Le développement de la révolte populaire qui a eu lieu en Iran à l’occasion de la mascarade électorale organisée par le régime fasciste au pouvoir, a donné lieu à quelques grandes déclarations de l’Etat français sur la « défense des droits de l’homme ». L’Etat français tente ainsi de nous faire croire qu’il est opposé au régime iranien, ou tout du moins à sa fraction la plus réactionnaire, selon la rhétorique bien rodée de la « défense de la démocratie ».

Cela passe d’abord par la présentation faite par les médias bourgeois français de cette révolte, réduite à une contestation électoraliste, alors que l’Iran connait depuis plusieurs années un développement des luttes populaires face au régime : grèves ouvrières réprimées dans le sang, syndicalistes emprisonnés suite à des luttes sociales, mouvements étudiants, lutte des femmes contre la violence du régime patriarcal. Le silence des médias concernant cette montée en puissance des luttes vise à accréditer l’opinion selon laquelle il s’agirait là d’une lutte ayant pour seul cadre les institutions du régime fasciste iranien (et ainsi promouvoir l’une des fractions au pouvoir), alors qu’une part croissante de la population n’attendait rien des élections mais a saisi l’opposition entre deux fractions du régime et le coup de force d’Ahmadinedjad pour tenter d’élargir ses libertés.

L’Etat français, relayé par ces médias, a multiplié les déclarations condamnant la « répression » des manifestants, une répression pourtant qui ressemble fortement à ses pratiques face à la contestation sociale, par exemple la technique utilisée par les policiers anti-émeutes, qui s’apparente à celle des voltigeurs ayant abouti à la mort de Malek Oussekine lors des mouvements Devaquet.

Les techniques françaises de maintien de l’ordre semblent ainsi avoir été exportées.

En réalité, au-delà d’une opposition de façade, fondée sur des gesticulations verbales de part et d’autre, les intérêts de l’impérialisme français sont étroitement liés à ceux de l’Etat iranien. Les bourgeoisies des différents Etats et les Etats eux-mêmes, tout en s’opposant en apparence, savent bien s’entendre quand il s’agit de perpétuer l’exploitation, la domination des classes populaires en France et en Iran.

A l’instar de l’hypocrisie des discours sur les « droits de l’homme » lorsque l’Etat français soutient politiquement et militairement les dictateurs de la françafrique (auxquels, en façade, il reproche parfois leur manque de démocratie) pour défendre les intérêts de la bourgeoisie, les discours publics sur l’Iran visent à faire oublier quelques faits bien peu reluisants :

C’est l’Etat français, qui en 1979, a fait rapatrier Khomeiny, afin d’imposer un régime réactionnaire fondé sur un ordre religieux, pour faire pièce à la « menace rouge ».

A l’heure actuelle, les liens entre la bourgeoisie française et la bourgeoisie iranienne sont nombreux :

– La France est, selon les années, le deuxième ou troisième fournisseur en Iran (8, 3% des importations globales).

– Un traité a été signé en 2003, portant sur la protection des investissements directs français en Iran.

Les entreprises françaises restent fortement implantées en Iran, malgré un ralentissement des investissements dû aux incertitudes d’un conflit militaire avec les Etats-Unis plus qu’à une rupture avec le régime : dans le secteur pétrolier (Total), la construction, les transports (EADS, Air France) les communications et les transports (Alstom, Alcatel), les biens d’équipement (Saint Gobain, Shlumberger), l’industrie chimique et pharmaceutique (Sanofi, Rhodia), les services (BNP, Société générale, Véritas), l’industrie automobile (Peugeot, Renault, Citroen).

Les ouvriers iraniens de la filiale de Peugeot, Iran Khrodro, en grève, réprimés par l’Etat iranien, ont clairement énoncé la nature de ces liens : ainsi Peugeot équipe-t-il à titre gratuit ou largement réduit les milices du régime, les auxiliaires fascistes Bassidji. On notera également les co-participations de Citroën et Renault à l’entreprise Saipa, dont l’un des actionnaires principaux est le conseil des gardiens de la révolution, la structure politico-militaire de défense du régime.

Les rôles sont bien répartis : d’un côté le régime fasciste iranien dénonce officiellement la France comme un « grand satan impérialiste », de l’autre l’Etat français prétend s’émouvoir de la répression en Iran. Cela n’empêche pas Interpol, dont l’Etat français est parti prenante, de considérer les opposants iraniens comme des « terroristes ».

Tout cela nous montre bien que l’hypocrisie des discours de façade des Etats, qui prétendent s’opposer, cache en réalité leur entente sur le dos des travailleuses et des travailleurs, des classes populaires, pour perpétuer l’exploitation capitaliste. Les intérêts de l’impérialisme français restent fortement liés à ceux du régime iranien.

Pour les ouvriers et les ouvrières d’Iran, pour la population et les femmes opprimé-e-s par le régime fasciste au pouvoir, comme pour les travailleurs et travailleuses, ici en France, comme partout dans le monde, c’est donc le terrain de la solidarité de classe qu’il reste à consolider : face aux Etats, face aux capitalistes français et iraniens, face à l’impérialisme français et ses alliés réactionnaires religieux.

Coordination des Groupes Anarchistes

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