Au dernier étage, des bouteilles de champagne en nombre attendaient sagement une réunion des dirigeants, ceux-là mêmes qui nous radient, nous contrôlent. Les mêmes qui veulent nous manager à mort.
Mais nous avons trouvé les bouteilles avant eux, et pour une fois le champagne, c’était pour nous.
Nous nous sommes réunis autour de la gigantesque table où d’habitude ils décident de notre sort et nous y avons discuté de ce qui nous concerne : de la précarité partout, au boulot, dans la rue, dans les prisons, dans les institutions de gestion des précaires, de la mise au travail forcée partout.
Combien se sont retrouvés radiés, sans thune, sans ticket, et
incarcérés pour délit de précarité ? Et dans les prisons, contraints
d’accepter des boulots payés trois euros de l’heure pour survivre ?
Dans les E.S.A.T (établissement de soin et d’aide par le travail), on
fait travailler les handicapés un mois gratuitement et on les remercie.
Combien d’entre nous sont contraints d’accepter des emplois bifteck
pour bouffer et se loger, payés au lance-pierre dans des contrats
aidés qui subventionnent les employeurs ?
Combien se sont vu orientés par Pôle Emploi vers des sous-traitants
privés, des boîtes qui se font du fric sur notre dos et qui n’ont rien
à nous proposer ?
Le directeur de Pôle Emploi, Christian Charpy, qui n’a pas daigné
venir nous parler, a permis à la police d’entrer, de nous déloger et
de nous arrêter.
À cette heure, la centaine de manifestants est sortie des commissariats.
Il semblerait que Pôle Emploi porte plainte, nous exigeons le retrait
de cette plainte.

Isolés téléphoniquement face au 3949 ou dans un box à la CAF, chacun pour soi dans les queues de Pôle Emploi, divisés sur les lieux de travail.
La Grève des chômeurs, c’est tout d’abord se rassembler et discuter
partout, s’organiser, reprendre un peu de liberté par l’action
collective.
C’est refuser la concurrence de tous contre tous. Nous ne voulons pas être licenciés au rabais, ni contraints d’accepter n’importe quel
travail dans le cadre de l’offre raisonnable d’emploi.
Nous voulons l’argent sans contrepartie.
La Grève des chômeurs, c’est refuser d’être radiés, contrôlés,
culpabilisés et exiger beaucoup.

Avoir l’air motivé, sourire à son patron, apprendre à se vendre,
rester jeune et dynamique coûte que coûte, se faire remobiliser par
des séances de coatching, faire du chiffre à tout prix, et répondre
aux objectifs statistiques. Nous ne voulons pas être managés – à mort- et d’ailleurs qui voudrait l’être ici comme ailleurs ?

Déjà à Rennes, Brest, Tours, Lannion, Lorient, Quimper, Lille,
Montpellier, Nice, Bruxelles, Nantes, St Brieux, la Grève des chômeurs
a commencé.
Demain d’autres actions auront lieu.

Nous appelons tous les chômeurs, précaires, intermittents du spectacle et de l’emploi, intérimaires des quartiers populaires, enfermés de la précarité, handicapés interdits de grève, avec ou sans papier, avec ou sans logement, étudiants, retraités à « grèver » ensemble.

Du champagne pour tous
Pôle Emploi, on en fera de la « charpy »

Les occupants du siège de Pôle Emploi.