LES DIRECTIONS SYNDICALES COLLABORATIONNISTES SABOTENT LA LUTTE

Cependant, de même que l’Intersyndicale s’est toujours opposée au retrait du projet de loi sur les retraites (ne demandant que des négociations pour sa modification), depuis le début les dirigeants syndicaux se refusent obstinément à préparer et à appeler à un mouvement de grève général et illimité qui mettrait à genoux le gouvernement. Devant la colère persistante des travailleurs, l’Intersyndicale a été contrainte de faire mine d’appeler à poursuivre la «mobilisation» (elle ne parle surtout pas de «lutte»!), tout en affirmant dans son communiqué du 21/10 que «des millions de salariés» «ont affirmé vouloir une autre réforme des retraites»: autrement dit les travailleurs auraient manifesté uniquement pour que leurs retraites soient attaquées autrement (1)! Il est vrai que l’Intersyndicale avait rapidement abandonné la revendication de ne pas augmenter la durée des cotisations après que la CFDT ait ouvertement accepté cette augmentation lors de son Congrès… Elle a donc fixé des dates de journées d’action assez lointaines pour que le mouvement s’essouffle et que les travailleurs encore en grève (à commencer par ceux de la SNCF) finissent par s’épuiser, au lieu d’appeler à les rejoindre dans la lutte. La CFDT, qui dit tout haut ce que pense l’Intersyndicale, a averti qu’après le vote de la loi, le mouvement devrait s’interrompre et, en attendant, elle a mis en garde contre le danger de «radicalisation» qui risquerait de faire perdre sa «popularité» au mouvement. Par radicalisation, ces bonzes syndicaux réformistes veulent dire: lutte réelle. Selon eux le mouvement devrait se limiter autant que possible à des processions rituelles et à des actions symboliques!

Sans doute Force Ouvrière (parce qu’elle voulait un appel à une journée de grève générale) et Solidaires (SUD) (parce que les journées d’action étaient trop éloignées et que l’Intersyndicale se refusait à soutenir les actions en cours) n’ont pas signé le communiqué de l’Intersyndicale, mais ces deux organisations partagent avec l’Intersyndicale la responsabilité de la tactique suivie depuis des mois par cette dernière pour éviter une lutte réelle des travailleurs: elles ne cherchent qu’à éviter de se discréditer auprès des travailleurs les plus combatifs.

De son côté, le gouvernement, au service des capitalistes, s’inquiétant que les dirigeants syndicaux ne tiennent pas leurs troupes (Fillon), n’hésite plus à recourir à la manière forte: répression bestiale contre les lycéens (1900 interpellations de prétendus «casseurs» selon Hortefeux), déblocage des dépôts de carburant par la police, attaque des grévistes de la raffinerie de Grandpuits (région parisienne) et réquisition des travailleurs. Ailleurs, comme à Marseille, c’est même le président PS de la Communauté urbaine qui demande l’intervention de l’armée pour casser la grève des éboueurs en les réquisitionnant!

En refusant de réagir à ces agressions brutales autrement que par des «actions symboliques» (2) et en dénonçant l’infiltration de provocateurs dans les manifestations (ce n’est pas les flics qui sont visés) (3), en refusant donc d’en appeler les travailleurs à des grèves de solidarité avec leurs frères de classe réquisitionnés, c’est-à-dire soumis à la loi martiale, et avec les jeunes matraqués et flashballés, les directions syndicales donne en fait le feu vert au gouvernement pour casser par la force le mouvement et les grèves en cours!

En 2003 les directions syndicales avaient déjà saboté la lutte contre l’augmentation de la durée de cotisation pour les retraites (projet gouvernemental signé par la CFDT) en jouant l’épuisement à coups de «journées d’action», et en 2007, l’unité syndicale retrouvée, elles avaient trahi la lutte en défense de l’attaque contre les régimes spéciaux de retraite.

Il ne faut pas s’étonner de cette attitude; ces appareils syndicaux ne sont pas des organisations de classe dont la raison d’être serait la défense exclusive des intérêts prolétariens contre les intérêts bourgeois; ce sont des organisations de collaboration de classes qui ont comme credo le «dialogue entre partenaires sociaux»: comme si entre bourgeois et prolétaires, entre capitalistes et travailleurs, entre exploiteurs et exploités, il n’y avait pas une lutte permanente! Ce n’est pas la méchanceté particulière d’un Sarkozy, mais les lois du capitalisme qui sont la cause des attaques anti-ouvrières actuelles; dans tous les pays, de la Grèce à la Grande-Bretagne, de l’Espagne à l’Italie, etc., les gouvernements mènent et mèneront de semblables attaques contre les prolétaires pour préserver les profits mis à mal par la crise. On ne peut empêcher ou même amortir ces attaques par la «concertation sociale» et la «négociation démocratique» comme le prétendent les partis et syndicats collaborationnistes; seule la lutte anticapitaliste, classe contre classe est capable de les battre en brèche. Les prolétaires, parce qu’ils produisent par leur travail toutes les richesses de la société, ont entre les mains une force potentielle énorme. Mais cette force ne peut devenir effective qu’en rompant avec les orientations défaitistes imposées par les organisations collaborationnistes. Ce qui est nécessaire ce n’est pas l’unité avec les appareils collaborationnistes et leur action paralysante, mais la rupture avec eux!

POUR LA LUTTE DE CLASSE ANTICAPITALISTE !

Les prolétaires n’ont pas à chercher des solutions alternatives aux problèmes du capitalisme (du style: porposer des financements différents de ce que leur doivent les capitalistes) ni à appuyer ceux qui proposent d’appliquer moins brutalement les solutions bourgeoises dont ils sont les victimes désignées. Il leur faut laisser les petits-bourgeois démocrates gémir sur les tragiques choix «de société» ou «de civilisation» (!) qu’impliqueraient les mesures gouvernementales: sous le capitalisme, hier comme aujourd’hui et demain, seul compte le rapport des forces entre les classes. Pour combattre les attaques du gouvernement et de la bourgeoisie, les travailleurs ne peuvent s’appuyer sur rien d’autre que leur lutte ouverte et générale. Celle-ci a le pouvoir de briser tous les obstacles, mais à la condition que ce soit une lutte véritable et qu’elle soit menée de façon classiste, sur le terrain de classe et avec les armes de classe: organisation des travailleurs pour généraliser, maintenir et défendre la lutte contre les agressions et la répression de l’Etat bourgeois et les manoeuvres des collaborationnistes.

Cette organisation de classe des travailleurs pour la lutte de défense «économique» immédiate serait encore insuffisante sans l’organisation sur le plan politique, non seulement pour mener la lutte politique plus large, la lutte révolutionnaire contre le capitalisme, mais même pour mener et diriger cette lutte immédiate plus restreinte, lui éviter les faux pas et lui permettre de dépasser ses limites. Toutes les forces politiques existant dans la société bourgeoise pèsent sur la classe ouvrière, essayent de l’influencer, lui font miroiter leurs recettes pour la détourner de la lutte; le combat politique est inévitable pour que les travailleurs se dégagent des influences politiques bourgeoises et retrouvent le chemin de la défense réelle de leurs intérêts; et ce combat a besoin de son organe propre, le parti politique de classe, le parti communiste véritable, qui trouve dans le programme historique de l’émancipation prolétarienne – le marxisme – la clé des victoires.

Même si la politique de sabotage des directions syndicales, soutenue par les partis de gauche et d’extrême-gauche, réussissait finalement à étouffer le mouvement actuel, d’autres affrontements attendent inévitablement les travailleurs. Sarkozy a averti: il ne cessera pas un jour de «réformer» – c’est-à-dire d’attaquer les conditions de vie et de travail des prolétaires. En prévision des futurs affrontements, un progrès décisif vers la reprise de la lutte de classe véritable, vers la victoire contre le capitalisme, son Etat et toute son organisation sociale, aura été accompli lorsque des prolétaires d’avant-garde auront su tirer de l’énième expérience de la trahisons des prétendus chefs ouvriers, l’enseignement qu’il n’y a rien de plus urgent que le travail d’organisation classiste du prolétariat.

Pour la rupture avec les appareils et la pratique collaborationnistes qui ne mènent qu’à la défaite !

Pour le retour aux méthodes, aux moyens et à l’organisation de classe !

POUR LA LUTTE DE CLASSE CONTRE LE CAPITALISME ET L’ETAT BOURGEOIS !

PARTI COMMUNISTE INTERNATONAL

(1) Ce communiqué trace aussi une «perspective» pour l’après-conflit: «les organisations syndicales conviennent de travailler ensemble sur ces questions [l’emploi, les salaires, les conditions de travail, l’avenir des jeunes] dans les semaines à venir afin d’interpeller le gouvernement et le patronat». A coup sûr, ces derniers doivent trembler…
(2) cf http://humanite.fr/21_10_2010-pas-de-vacances-pour-les-…56166. Parmi ces redoutables «actions symboliques»: 1 minute de silence pour le droit de grève… S’ils étaient soutenus par une véritable organisation prolétarienne ou un mouvement d’ampleur, les travailleurs pourraient facilement refuser d’obéir à un ordre de réquisition. Mais ce serait s’opposer frontalement à l’arbitraire de l’Etat bourgeois, ce à quoi ne songent évidemment pas les bonzes syndicaux. Rappelons en outre que la grève est une arme des travailleurs, pas un droit concédé par la Constitution. La bourgeoisie la plus démocratique cherche en permanence à affaiblir l’arme de la grève, par exemple en imposant le service minimum… accepté par les bonzes.
(3) «La CGT appelle les salariés, les grévistes à la vigilance du fait de la présence de provocateurs dans les initiatives syndicales. Ils incitent à des actes violents susceptibles en retour d’alimenter la répression policière et le discrédit de la lutte». C’est la police qui en réalité est la cause des violences. Quant aux bonzes syndicaux, ils sont de véritables provocateurs à la passivité et à la soumission face aux interventions policières contre les piquets de grève.