Ce lundi 26 juillet, le sinis­tre Hortefeux a déclaré la guerre aux sites d’infor­ma­tions alter­na­ti­ves. Il vou­lait appa­rem­ment donner des billes aux flics mis en dif­fi­culté à Saint-Aignan et à Grenoble ces deux der­niè­res semai­nes : après avoir par l’inter­mé­diaire du secré­taire d’État Lellouche sou­haité régler « le réel pro­blème [rom] » au niveau euro­péen (tout un poème), ce sont les médias alter­na­tifs qu’il a donné en pâture à cer­tains syn­di­cats poli­ciers.

Ne dai­gnant pas citer de sa bouche imma­cu­lée nos cama­ra­des du Jura Libertaire et d’Indymedia Grenoble (la même bouche qui a été condam­née début juin pour propos racis­tes), il a annoncé avoir engagé une action pour « injure et dif­fa­ma­tion publi­ques contre la police » à l’encontre de deux sites Internet.

L’Hortefeux a ensuite bien entendu laissé fuiter gros­siè­re­ment quels étaient les sites visés : la fuite du minis­tère, ça permet de grat­ter le menton du pisse-copie pré­posé au copier-coller de la dépê­che AFP, ça lui donne l’impres­sion qu’il a une info de pre­mière main, il ron­ronne. Au pas­sage, il reco­pie la men­tion « hos­ti­les à la police » de la dépê­che AFP rédi­gée en 10 minu­tes sans véri­fier ce qu’il en est, il condamne les « sites anti-poli­ciers » (20 Minutes, Nouvel Obs) ou, quand il est grand inves­ti­ga­teur, il rajoute la men­tion oula­lah, trop tendue, de la légende d’une illus­tra­tion en pre­mière page du Jura Libertaire (« La police tra­vaille… à l’apar­theid social », dans l’« enquête » de Libé).

Le fait que le pisse-copie soit en train de scier la toute petite bran­che sur laquelle il/elle est assis ne l’effleure pas. Mediapart a déjà fait les frais ces der­niè­res semai­nes de l’ire de l’Élysée après ses révé­la­tions sur l’affaire Woerth, mais ça ne l’émeut pas. Si le pisse-copie-col­leur avait fait son taf, il aurait vu en quoi le Jura Libertaire et Indymedia Grenoble sont réel­le­ment hos­ti­les à la police :
– ils ont dif­fusé des témoi­gna­ges d’habi­tant-e-s de la Villeneuve, qui contre­di­saient la ver­sion poli­cière (et média­ti­que, ça va de soi) (Réaction/ana­lyse d’un habi­tant de la Villeneuve, Témoignage d’une habi­tante de Villeneuve…) ;
– ils se sont moqués de la tour­née d’un quart d’heure d’Hortefeux à la Villeneuve (Hortefeux à Grenoble : chro­ni­que d’un non-événement) ;
– ils se sont faits l’écho des pre­miè­res condam­na­tions après les émeutes, non pas en relayant la dépê­che du Sinistère, mais en rela­tant la manière dont se sont dérou­lés les procès (Récit des com­pa­ru­tions immé­dia­tes du 19/07).

Aujourd’hui, pour un média, être dans la ligne de feu d’Hortefeux est un signe de qua­lité. Pas besoin de label, juste d’une pour­suite judi­ciaire. Nous sommes très fiers de la déco­ra­tion remar­qua­ble que vien­nent de rece­voir nos cama­ra­des et nous nous enga­geons bien sûr à les aider par tous les moyens à conti­nuer leur œuvre.

Des mem­bres du col­lec­tif d’ani­ma­tion et de modé­ra­tion du site d’infos par­ti­ci­pa­tif Rebellyon

Cela dit, peut-être le Jura Libertaire et Indymedia Grenoble sont-ils hostiles à la police autant que nous le sommes : hostiles aux humiliations quotidiennes, aux 500 000 gardav’ par an, aux cowboys de la BAC, aux contrôles d’identité cinq fois par jour au pied de ton immeuble, aux tentatives de te faire craquer par des petites insultes bien senties, aux flash-balls qui défigurent et aux Tasers qui peuvent tuer, à l’assassinat de tout « voyou » (une pensée pour Umüt) ou au faciès, au GIPN et au RAID qui te visent à la lunette toi et ta famille quand y’a du bordel dans le quartier, et puis à la Justice évidemment qui t’envoie au trou pour rien. Ça nous paraît être un signe de bonne santé. Pas vous ?

Références pour pas dire qu’on écrit n’importe nawak :
Libé
20 Minutes
– mention spéciale à LeMonde.fr qui a réussi à placer « la branche grenobloise d’Indymedia », jolie évocation d’une vision terroriste des médias libres : Le Monde.