POURQUOI SQUATTER L’HOTEL PILOTAGE ?

Considérant que des personnes dorment dehors tous les jours alors que des logements vides sont laissés partout à l’abandon, que des loyers excessifs serrent à la gorge les plus démunis alors que les plus riches disposent de centaines ou de milliers de mètres carrés pour leur seul usage, nous ne pouvons que constater l’iniquité inhérente au système de gestion capitaliste de logement.

Considérant que la séparation spatiale entre lieux d’habitation, lieux de travail et lieux de loisir entraine des dépenses énergétiques de transport inacceptables, et que ces séparations, en segmentant les populations en classes socio-spatiales, nuisent au partage et à l’ouverture, nous ne pouvons que constater l’absurdité du système de logement individuel de notre société.

Considérant que l’individualisation de nos modes de vie, en bridant l’énergie collective, nuit à la construction de projets collectifs, et qu’ensemble on multiplie son potentiel plutôt qu’on ne l’additionne, nous ne pouvons que constater l’intérêt de l’expérimentation d’un mode de vie collective en rupture avec le système établi.

Considérant que l’expérimentation et la remise en cause d’un système établi sont nécessaires à l’évolution de ce système, et qu’aujourd’hui critiquer l’Etat, le capitalisme ou toute part de la société suffit à être classé entre la dérive subversive et l’atteinte à la Nation, nous ne pouvons que constater que notre société court à sa perte si nous nous bornons à réappliquer les schémas établis sans créer d’alternatives.

Considérant qu’un bâtiment appartenant à la mairie et laissé à l’abandon pendant plus de 10 ans appartient au domaine public, donc au peuple, et que chacun devrait avoir accès aux ressources disponibles et inutilisées lui permettant de vivre comme il l’entend et mener à bien ses projets, nous ne pouvons que constater la légitimité de l’occupation d’un bâtiment tel que l’hôtel Pilotage afin d’en faire un lieu de vie collective alternatif.

QUI SOMMES-NOUS ?

Les habitants du RAS

La Presse, dans ses premiers articles au sujet du RAS, à tenté bien mal à propos de nous définir en nous classant dans une (des) classes(s) socio-culturel(s)s prédéfini(s) : « libertaires », « jeunes adultes », « jeunes du lycée expérimental », « anarcho-autonomes », « membres de groupes anarchistes », etc.

Mais ce qui fait notre force, c’est justement que l’on ne peut nous réduire à un cliché. Nous regroupons des individualités multiples aux situations diverses et aux aspirations variées. Nous pensons que le chaos de la diversité offre une richesse bien plus grande que toute organisation d’individus regroupés sous une bannière forcément restrictive.

L’équipage du RAS

Si vous voulez savoir qui nous sommes, la meilleure solution, c’est encore de venir nous rencontrer. Cependant, si vous franchissez la porte du RAS, vous n’y croiserez pas que les habitants. Car nous y recevons nos amis, des voisins, et toute une foule de personnes venues assister à une projection, profiter d’une soirée musicale, participer à une activité culturelle, artistique ou autre, voir mettre en place son propre projet, ou simplement boire un café, taper un jeu de cartes et discuter avec les personnes présentes. Chaque rencontre nous éveille, chaque partage nous enrichit. A vous de faire le pas et d’embarquer sur le Radeau Aux Sorcières …

COMMENT ÇA FONCTIONNE ?

Habitation

Nous avons réservé les 2 étages pour l’habitation. Aujourd’hui, les 12 chambres de l’ancien hôtel hébergent une quinzaine de personnes. Un petit salon aménagé au premier permet d’accueillir les vidéo-projections prévues au planning. L’accès aux étages est donc réservé aux habitants et personnes les accompagnant, et il est demandé de respecter le sommeil de tous après 22h30 (hors week-end et soirées organisées).

Espace commun

Au rez-de-chaussée, nous avons organisé un espace de vie commune favorisant les rencontres, le partage et la créativité. Autour de la salle principale équipée pour accueillir diverses activités, se trouvent à disposition de tous une cuisine, un infokiosque / bibliothèque, un espace de gratuité et un atelier bricolage. Ces espaces évoluent au fur et à mesure des idées et initiatives de chacun.

Vie collective

Cet espace commun permet d’expérimenter une vie collective profitable à tous : cuisine collective, partage d’informations et de matériel, rencontres et découvertes autour d’un verre, d’un repas, d’un film ou d’un peu de musique. C’est également un espace ouvert où de nombreuses personnes de passage viennent découvrir notre expérience et y participer. Chacun est invité à la partager avec nous, suivant ses moyens, son temps libre, ses envies et ses intérêts.

Organisation des projets

L’objectif étant d’expérimenter un mode de vie alternatif, cette organisation est en constante évolution au fur et à mesure que nous la pratiquons. Elle passe par des réunions constituées librement des personnes intéressées, concernées, impliquées dans tel ou tel projet. Les réunions hebdomadaires « occupation » (pour les habitants) et « activités » (pour les porteurs de projets) coordonnent l’ensemble des actions collectives.

Le mode de décision libre visera à favoriser l’initiative individuelle tout en cherchant à atteindre le consensus. Les projets seront menés de façon à viser l’autonomie individuelle tout en cherchant à optimiser l’intérêt collectif. Une attention particulière sera accordée à la création de liens et passerelles entre les projets, car chaque discipline ou activité peut apporter de son énergie aux autres.

Ainsi, nous expérimentons, réfléchissons, créons ensemble, chacun selon ses envies, ses possibilités, ses motivations. Petit-à-petit, en apprenant de nos erreurs, nous avançons et nous organisons pour faire naître nos rêves.

Un espace ouvert à tous dans le respect de chacun

L’accès au Radeau Aux Sorcières, à ses commodités et ses activités est ouvert à tous. Néanmoins, afin d’assurer le bon fonctionnement sur le long terme du projet RAS, nous remercions toute personne y pénétrant d’appliquer les résolutions collectives mises en place par les réunions d’occupation. Ces principes de vie collective sont discutées puis décidées par consensus et doivent être respectées par tous.

Ces résolutions concernant notamment le respect d’autrui et de son environnement, l’usage de drogues et d’alcool, la responsabilité du maître vis-à-vis de son chien, etc. seront visibles par tous à l’entrée du RAS.

QU’AVONS NOUS FAIT ?

Pour les nombreuses personnes étant montées sur notre radeau (habitants, voisins, visiteurs, etc.), le passage au RAS fut l’occasion d’échanges et de partages innestimables.

– Artistique
Musique : guitare, accordéon, percussions, derbouqua, didgeridou, mix, création de musique électronique sur ordinateur, etc.
Art plastiques : dessin, peinture, décoration, graff et sculpture. Jonglage : balles, massues, baton du diable et bolas.

– Culturel
Infokiosque
Vidéo-projections
Concerts et soirées mix ou live
Soirées « jeux vidéo console »
Après-midi jeux de société
Repas de quartier

– Social
Rencontres et partages
Ouverture à d’autres cultures et d’autres modes de vie
Expérimentation de la vie en collectivité
Mise en place d’un Free Shop (Espace de Gratuité)
Echanges de savoirs et savoirs-faire (bricolage – notamment remise en état du bâtiment -, informatique, cuisine, élevage canin, etc.)

Une solution de secours pour des personnes dans le besoin

Pour toutes les personnes ayant vécu ici, le RAS a d’abord été une solution d’hébergement. SDF, étudiants sans logement, allocataires en fin de droits, etc. ont pu disposer d’une chambre privée et d’un espace collectif autogéré.

4 personnes vivant dans leur camion ou en caravane à proximité du bâtiment ont également pus profiter du confort des pièces communes et d’un hébergement d’urgence pendant les périodes de grands froids.

Un hébergement tremplin vers un accomplissement personnel

Grâce à la stabilité (relative) du lieu et au soutien des personnes présentes, 6 personnes ont pu retrouver un emploi (4 à temps partiel en contrat réinsertion en agence d’interim, 2 dans le bâtiment comme ferailleurs-bancheurs), et une personne entame une formation de déménageur et un permis poids-lourd à Nantes. 2 autres partent pour un tour de France des communautés autogérées. Ils ont ainsi su profiter de leur passage au RAS pour se poser, préparer leur projet et le mettre en oeuvre et laissent aujourd’hui la place à de nouvelles personnes.

Un espace collectif autogéré pour des projets alternatifs

De mieux en mieux organisé, le RAS souhaite offrir aux porteurs de projets sociaux, culturels ou artistiques divers un lieu d’expression où ils puissent se réaliser. C’est 8 personnes aujourd’hui, et sûrement plus demain, qui commencent à agir concrêtement en lançant des activités.

ET MAINTENANT ?

Une organisation qui prend forme

Après 4 mois de vie commune, de construction et de lutte collective, nous avons affronté bien des tempêtes, essuyé bien des échecs et autant de réussites. De tout cela nous avons beaucoup appris, et nous nous sommes organisés. Tous ensemble, nous avons relevé le défi de donner à toute personne motivée l’occasion de réaliser ses projets.

Des habitants porteurs de projets

Une équipe motivée habite et vit au Radeau Aux Sorcières afin de faire de ce lieu un espace vivant. Chacun s’engage à suivre la mise en place et le déroulement d’une activité. Il peut ainsi développer avec les personnes intéressées un projet qui lui tient à coeur. Les réunions activités sont l’occasion de faire le point sur l’avancement de chaque projet.

L’accueil de personnes en hébergement tremplin

Nous hébergeons également des personnes dans le besoin. Elles précisent dès leur arrivée leur motivations et aspirations. Les réunions occupation sont l’occasion de faire le point sur l’avancée de leur projet personnel, et détecter les aides individuelles à apporter à chacun.

Voici les propositions actuelles d’activités. Toute personne intéressée est la bienvenue afin d’apprendre ensemble, de construire et de faire vivre le Radeau Aux Sorcières.

Atelier communication

Mettre en place une organisation autogérée efficace par la communication interne (organisation des réunions, circulation d’informations, signalisation, etc.) et externe (présentation du projet, des activités, etc.)

Atelier échanges de savoir

Mise en place d’une bibliothèque et d’un infokiosque, lectures / vidéoprojections et débats, etc.

Atelier production audio-visuelle

Réalisation de photos, vidéos, etc. présentant entre autres le projet RAS

Atelier musique électronique

Partage et découverte de la musique éléctronique (mix, live, machine, etc.) : ateliers découverte, organisation de soirées, etc.

Atelier musique acoustique (besoin d’instruments …)

Percutions, guitares et autres, chant, compositions de morceaux, organisation de concerts, etc.

Atelier arts plasitiques

Bricolage, dessin, etc. Do it yourself !

Atelier experimental english relaxation

Détente, découverte du corps et de l’espace … Les yeux fermés et en anglais !

Atelier écriture

Ecriture intuitive, rédaction de textes, de chansons, etc.

POURQUOI SAUVER LE RADEAU AUX SORCIERES ?

L’hôtel Pilotage, un bâtiment historique dans un quartier historique

Ancien point de débarquement du bac avant la contruction du pont de Saint-Nazaire, l’hôtel restaurant Pilotage était un lieu de passage avant d’emprunter l’avenue remontant à la mairie de Saint-Nazaire et de pouvoir découvrir, visiter et admirer le nord-ouest de la Bretagne.

Après les anciennes criées, pourquoi la mairie s’acharne-t’elle à vouloir détruire le vieux port du Petit Maroc ? Pourquoi détruire la salle Jacques Brel, l’ancien VIP, l’Ecomusée, le parc des expositions (jamais exploité à part pour entreposer le materiel des Escales, seul événement de l’année qui survit, mais jusqu’à quand) ? Ces lieux culturels ont tous, comme l’hôtel Pilotage, un vécu historique dont beaucoup se souviennent et qui resteront gravés dans beaucoup de mémoires.

Peut-être s’agit-il d’effacer les dernières traces de l’époque où Saint-Nazaire participait activement au commerce triangulaire ? Peut-être s’agit-il d’oublier que si ce quartier s’appelle le Petit Maroc, s’est en raison du nombre important de travailleurs marocains qu’on y a installé pour reconstruire Saint-Nazaire ? Peut-être aussi pour fermer les yeux sur les ouvriers étrangers (plus de 50 nationnalités représentées) travaillant encore au Chantiers de l’Atlantique aujourd’hui ; certains vivent dans leur véhicules ou chez des amis car ils ne peuvent s’offrir un logement, et pour eux les Droits de l’Homme sont un rêve plutôt qu’une réalité …

Certes il nous faut construire un avenir meilleur, mais quel avenir nous préparent nos dirigeants dans une société en perpétuelle crise où les disparités sociales sont de plus en plus importantes ?

Saint-Nazaire, ville de gauche, ville sociale ?

A l’aube du troisième millénaire, il est clair que si les politiques se revendiquent sociales et responsables, la réalité est toute autre. Alors que la France d’en bas tente de survivre plus que de vivre dans une société où les esclaves volontaires font la queue aux Pôles-Emploi pour un hypothétique emploi précaire permettant tout juste de payer les factures, nos dirigeants se voilent la face et tentent d’effacer toute alternative à leur « société idéale ».

Quelle n’a pas été notre surprise, lors de la réunion « Une idée pour plus de solidarité » à la salle Jacques Brel le 09/02/2010, de découvrir que le Conseil Général subventionne pourtant de nombreux projets visant à développer la solidarité dans notre région : aide aux personnes défavorisées, rencontres et partages, ateliers informatiques, autant d’actions de proximité, innovantes, venant d’« initiatives citoyennes […] véritable source d’inspiration et […] réelle plus value sociale » (Patrick Mareschal, président du conseil général de Loire Atlantique).

Nous aurions pu nous aussi demander à la mairie ou au Conseil Général de l’aide. Combien coûterait à la collectivité de reloger, nourrir, occuper les 20 personnes qui habitent ici ? Nous ne demandons rien si ce n’est les droits et le respect qui nous sont dûs en tant qu’habitants, et donc citoyens comme les autres de Saint-Nazaire.

Mais comment justifier le rôle du gouvernement quand des individus se rassemblent librement, rouvrent un lieu laissé à l’abandon et en font un espace d’hébergement, de vie, de partage et de solidarité ? C’est ce que nous avons fait, mais la mairie de Saint-Nazaire s’acharne à vouloir expulser les 20 personnes qui vivent dans l’hôtel Pilotage alors que notre projet prend forme et qu’aucun dialogue, aucune proposition de remplacement n’a jamais été proposée.

Pourquoi refuser l’expulsion ?

« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits, et le plus indispensable des devoirs ». Cet article qui n’aurait jamais dû être suprimé de la Déclaration des Droits l’Homme et du Citoyen devrait appeler chacun d’entre nous à s’insurger contre les graves manquements de la mairie de Saint-Nazaire.

Alors qu’aucun dialogue n’est possible malgré nos nombreuses tentatives, la mairie s’acharne sur des arguments douteux voire falacieux (risque d’effondrement, d’incendie, trouble à l’ordre public, etc.) à nous poursuivre en justice pour faire respecter son droit de propriété sur un bâtiment dont elle ne fait rien.

Mais où sont nos droits quand la Carène, responsable du services des eaux et dont le directeur s’avère être notre maire, refuse de nous brancher l’eau courante, pourtant droit fondamental de tout être humain ? Où sont nos droits quand la police de Saint-Nazaire effectue sans cesse des contrôles abusifs, humiliants voire violents sur les habitants et les visiteurs du RAS ? Où sont nos droits quand la mairie fait afficher sur notre maison un permis de démolir obtenu avant même la décision de justice ?

Tout ce que nous demandons, c’est un endroit pour vivre plutôt que survivre, découvrir plutôt que craindre, s’entraider plutôt que se combattre. Un endroit pour partager et créer ensemble dans le respect de tous. Il est malheureux que dans notre « société idéale », les vraies actions sociales, culturelles et artistiques nécessitent de se battre pour les faire perdurer.

NOUS AVONS BESOIN DE VOUS !

Si vous souhaitez nous aider à faire vivre notre projet, à sauvegarder l’hôtel Pilotage, ou simplement à promouvoir un mode de vie plus libre, plus autonome et plus constructif, la première chose à faire, c’est de venir nous rencontrer.

Sur le Radeau Aux Sorcières, il y a une place pour chacun. N’hésitez plus à embarquer, et ensemble, voguons vers des horizons inconnus !

RAS