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CONFERENCE DE PRESSE Baiona 13 mars 2010

INTRODUCTION

Nous allons donner cette conférence de presse en 3 langues Les nombreuses personnes présentes ici sont la famille, les avocats, les militants associatifs, syndicaux et représentants de différences organisations politiques qui se mobilisent depuis la disparition de Jon. Cette conférence de presse se déroulera en 3 parties Jon Enparantza Anaiz Funosas Jean-François Lefort

: Les faits

Les raisons de cette conférence de presse : Nous vous avons invités à cette conférence de presse pour faire le point sur la disparition de Jon et plus précisément sur les évènements de ces deux derniers jours.

Récapitulatif des faits depuis la disparition à aujourd’hui : Le 18 avril Jon disparaît, il ne se rend pas au rendez-vous qu’il a à Toulouse avec l’organisation ETA à qui il devait remettre de l’argent (voir plus loin).

Le 23 avril, son amie apelle les différents hopitaux de la région, y compris l’hôpital Purpan dans lequel Jon est découvert avant-hier. Depuis cette date, les hopitaux savent qu’une personne atteinte d’une grave maladie a disparu.

Le 29 avril, d’après la version policère, Jon est retrouvé dans parc, en vie mais inconscient : Sans l’argent Sans papiers Avec un billet de train aller retrour Bayonne-Toulouse

Toujours le même jour et en se basant sur la version policière, les pompiers (c’est à vérifier) récupèrent Jon suite à un appel. Il est hospitalisé inconscient.

Le 11 mai il meurt à l’hopital

Le 15 mai, la famille informe le procureur de Bayonne de la disparition de Jon. Suite à cela, et donc 15 jours après que Jon ait été hospitalisé et 4 jours après sa mort, la Procureur de Bayonne Anne Kayanakis ouvre une enquête, elle communique en disant qu’elle a fait le tour des hôpitaux le tour des morgues vérifier le trajet en train et fait survoler la voie ferrée par un hélicoptère

Le 19 mai, ETA par le biais d’un communiqué reconnaît Jon comme un de ses militants, informe qu’il n’est pas venu au rendez et précise que la police française est en possession de ses empreintes digitales retrouvées dans une cache à Senpere.

Le 20 mai, en conséquence du communiqué d’ETA le juge antiterrorsite ouvre une enquête.

Le 24 mai des dizaines de personnes refont le trajet et posent des centaines de photos de Jon dans et autour des gares le long du trajet. On leur dit que le contrôleur du jour de la disparition est en arrêt maladie, remplacé par un intérimaire.

Le 2 octobre le quotidien Gara affirme, suite à des informations obtenues de “source fiable”, que Jon a été enlevé par des forces de sécurité espagnoles, qu’il est mort suite à des interrogatoires illégaux et que son corps est enterré en France.

A partir de décembre, de nombreux articles de presse sont écrits dans différents quotidiens de l’Etat français.

Le 8 février, suite à la demande de la Procureur de Bayonne, l’Audience Nationale de Madrid ouvre une enquête.

Avant hier, le 11 mars, la PJ contacte la famille de Jon pour l’informer qu’un corps, qui pourrait être celui de Jon, a été retrouvé à la morgue de l’hôpital Purpan.

Hier, le 12 mars, suite à des tests ADN la police confirme que c’est Jon. Nous ne croyons pas à cette confirmation. La famille et les avocats informent les autorités que tant qu’ils n’auront pas vu Jon afin de l’identifier ils resteront devant la morgue. En milieu d’après midi, le Procureur donne l’autorisation de voir le corps, Jon est formellent identifié.

NOUS VOULONS LA VERITE, nous nous battrons pour la connaître. Pour cela il y a un moment très important, lundi Jon sera autopsié. Nous exigeons qu”un médecin de confiance de la famille puisse y participer. Si ce n’est pas le cas, nous rejetterons en bloc ses conclusions. AU VU DES FAITS NOUS NE LEUR FAISONS PAS CONFIANCE. Ont-ils quelque chose à cacher ? Pourquoi veulent-ils nous cacher ce que l’autopsie peut dire ? Nous lançons un appel à se mobiliser lundi matin pour se rendre massivement à Toulouse pour exiger la présence d’une médecin de confiance et si ce n’était pas le cas empêcher qu’un simulacre d’autopsie puisse avoir lieu.

Jon ENPARANTZA – Anaiz FUNOSAS : Lecture politique

La première chose pour dire que nous ne CROYONS JAMAIS LES VERSIONS OFFICIELLES. Des années de conflit politique nous ont déjà montré l’absence totale de crédibilité politique des versions officielles de la France et de l’Espagne.

Nous ne croyons pas non plus la version qu’ils nous servent depuis que le corps de Jon est apparu. Ni tout ce qui a été dit dans la presse, ni ce que les autorités françaises ont dit hier, et spécialement ce qu’ont dit le Procureur de Bayonne et le chef de la PJ dans la conférence de presse d’hier après-midi.

Cette fois, en plus, d’où qu’on la prenne, d’où qu’on la regarde, cette version ne tient pas debout. Si on regarde les éléments qu’ils nous donnent, la version qu’ils sont en train de mettre en scène est INACCEPTABLE pour nous.

Elle est pleine de contradictions et de vides. Des dizaines de questions restent sans réponse ou avec des réponses abracadabrantes ; quand il a disparu nous avons demandé : Où est Jon ? Qu’est-ce que vous lui avez fait ? Qu’avez vous fait de lui ? Nous voulons la vérité. Les questions demandent des réponses claires et précises, et il n’y en a aucune.

Aujourd’hui nous posons de nouvelles questions : Où a-t-il été retenu pendant 10 jours ? Qui l’a retenu ? Qu’est-ce qu’ils lui ont fait pendant ces dix jours ? Pourquoi disent-ils qu’il n’a pas de marques alors que le corps est trop abîmé pour l’affirmer ? Comment ont-ils pu le cacher pendant presque un an alors que la police de Bayonne avec le Procureur à sa tête l’ont soi-disant cherché partout ? Qui, comment et pourquoi ont-ils caché ce corps ?

Anne Kayanakis nous a parlé hier de dysfonctionnements et de nouvelles questions. Nous, ce que nous voulons, CE SONT DES REPONSES. Elle a parlé d’une seule certitude : que la thèse défendue par Rubalcaba et Alliot-Marie (sur Jon se serait enfui avec l’argent) est totalement écartée. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que nous sommes devant le silence de la raison d’Etat. Nous exigeons les réponses à ces questions, et nous lui disons : c’est aux responsables politiques et à leurs services secrets qu’il faut aller les poser.

Ce qui se CONFIRME, c’est ce que les proches de Jon, l’entourage et la gauche abertzale ont dénoncé depuis le début. Nous sommes devant un nouveau fait de guerre sale, une action qui est allée jusqu’à la mort. Nous confirmons, donc, avec ces éléments, que les forces de sécurité espagnoles et françaises ont enlevé Jon, qu’ils l’ont torturé et conduit à la mort. Ce que nous savons, parce que ça se voit, c’est que les autorités françaises l’ont caché pendant un an. 10 mois dans une morgue, pourquoi ? Pour effacer tous les éléments compromettants ? Les forces de sécurité espagnoles l’ont retenu pendant 10 jours et mené à la mort. Les ont gardé le corps pendant un an. Voilà l’implication de chacun, et les responsabilités politiques sont visibles. L’Etat français a protégé cette opération et a utilisé le corps de Jon. Il est directement impliqué par la gestion macabre qu’il a fait de ce cas.

Ils ont décidé de remettre le corps de Jon en circulation maintenant, après l’avoir gardé pendant un an caché on ne sait où. Cela a été une décision politique. Ils ont géré la guerre sale et le corps de Jon en fonction de leurs intérêts politiques. C’est la responsabilité des deux Etats. Zapatero et Sarkozy sont les premiers coupables. Ils ont couvert ensemble les déclarations honteuses de Rubalcaba et d’Alliot-Marie. Les paroles et les silences des principaux responsables politiques ont totalement déformé les évènements.

Notre dénonciation ne s’arrête pas là. La guerre sale continue avec le corps. Nous voulons dénoncer avec force l’attitude misérable, inacceptable et cruelle qu’ils ont eue avec la famille hier. L’interdiction du ministère qu’un médecin de confiance participe à l’autopsie, de voir le corps… Ils ont eu envie de jouer avec la souffrance qu’ils ont provoquée. Pour oppresser, pour humilier encore plus. Nous ne l’accepterons jamais, et nous exigeons qu’un médecin de confiance participe à cette autopsie. Nous ferons tout ce que nous pouvons pour l’imposer, garantie sans laquelle nous ne croirons jamais les conclusions de cet examen.

Cet évènement, malheureusement, n’est pas isolé, il se produit dans un large contexte. Nous le situons dans la répression générale exercée par la France et par l’Espagne. Dans le contexte d’une oppression qui n’a plus de limite. Il suffit de se rappeler tous les enlèvements de ces derniers temps, Dani Saralegi, Alberto Lopez, Juan Mari Mujika, Lander Fernandez, Alain Berastegi…

Nous exigeons des réponses à tous les niveaux. La police, le Procureur, tous devront dire la vérité. La dette qu’ils ont avec ce peuple s’alourdit encore plus avec l’histoire de Jon. Nous exigeons d’Alliot-Marie en particulier qu’elle cesse ses mensonges, qu’elle nous dise la vérité, puis qu’elle S’EN AILLE. Elle doit démissionner.

En ce moment extrêmement dur, nous voulons exprimer notre soutien entier à la famille.

Nous demandons à Euskal Herria, aux citoyens basques, de ne pas accepter cela et de le faire savoir. Pour que cela ne se reproduise jamais.

Appels à la mobilisation

Nous appelons à participer aux mobilisations qui auront lieu dans les jours qui viennent. Nous appelons tous ceux qui le peuvent à se rendre à Toulouse lundi matin, pour exiger qu’un médecin de confiance participe à l’autopsie. Les rendez-vous sont les suivants : 4h30 place San Andres à Bayonne, 5h à Salies, 7h30 au péage de Muret. Une manifestation nationale aura lieu dans la ville d’Alliot-Marie, Donibane-Lohitzune, le 17 avril prochain. Nous lui demanderons directement et avec détermination ce qu’ils ont fait à Jon.