Le dernier numéro de Rebetiko « Feu sur l’identité » reste dans la veine des derniers.
Il n’est pas ici question de juger le fond des idées politiques véhiculé par canard au tirage exceptionnel. Il s’agit bien d’une forme, d’exemple choisis pour amener à faire passer leurs idées.

Nous avions déjà eu dans les numéros précédents l’affirmation d’un nouveau sujet révolutionnaire dans (pelle mêle): les organisations de supporters « ultras » (l’article réussi à ne pas parler une seule fois de football, à ne jamais mentionner l’omniprésence de groupuscules fascistes dans les tribunes françaises), les bergers en vallées d’aspe (qui, bien qu’étant sympathiques ne sont jamais sortis de leurs vallées et que les préoccupations révolutionnaires des uns ne semblent pas les préoccuper), la ville de St Nazaire (qui visiblement est un foyer insurrectionnel, alors qu’il s’agit seulement d’une cité ouvrière en déliquescence comme tant d’autre en Europe…)…

Mais cette fois c’est une autre notion: les rédacteurs de Rebetiko touchent à l’histoire.

La dernière page de Rebetiko nous offre un retour sur « l’été indien de 1944 ». On y voit quelques encarts sur la situation dans le sud (occitanie) à la sortie de l’occupation. Il est à noter qu’à aucun moment il n’est précisé que les purges de l’été 44 (dont les femmes tondus sont le souvenir le plus vivace, peut être parce que c’est le plus lâche…) sont majoritairement le fruit d’une population attentiste, voir collaboratrice, occasion révé de faire oublier les saloperies approuvés de vive voix durant la guerre.
L’été 1944 semblait être une fête lorsqu’on lit Rebetiko. Il semble que l’insurrection était à porté de main (évidemment on ne l’a jamais vu), que l’on est pas passé loin. Nous n’auront cependant pas d’éclaircissement sur la raison de ce non événement.
Il semblerait que la population française était unanimement résistante, que les collaborateurs n’étaient que des bourgeois, des capitalistes et des fascistes. Evidemment!
Les resistants eux, seraient tous des communistes, des révolutionnaires… Evidemment!
Sauf qu’une analyse fouillé peut prouver (voir les Archives du Mouvement Unis pour la Résistance, lire les livres de Daniel Cordier, fasciste en 36, résistant gaulliste durant la guerre) prouve qu’une part importante de la résistance était (malheureusement) nationaliste.

Le sommet du révisionnisme historique arrive lors de la lecture de l’encart sur Marseille.
Rebetiko écrit: « Une quinzaine d’entreprises dont les patrons avait collaboré sont réquisitionnés par les ouvriers. Des conseils en contrôleront la production pendant plus de 2 ans. En france la collaboration devient un bon prétexte pour s’attaquer à un millier de patrons. »

L’idée n’est pas totalement fausse. En effet les usines de Marseille ont fonctionné sans patrons durant deux ans. Néanmoins, les usines n’ont jamais été réquisitionnés par les ouvriers! Elle l’ont été par Raymond Aubrac, Commissaire de la République nommé par De Gaulle, avec la bénédiction du Général assassin!
R. Aubrac a été nommé Commissaire de la République (équivalent de préfet) dans le but de remettre de l’ordre dans la région qui selon les mots de De Gaulle « était une zone de non droit ». La première chose à faire était de relancer l’économie, les patrons s’étant enfui avec le pécule accumulé durant les années de vaches grasses. On est donc pas dans une optique de renversement de l’économie de capitaliste mais alors pas du tout!
La première chose que fait Aubrac, c’est d’aller voir les responsables de la section CGT Bouche du Rhône et, de concert, vont décider de remettre en fonctionnement les usines afin de « faire revivre la France ».

Aubrac demande aux bureaucrates syndicaux qui sera bon pour être contremaître ou pas, quel ingénieur ira ou non à la tête de la section, qui sera le directeur ect. En contrepartie, la CGT garde envoie tous ces militants comme cadre pour « autogerer l’usine » et parvient à recevoir de l’argent pour rétribuer ses permanents. En fait, il s’agit juste de l’officialisation de la mainmise du PC sur la classe ouvrière pendant les trentes années suivantes… (à lire: « Les lendemains qui déchantent » de Philippe Buton)
Le PC d’ailleurs pinaillera en se grimant des « soviets de marseille », qui ne laissaient pas place à l’internationalisme (en réalité cette initiative était déjà trop à gauche pour le PCF).

Cette initiative de Raymond Aubrac n’est pas plus à juger comme un acte révolutionnaire que comme un acte réformiste et conservateur. Il s’agit d’un acte gouvernemental avec tout son lot de bureaucratie et d’autoritarisme. Ni plus ni moins.

Camarades rédacteurs de Rébétiko: fouillez un peu avant d’affirmer des choses et de calquer des réalités sur vos concepts: ça vaut mieux pour tout le monde!