Pourquoi avons nous sifflé et hué Susan George ?

A Nantes, sur la manif de la tracto-vélo du 6 mars 2010 contre l’aéroport un meeting électoral s’est tenu. Ce n’est pas ce qui nous intéresse le plus politiquement… Pour tout dire nous ne voulons plus déléguer nos pouvoirs à des élus, que ce soit pour changer les choses ou pour mener nos luttes et préférons nous auto-organiser. Comme nous respectons les différentes initiatives contre le projet d’aéroport (et plus largement le projet d’urbanisation du triangle Rennes Nantes St-Nazaire) nous avons laissé cette ribambelle d’élus faire des prises de paroles, plus ou moins honnêtes à nos yeux, sans piper mots.

Alors pourquoi attaquer Susan George qui ne représente pas un parti ? C’est une question que l’on a entendu lors de nos cris…

Tout d’abord notre but n’était pas de l’empêcher de parler, ni de lui voler le micro, ni de la couvrir… Nous nous y serions pris autrement! Nous avons juste sifflé et hué les 30 premières secondes de sa prise de parole en sachant très bien que l’on ne couvrait pas les enceintes, que nous ne gênions qu’un petit groupe qui nous entourait. Désolé pour ces personnes. Mais nous voulions lui rappeler que des personnes lui étaient hostiles, lui en voulaient pour certaines de ses déclarations publiques. Susan George était (et l’est peut être encore) porte-parole d’ATTAC en 2001 lors des contres sommets de Göteborg et de Gênes. Cette position lui offrait une forte médiatisation, place dont elle a profité pour faire des déclarations publiques en son nom (voir le bilan d’ATTAC après Gênes 2001 trouvable sur internet). En ça nous ne nous attaquons pas aux militants d’ATTAC mais à la personne même de Susan George. Car les déclarations de cette époque étaient de la désolidarisation d’une partie d’un mouvement global qui regroupait une multitude de tactiques, pratiques, et de positions. Ces différents modes d’actions (setting, manifs, action directe non violente, bloc rose et bloc noir) se partageait l’espace physiquement. Une couleur était définie et des zones de la ville réservés à chacune des pratiques pour éviter qu’un mode d’expression empêche un autre d’exister, et pour éviter toutes assimilations des groupes et tactiques entre elles.

Dans ces années là sur les contres sommets, la violence policière et d’état ont été en perpétuelle augmentation de Prague à Seattle en passant par Nice et Davos. Göteborg et Gênes ont été une forme d’apothéose puisque la police a tiré à balles réelles. Susan George s’est à cette époque longuement épanchée sur la soit disant violence de certains manifestants (allant jusqu’à les traiter de « cons indésirables qui nous ont fait passer pour des altermondialistes primaires ») et en n’attaque que certains modes d’actions, en leur faisant porter la responsabilité de ce qui s’était passé et elle a entièrement légitimé les violences policières et justifié le monopole de la violence d’état. La violence des policiers était dans sa bouche de la faute d’une partie des manifestants et non dans le but de réprimer un mouvement qui prenait de plus en plus d’ampleur. Ces condamnations allaient vers des militants et non des états, des polices et un système de contrôle et de répression de plus en plus dur.

Pour finir, elle qui reprochait à certains manifestants de prendre tout l’espace médiatique en cassant quelques vitrines (à qui la faute ? Aux médias qui ne parlent que de ça ou aux manifestants ?) tout en profitant de ces même médias pour dénoncer, criminaliser, et se désolidariser de toute une part d’un même mouvement au lieu de recentrer le débat, de dénoncer les violence policières et expliquer la diversité des tactiques; faisant ainsi le jeu du jeu du pouvoir. En dénonçant les agissements des personnes qui ont tenté de rentrer dans la zone interdite à gênes; elle a été jusqu’à se désolidariser même de militants d’ATTAC comme Valérie Vie seule personne à être rentrée dans la zone interdite à Gênes et … secrétaire d’ATTAC (cf bilan d’ATTAC sur Gênes 2001).

C’est pour cela, en parti, que nous voulions lui signifier notre désaccord quant à sa présence, en souvenir de ces désolantes déclarations. Nous nous opposons aux désolidarisations de certains groupes vis à vis d’autres dans les luttes.