Avant d’être une journée officielle à l’ONU, une date institutionnalisée, le 8 mars, journée internationale des femmes, est une journée de lutte pour la liberté et l’égalité au même titre que le premier mai. C’est en 1910, lors de la deuxième conférence internationale des femmes socialistes, que Clara Zetkin propose pour la première que les ouvrière de tous les pays organisent tous les ans une journée des femmes qui servira en premier lieu la lutte pour le droit de vote des femmes et plus largement pour l’égalité, tout comme le premier mai était une journée de lutte ouvrière mondiale pour les huit heures et les revendications des travailleurs. Ainsi, en 1911, un million de femmes manifestent à l’appel des organisations socialistes et ouvrières pour le droit de vote.

Le 8 mars 1917 (23 février dans l’ancien calendrier grégorien), les militantes bolcheviques de Pétrograd se sasissent de cette journée pour en faire une journée de grève chez les ouvrières du textile « pour le pain et contre la guerre ». La grève est non seulement un succès, mais le lendemain les ouvriers de la métallurgie suivent l’exemple des travailleuses du textile, la grève s’étend, les troupes se mutinent et une semaine plus tard la monarchie du tsar a cessé d’exister. Les femmes, les ouvrières, ont ainsi lancé la « Révolution de février », la révolution anti-monarchique en Russie. Les événements s’enchaînent, le gouvernement provisoire n’est capable d’apporter aucune des revendications populaires, ni la paix pour les soldats, ni le pain aux ouvriers, ni la terre aux paysans, l’agitation continue dans les usines, sur le front et dans les campagnes, des conseils ouvriers et paysans (soviets) sont élus, Lénine avec ses thèses d’avril avance le mot d’ordre de l’heure, « aucun soutien au gouvernement provisoire, tout le pouvoir aux soviets ! », et le 7 novembre 1917 (en octobre selon l’ancien calendrier géorgien) arrive ce jour formidable dans l’histoire de l’humanité : l’insurrection d’Octobre 1917 où la classe ouvrière prend le pouvoir en Russie. Jour effroyable pour les bourgeois, les chefs militaires et les têtes couronnées du monde : la classe ouvrière montre qu’elle n’est pas qu’une classe d’exploité(e)s qui se révoltent de temps en temps, mais une classe capable de prendre le pouvoir d’Etat et de construire les bases d’un monde nouveau où l’exploitation et l’oppression seraient abolie.
Dès ses origines, le mouvement ouvrier a mis en avant que le communisme était la lutte du prolétariat pour l’émancipation de l’humanité et des femmes.

Et si le monde bourgeois a mis de longues décennies pour accepter que les femmes puissent voter et que les droits humains ne sont pas que les droits des hommes, le mouvement ouvrier a très rapidement eu parmi des visages féminins comme principaux dirigeants, qu’il s’agisse de Louise Michel en France, de Rosa Luxembourg et Clara Zetkin en Allemagne ou d’Alexandra Kollontaï en Russie. En mémoire des ouvrières de Pétrograd qui ont lancé le signal de la révolution, le 8 mars devient Journée Internationale des Femmes, et à cette occasion, le 8 mars 1921, Lénine déclare :

« Sous le régime capitaliste, la moitié du genre humain est doublement opprimée. L’ouvrière et la paysanne sont opprimées par le capital ; en outre, même dans les plus démocratiques des républiques bourgeoises, elles restent devant la loi des êtres inférieurs à l’homme ; elles sont de véritables « esclaves domestiques », car c’est à elles qu’incombe le travail mesquin, ingrat, dur, abrutissant de la cuisine et du ménage. La révolution bolchévique a coupé les racines de l’oppression et de l’inégalité de la femme, ce que n’avait encore osé faire aucun parti, aucune révolution. De l’inégalité de la femme devant la loi, il ne reste pas trace chez nous.

L’inégalité odieuse dans le mariage, le droit familial, la question des enfants a été totalement abolie par le pouvoir de Soviets. Ce n’est là qu’un premier pas vers l’émancipation de la femme. Mais pas une seule République bourgeoise, même parmi les plus démocratiques, n’a osé le faire, et cela de crainte d’attenter au principe sacro saint de la propriété individuelle. Le second, (le plus important) a été la suppression de la propriété privée sur la terre et les usines. Voilà ce qui ouvre la voie à l’émancipation effective et intégrale de la femme et à son affranchissement de « l’esclavage domestique » par la substitution de la grande économie collective à l’économie domestique individuelle. Cette émancipation est chose difficile, car il s’agit de transformer des coutumes, des mœurs enracinées depuis des siècles. Mais nous avons déjà un début, le branle est donné et nous sommes engagés dans la voie nouvelle. »
Car la révolution russe de 1917, qui a éclaté dans un immense pays encore féodal et même tribal patriarcal par bien des aspects, en tant que pas de géant dans l’histoire de l’humanité fut aussi une révolution pour l’émancipation des femmes.

Les femmes obtiennent non seulement le droit de vote et des postes de direction politique, non seulement l’interruption volontaire de grossesse et l’homosexualité sont dépénalisées, mais la révolution apporta son souffle émancipateur jusque dans les provinces les plus reculées.

En mai 1917, se tint à Moscou le premier Congrès musulman pan-russe qui rassembla 1000 délégué dont 200 femmes. Il proclama l’égalité totale entre hommes et femmes. Dès janvier 1918, le Commissariat central aux affaires musulmanes décida d’abolir la polygamie et le mariage des petites filles, et décida d’imposer l’instruction des filles comme des garçons. Pour les régions d’Asie Centrale, ce fut la suppression du port du voile obligatoire pour les femmes. La jeune république ouvrière soviétique ne se contentait pas de rédiger des lois, mais mis aussi sa force armée au service de l’émancipation des femmes, comme à Tachkent (Ouzbékistan) le 8 mars 1926, où l’armée rouge protégeait la manifestation des femmes qui, ayant rejeté le tchador, étaient menacées par les tenants du vieil ordre patriarcal et tribal.

Sur tout le territoire de la jeune république soviétique, les popes, les imams, rabbins et leurs mythologies réactionnaires furent renvoyés aux poubelles de l’histoire. Le code du mariage voté le 16 septembre 1918 par le Comité Central des Soviets reste révolutionnaire par bien des aspects, non seulement pour les pays où l’inégalité entre hommes et femmes est inscrite dans la législation, mais même pour de nombreux pays occidentaux. Un simple extrait de ce code montre à quel point la jeune république soviétique avait dépassé les vieilles conceptions moralisatrices et oppressantes de la famille patriarcale :

« 140. — Trois mois au moins avant la naissance de l’enfant, la femme enceinte non mariée fait à la Section de l’Enregistrement des Actes de l’État civil une déclaration indiquant l’époque de la conception, le nom et le domicile du père de l’enfant.

1. — Pareille déclaration peut être faite aussi par une femme mariée, si l’enfant conçu n’a pas pour père son mari.

143. — Si les rapports de la mère avec l’homme visé par elle dans la déclaration prévue à l’article 140 démontrent qu’il est bien le père de l’enfant, le tribunal rend un arrêt dans ce sens et ordonne en même temps qu’il participera à toutes les dépenses causées par la grossesse, l’accouchement, la naissance et l’entretien de l’enfant.

144.— Si au cours de l’examen de l’affaire, le tribunal constate que, lors de la conception, l’homme mis en cause était en rapports intimes avec la mère, mais qu’il n’était pas le seul, le tribunal les appelle tous comme défendeurs et les astreint à participer aux dépenses prévues à l’article 143. »

Il y a-t-il eu dans l’histoire un seul code de la famille qui ait prévu, sans aucun moralisme poussiéreux, qu’une femme mariée puisse avoir un enfant avec un autre homme que son mari ? Et même, sans la condamner, que la femme puisse avoir « des rapports intimes » avec plusieurs hommes ?
La préface du code de la famille de 1918 indiquait d’ailleurs :

« Nul avantage sur l’union libre n’est conféré au mariage enregistré : il est facile de le conclure, non moins de le dissoudre ; femme et homme y sont égaux ; son but n’est plus la procréation ; on n’est pas obligé de suivre son conjoint ; la loi prévoit avec un sourire qu’une épouse ait des enfants sans le concours de son mari ; les mots adultérins, légitime, naturel, etc., perdent leur valeur. »

On sait qu’isolée suite aux contre-révolutions en Europe Occidentale et étouffée par la guerre civile déclenchée par les blancs et les Etats bourgeois, la République Soviétique subira la contre-révolution stalinienne, avec sa bureaucratie détruisant les acquis de la Révolution d’Octobre, y compris bien sûr, en ce qui concerne les droits des femmes. En 1936, Staline réintroduit l’interdiction de l’avortement et la contraception, et le régime bureaucratique réintroduit le culte de la famille.

Mais en parlant de la révolution russe, on est très loin des salons feutrés de l’ONU où l’on discute de résolutions qui resteront dans les tiroirs, où, appuyés par les noirs corbeaux de la réaction vaticane, les Etats de l’Organisation de la Conférence Islamique peuvent débattre de « spécificités culturelles ou religieuses » pour rejeter l’égalité pleine et entière des femmes et des hommes, ou même de l’inauguration d’une nouvelle prison pour femmes (où 75% au moins des détenues le sont pour « crimes contre la morale », c’est-à-dire soupçonnées d’adultère ou coupables du « crime » d’avoir fuit les violences du domicile conjugal) comme l’a fait le gouvernement afghan pour le 8 mars 2009 !

Non, le 8 mars n’est pas une journée de la bonne conscience des chefs d’Etat qui parlent, pendant 24 heures des droits des femmes pour mieux les bafouer tous les autres jours de l’année. Non, le 8 mars n’est pas une journée pour discuter dans des salons bourgeois. C’est, comme le premier mai, une journée pour rappeler et mettre en avant les revendications que nous défendons pendant toute l’année, une journée pour descendre das les rues et y déployer, comme les autres jours, le drapeau rouge de la liberté et de l’égalité, le drapeau de l’émancipation de l’humanité qui ne peut qu’être celui de l’émancipation des femmes.

Et pour ce 8 mars 2010, cent ans après l’appel de Clara Zetkin, que cette journée soit l’occasion, partout dans le monde, ne montrer notre solidarité avec les femmes d’Iran, qui, depuis 30 ans luttent contre l’apartheid sexiste, le régime islamique misogyne et son voile obligatoire, et qui, aujourd’hui, sont aux premiers rangs des manifestations et des protestations pour renverser la République Islamique !

La révolution actuelle en Iran est comme le souligne le Manifeste de la révolution iranienne

http://www.iranenlutte.wordpress.com/2009/12/11/manifes…enne/

http://www.worker-communistpartyofiran.blogspot.com/200….html

« une « révolution féminine », non seulement parce qu’elle est se place directement contre l’apartheid sexuel et un gouvernement misogyne, non seulement parce que les femmes et les filles sont aux premières lignes dans les ferventes manifestations et les combats de rue, mais aussi parce que la maxime « la liberté des femmes mesure la liberté de la société » est de plus en plus présente dans la conscience des masses populaires. L’égalité inconditionnelle des femmes est le décret inviolable de l’actuelle révolution. Cette révolution est une nouvelle étape dans les efforts de l’humanité moderne pour la libération du vil esclavage de genre.

Depuis la Révolution russe d’Octobre 1917 jusqu’aux mouvements de libération des femmes en Occident, des manifestations de femmes en Iran contre le voile en mars 1979 aux trente années de résistance et de protestations des femmes contre le voile islamique, les discriminations et l’humiliation, elles sont la colonne vertébrale et l’inspiration de l’actuelle révolution en Iran. La victoire de l’actuelle révolution aura non seulement un impact phénoménal sur le statut et la lutte des femmes dans les pays frappés par l’Islam politique, mais fera aussi avancer le mouvement de libération des femmes dans le monde dans sa globalité. »

En Iran comme ailleurs, à bas l’apartheid sexiste ! Vive la révolution des femmes ! Toutes et tous dans les rues le 8 mars 2010 en solidarité avec la révolution féminine en Iran pour la liberté et l’égalité des femmes dans le monde entier !