Contre-insurrection à la toulousaine

Mise dans la bouche de la fraction hystérique de la bande à militant de la fac du Mirail, une banale embrouille de bar a réussi à mettre à nu le pendant hobbesien de la grande famille des organisations politiques toulousaines.

Il y a de cela un mois un texte circulant sur internet avait annoncé le lancement d’une vaste opération sécuritaire « anti-assembléiste »(1) sur Toulouse. Nous (les crétinement nommés anti-assembléistes) y avions alors répondu, sans nous attarder sur l’étendue des mensonges qu’il colportait, pour seulement réaffirmer notre détermination à continuer ce que nous avons commencé sur la fac.
Une baston, quelques textes donc et une intersyndicale plus tard, cette opération a lamentablement échoué(2) (justifiant s’il le fallait le peu d’intérêt que nous y avions portée à l’époque). Si nous revenons ici sur cet épisode guignolesque, c’est seulement pour préciser la nature de l’opération tentée. Cela nous semble pertinent au regard des luttes à venir.

Toute cette histoire est un prétexte. Son but était de masquer la vérité de la situation politique sur la fac et plus largement sur l’ensemble de la ville : réaction de forces politiques larguées sur les enjeux de l’époque et à qui tout naturellement la situation échappe. Rien de nouveau sous le soleil de la trahison syndicale ? Un seuil de vérité atteint cependant.
Quand les organisations politiques perdent le contrôle des situations, c’est-à-dire l’hégémonie du mode sur lequel s’énoncent les vérités politiques, soit elles acceptent de se laisser dissoudre par et dans la lutte elle-même (comme lors de la grève des Contis par exemple), soit elles en viennent à assumer sans aucun complexe leur fonction essentielle : faire régner l’ordre.
Dans le deuxième cas, les inspirations du mode opératoire sont claires : la contre-insurrection. On fabrique une figure du mal. On rend le contexte général flou. On dépolitise la situation. On joue sur l’affect de peur. Exactement comme pour fabriquer de l’islamiste ou de l’anarcho-autonome. Bien sûr, nous ne comparons pas ici l’efficacité de la machine étatique et le résultat d’une descente d’organes de marcassins. Nous les mettons seulement sur un même plan en tant qu’ils participent d’un geste commun : le geste réactionnaire d’empêcher un retour du sérieux quant à la question révolutionnaire.
Cet appel à l’union sacrée des organisations politiques ne s’est donc pas fait contre un groupe en particulier, mais bien contre tout ce qui vient à bousculer la paralytique politique toulousaine.

Les moments d’intensification des conflits ont toujours un aspect positif : celui de clarifier les situations. Il s’entrevoit ici le geste à faire pour lever une partie du sortilège qui maintient Toulouse dans l’illusion politique : déposer sur place ces forces qui empêchent toute redéfinition du politique ; c’est-à-dire la mise en pratique d’intelligences collectives capables de faire face à ce que les situations actuelles requièrent pour participer d’un processus révolutionnaire.
Nous n’avons pas attendu le nombre pour agir. Désormais nous l’avons. L’imagination rejoint la volonté.

A ceux qui auraient peur de se perdre, par jeux de miroirs, dans le reflet de la contre-insurrection, l’exemple toulousain vient à rappeler qu’il existe une différence ontologique entre le réactionnaire et le partisan qui, pour qui y est sensible, les donnent à voir absolument distinctement

(1):http://lille.indymedia.org/article19102.html
(2):http://bellaciao.org/fr/spip.php?article99419