs relations dans la lutte avec Pola Roupa, Nikos Maziotis
et Kostas Gournas et aussi avec Lambros Fountas, qu’ils n’ont jamais niées.
L’expérience est considérée comme réussie pour qu’elle s’applique à encore plus de
personnes. L’accusation qui est portée contre moi est donc, clairement politique et
vindicative. Il s’agit de faire un exemple pour que ceux qui choisissent de lutter
sachent à quoi s’attendre, et pour dissuader les autres qui seraient prêts à décider de combattre.

Ils poursuivent aujourd’hui la solidarité, les relations avec des compagnons de
lutte, la dignité. Les mécanismes nous sourient avec sarcasme. Je marche et je vais
continuer à avancer en ayant comme seules armes la dignité, la résistance et la
solidarité.

Pour finir, je voudrais exprimer toute ma solidarité pour mon amie Mari Beraha, mère
de deux enfants et femme de K.Gournas, dont je suis le témoin, qui est poursuivie
avec moi. Je voudrais aussi exprimer mon amitié et ma solidarité pour Kostas Gournas
et Nikos Maziotis qui sont en grève de la faim depuis le 9 octobre 2010 afin de
briser le régime d’isolement que subit Kostas Gournas, et pour qu’il soit transfère
à Athènes, à proximité de sa famille.
Face à ces pressions judiciaires nous allons sortir renforcés.
Je le sais car

LA SOLIDARITE EST NOTRE ARME

Nikos MALAPANIS

Note des traducteurs : La grève de la faim s’est terminée le 1 novembre 2010 suite à
la satisfaction des demandes des deux compagnons enfermés.

Lettre ouverte de Maria Beraha à propos de sa convocation chez le juge spécial d’instruction

Le Lundi 25 Octobre, le juge spécial d’instruction D.Mokkas m’a envoyé une convocation pour une mise en accusation, afin que je comparaisse le 1er Novembre pour « l’acte pénalement condamnable d’avoir intégré une organisation terroriste qui s’appelle Lutte Révolutionnaire ». La même convocation qu’a reçu l’anarchiste Nikos Malapanis qui se trouve être mon témoin de mariage.

Kostas Gournas, qui avec Nikos Maziotis et Pola Roupa a assumé la responsabilité politique d’être membre de l’organisation révolutionnaire (alors que leur co-accusés Vaggelis Stathopoulos, Sarrados Nikitopoulos et Christoforos Kortesis nient toutes implications dans celle ci), est mon compagnon et le père de nos deux enfants de 22 mois.

Mon compagnon, après avoir été torturé à GADA (quartier général de la police grecque) à la suite de son arrestation a été emprisonné à la prison de Trikala.
Depuis le 9 Octobre, il a entamé une grève de la faim avec Nikos Maziotis (d’autres prisonniers solidaires refusent leur gamelles) avec pour revendication évidente son transfert à Athènes, le lieu de résidence de sa famille. Il en est aujourd’hui à son 20eme jour de grève, hospitalisé dans un état critique avec Nikos Maziotis.

C’est une guerre qui a lieu entre les murs, dans une tentative du pouvoir de maintenir par tous les moyens les prisonniers qui luttent dans une « condition d’otage » . Cette tentative d’extermination de mon compagnon s’étend au delà des murs, essayant de maintenir la famille dans un encerclement psychologique suffocant.

La pression que subit Kostas pour les positions qu’il garde est clairement une vengeance.

Le terrorisme qui s’exerce à l’encontre des compagnons et de leurs proches est une vengeance aussi

Je ne me justifierais auprès de personne à propos de la vie qui est la mienne ni de mon choix pour Kostas comme compagnon et père de nos enfants.

Je ne m’expliquerais pas sur les scénarios qui ont été construits à mon propos

Pour les autorités, possiblement et avec comme seules bases, nos relations sociales, politiques et familiales nous pouvons tous être des « membres » de « Lutte Révolutionnaire ».

Arret des persecutions

La patience a ses limites…

Maria Beraha 28/10/2010