Ni prolongement, ni relance :
arrêt immédiat du nucléaire civil et militaire

Le nucléaire n’est pas une fatalité, c’est un choix politique et économique. Il a
fallu la volonté de tous les gouvernements, de De Gaulle à Jospin, pour parvenir a
une situation unique : 80% d’électricité produite par le nucléaire.
Pour les militaires, les capitalistes, les politiques, les risques pour
l’environnement et les populations actuelles et futures viennent après les profits
engrangés par une minorité d’industriels et d’actionnaires.

Face au danger du nucléaire, arrêt immédiat
– car un accident majeur (comme à Tchernobyl) est toujours possible et plus encore
aujourd’hui avec le vieillissement des centrales en activité ;
– car les déchets polluants s’accumulent. On ne sait qu’attendre qu’ils cessent
d’être radioactifs, ce qui prendra des milliers d’années ;
– car le nucléaire se caractérise par la centralisation, l’opacité des décisions,
l’absence de moyens véritables pour que nous pesions sur les orientations
(recherches, énergies renouvelables, transport de déchets…), l’omniprésence de
puissances financières. Elément moderne du totalitarisme, le nucléaire nous fait
courir le risque de vivre dans une société avec l’absence totale de contrôle et de
choix des populations, mais avec le règne absolu de « ceux qui savent »,
scientifiques et technocrates.

Il est nécessaire de ne pas laisser les fantasmes scientistes continuer à nous
égarer dans l’impasse industrielle dont on constate chaque jour les dégâts : de la
vache folle au réchauffement planétaire, en passant par l’amiante et les leucémies
en Ukraine et à la Hague.

Nucléaire et militaire riment avec totalitaire
Le nucléaire doit aussi son existence à ses usages militaires. De Gaulle voulait
doter l’armée de plutonium pour la force de frappe ; le nucléaire est une recherche
de suprématie et de domination. USA, URSS, Chine, Inde… Tous les Etats usent
d’abord du nucléaire pour des objectifs militaires. Aujourd’hui, l’armée française
dispose d’armements au plutonium. Ces pays doivent leurs bombes à la production
civile du nucléaire. Le lien entre l’usage militaire et l’usage civil du nucléaire,
en France comme ailleurs, c’est le pouvoir de l’Etat et du Capital. C’est lui qui a
décidé et qui maintient la création de cette filière civile et militaire, c’est lui
qui en retire des dividendes et qui décrète le secret défense, qui réprime les
opposants-es, qui privatise EDF…

La politique nucléaire française aujourd’hui
La politique nucléaire française actuelle ne fait que renforcer ce que nous
dénonçons depuis toujours comme celle du gouvernement précédent, auquel
participaient les Verts.
– Au printemps, EDF a décidé de prolonger de 10 ans la durée de vie de ses centrales
en activité ce qui représente un profit supplémentaire compris entre 15 et 23
milliards d’euros au détriment de la sécurité. Manœuvre, qui valorise le bilan de
l’entreprise pour séduire les investisseurs lors de la future privatisation.
– Cet été, EDF ramait sous la canicule : centrale refroidie au jet d’eau ;
dérogation pour des rejets d’eaux chaudes augmentant la température du milieu (cela
n’a pu être sans impact néfaste sur la faune et la flore). Le gouvernement -lui-
classait secret défense les renseignements, procédés, objets, documents, relatifs
aux mesures de surveillance, de confinement, de suivi, de comptabilité des matières
nucléaires et leur transport.
– Enfin, d’indiscrétion en petites phrases, on nous prépare à l’annonce du lancement
d’un réacteur EPR, construit par AREVA, qui entrerait en fonction en 2020 pour 60
ans.

PAR ICI LA SORTIE !
La sortie immédiate du nucléaire n’est pas réellement un problème technique ni
économique mais politique et culturelle. Plus que d’asseoir nos espoirs sur la
recherche, ce sont des modes de vie, des efforts collectifs qu’il faut inventer. Les
énergies renouvelables sont au point, les sources d’économie d’énergie sont connues.
Certes, à court terme, les seules énergies renouvelables ne peuvent produire
l’électricité nécessaire. Là encore le problème est faussé par des décennies de
production nucléaire. La culture du gaspillage est préférée à une politique
d’économie d’énergies. À court terme, couplées au développement des turbines au gaz,
à la co-génération, à l’arrêt des exportations d’électricité et de l’énorme
autoconsommation des centrales, une sortie immédiate du nucléaire est possible.

Repenser la production énergétique
Au Nord, au Sud, la révolution énergétique est indispensable. Elle doit être
affrontée dans toutes ses dimensions : écologiques, techniques, économiques,
culturelles et sociales. Amélioration de l’efficacité énergétique et recours aux
énergies renouvelables, élimination des gaspillages ne pourront aboutir sans réforme
profonde aux échelles locales, régionales et continentales, des modes de production
et de répartition des richesses. Cet effort n’a de sens que collectif (décision au
niveau local de la gestion de l’énergie) et mondial. Une solidarité entre les
peuples est nécessaire, afin de répartir égalitairement les gisements d’énergie
(fossiles ou renouvelables) dont la plus grande partie est actuellement consommée
par les pays de l’hémisphère Nord.

Pour une société autogestionnaire, sans nucléaire
Quatre exigences nous permettront de respecter l’environnement et conditions de vie
: réduire nos consommations énergétiques, utiliser une énergie propre
écologiquement, favoriser la démocratie locale directe, réduire les inégalités
sociales. Nous sommes contre le nucléaire parce que nous sommes opposés au
capitalisme, aux militaristes, que nous dénonçons et combattons la logique d’Etat,
et parce que nous sommes partisans d’une société autogestionnaire.
L’autogestion c’est : boycotter les produits énergivores et polluants. Combattre les
logiques de profit qui caractérisent le capitalisme. Favoriser un mode de vie à
l’inverse du gaspillage permanent qui déresponsabilise. En tenant compte des limites
technologiques, il faut rapprocher les centres de production des centres de
consommation d’énergie tout en l’organisant rationnellement sur un mode fédéraliste,
non concurrentiel. Nous devons favoriser une gestion directe (autogestion) des
énergies par les travailleurs, les populations locales et les usagers. Enfin, nous
devons nous associer aux travailleurs en lutte pour dissoudre « l’Etat-EDF » au profit
d’un vrai service public. Nous rendrons le contrôle de la production énergétique à
la collectivité que nous sommes, en expulsant l’Etat et les capitalistes du Conseil
d’administration. Nous ne voulons plus d’un service des énergies d’Etat, centralisé
et pro-nucléaire; nous le voulons fédéraliste, géré par toutes et tous.

Mobilisons nous
Pour la France et ses 56 réacteurs, une sortie est possible entre 2 ans (situation
de crise due à un accident) et 30 ans (par non renouvellement du parc nucléaire,
scénario choisi par les Verts car permettant de ne pas trop se heurter au PS et
surtout de ne pas remettre en cause le système capitaliste). La vitesse à laquelle
nous sortirons du nucléaire dépend donc de notre capacité à construire un mouvement
antinucléaire capable de créer un rapport de force suffisant.
Nous appelons donc tous ceux et celles qui partagent nos positions à rejoindre notre
cortège au sein de la manifestation. A l’issue de la manifestation nous prévoyons
une réunion pour débattre de la prolongation de la lutte.

MYTHES ET DANGERS DU NUCLÉAIRE

Les centrales nucléaires sont de plus en plus sûres ?
Un accident majeur (comme à Tchernobyl en Ukraine) est toujours possible et plus
encore aujourd’hui qu’hier avec le vieillissement des centrales en activité. Tout
est possible en matière de terrorisme (voir le 11 septembre), les conséquences d’une
attaque sur un réacteur nucléaire seront sans communes mesures avec la destruction
du world Trade Center !
On trouvera des solutions pour la question des déchets ?
Le problème des déchets est toujours sans solution. La seule alternative actuelle
minimisant les risques est de les stocker sur les lieux de production, sous la
surveillance des professionnels du nucléaire. Rappelons que certains déchets
dangereux ont une durée de vie de plusieurs milliers d’années… or nous avons déjà
perdu la trace de stocks de munitions de la première guerre mondiale ! Est-ce cela
le cadeau aux générations futures ?
Le nucléaire permet d’assurer l’indépendance nationale ?
Tordons le cou à ce mythe : 100% de l’uranium est importé ! Le nucléaire représente
certes près de 80% de la source de production d’électricité en France, mais guère
plus de 30% de notre énergie. La France dépend ainsi du pétrole pour le secteur
vital du transport…
Le nucléaire : une énergie bon marché ?
Le chauffage électrique, écologiquement aberrant (76% de perte), est un des
responsables du cercle vicieux entre consommation et production d’électricité. Une
grande partie des impayés d’EDF sont dus au chauffage électrique : ce sont les
populations les moins riches qui ont les plus grosses factures du fait de la
mauvaise qualité de leurs installations de chauffage. Contrairement à une idée
entretenue par l’entreprise EDF, l’électricité nucléaire est très chère quand on
prend en compte l’ensemble de ses coûts : démantèlement des centrales, assurance
contre les risques de catastrophe, gestion des déchets…
Travailler dans le nucléaire : un statut garanti ?
– Les mineurs nigériens de l’uranium rongés par les maladies en rient encore…
– Nos centrales nucléaires sont nettoyées pour ne pas exploser. Pour cela il faut
que des personnes acceptent de se faire irradier. EDF a recours à la sous-traitance
et à l’intérim pour cette basse besogne. D’une part cela permet de diminuer les
coûts, d’autre part les cancers inévitables qui s’en suivront ne seront pas
considérés comme dus au nucléaire. Ces travailleurs ne bénéficient d’aucun suivi
sanitaire spécifique : conditions déplorables, infractions à la législation,
précarité et salaires minables. Nous exigeons leur embauche immédiate en CDI par
EDF, la reconnaissance des accidents du travail liés au nucléaire avec une large
indemnisation des proches s’il y a lieu.
Sortie progressive ou sortie immédiate ?
Vitrine de certains écologistes, dont celles et ceux qui aspirent à gouverner, la
sortie progressive allemande sur 20 ans, bien qu’ayant déjà généré 120 000 emplois
par le développement des énergies renouvelables, ne peut nous servir de modèle. Le
risque de catastrophe est toujours présent sur cette période, des déchets continuent
à être produits et, surtout, les changements politiques peuvent retarder ou même
remettre en cause cette orientation si tel est l’intérêt des groupes industriels
allemands…
Le nucléaire, une solution à l’effet de serre ?
L’arrêt du nucléaire (7% de l’énergie mondiale), même au profit des énergies
fossiles, ne contribuerait qu’à une augmentation de 0,2 à 0,3% de l’effet de serre
planétaire, ce qui est dérisoire.