Jeudi 22 avril, à l’appel du collectif du 3 mai (regroupant des militants du MCPL, AC !, SUD, CNT, FA, DAL, FASE, de la décroissance, de la souris verte, des individus non encartés…) et de la coordination régionale des collectifs de chômeurs et précaires, une petite trentaine de personnes a envahi deux agences de coaching, Catalys et Analyse et Action (sous-traitants de Pôle Emploi). Il s’agissait pour elles de dénoncer la privatisation croissante de l’accompagnement des chômeurs. Des motions ont été adressées en ce sens aux principaux organismes privés de la métropole rennaise..

Cette mise en concurrence permet de dégager du profit sur le dos des chômeurs et précaires, « clients » « livrés » par Pôle Emploi et sommés de se rendre disponibles à toutes les prestations qui leur sont imposées. Le recours à la sous-traitance (« trajectoires-emplois », 6 mois et plus) comme la pression auxquels sont soumis les chômeurs à Pôle Emploi (notamment par le suivi mensuel obligatoire) ont également pour effet de faire baisser artificiellement les chiffres par les radiations et le découragement: faire valoir ses droits devient aujourd’hui un vrai parcours du combattant, où les indociles et les plus faibles doivent être éliminés. Cette privatisation de l’accompagnement est également une privatisation de la question publique et politique du chômage, de la précarité et de ses causes: les chômeurs doivent se sentir responsables, et éventuellement coupables de leur situation, alors que la « crise » qui frappe des millions de leurs pareils est devenue le mode normal de fonctionnement de l’économie ainsi qu’un moyen commode de discipliner la force de travail.

Il s’agit pour le gouvernement et le patronat d’éviter à tout prix que les chômeurs et précaires puissent avoir d’autre perspective que de se faire une concurrence acharnée pour l’obtention des quelques rares emplois qui restent (dont un bon nombre d’emplois précaires). Par dessus tout, il s’agit d’empêcher qu’ils n’emploient leur temps à autre chose qu’à travailler à leur « employabilité », d’empêcher qu’ils ne cherchent à s’autonomiser vis à vis du marché du travail et à inventer d’autres formes d’activité qui ne relèveraient pas du modèle en ruines de l’emploi salarié.
Une banderole a été déployée : « Non aux écoles de la servitude volontaire. Grève des chômeurs et précaires ! »

3 entreprises de coaching ont également été occupées par des chômeurs et précaires à Brest, tandis que 9 Pôles Emplois étaient occupés le même jour à Paris.
Cette action qui succède immédiatement à l’irruption de chômeurs et précaires lors l’émission de Guillaume Durand (L’objet du scandale) sur France 2 s’inscrit dans le cadre d’un appel national à lancer un mouvement de grève des chômeurs et précaires à partir du 3 mai.

La grève des chômeurs et précaires ça serait quoi ?
→ d’abord se retrouver pour rompre l’isolement. Collectivement, nous pouvons résister à cette machine à broyer.
→ s’organiser pour imposer aux institutions l’arrêt des radiations, afin d’empêcher que quiconque se retrouve sans revenu.
→ affirmer qu’on n’a pas à faire sans arrêt les preuves de notre bonne volonté, qu’on n’est pas responsables du chômage, qu’on en a marre d’être tout le temps évalués, dévalorisés, suspectés, culpabilisés…
→ affirmer que nous préférerions des formes coopératives, égalitaires, écologiques d’activité, où nous puissions nous impliquer durablement, plutôt que des petits boulots alimentaires plus ou moins dénués de sens, mal payés, sous les ordres d’un petit chef. On ne veut plus accepter n’importe quoi.

Rendez-vous à Rennes le 3 mai: Place du Parlement, 10 h et 18 h.
Des images de l’intervention sur France 2 sur le site de la CIP-IDF.

deux réunions publiques seront organisées à Rennes pour populariser la grève des chômeurs et précaires :
Le mercredi 28 avril à 18 h à la maison de quartier de Maurepas, 22 rue de la Marbaudais, bus 5 arrêt Gros Chêne
Le vendredi 30 avril à 18 h 30 à Carrefour 18, 7 rue d’Espagne, métro Italie.
Prochaine réunion du collectif unitaire du 3 mai: jeudi 29 avril à 18 h 30 à la cantine populaire, 244 rue de Nantes