Le 25 janvier a commencé le procès de dix personnes sans-papiers accusées d’avoir participé, le 22 juin 2008, à la révolte collective qui a abouti à la destruction du centre de rétention administrative de Vincennes. Ils sont inculpés d’incendie volontaire, dégradation et violence en réunion.

Le procès mené par la juge Nathalie Dutartre et ses deux assesseurs est à l’image de l’instruction, menée exclusivement à charge pendant un an par le magistrat instructeur, Mr Alain N’guyen The. La quasi totalité des demandes de la défense (circonstance de la mort de Salem Souli la veille de la révolte, expertises techniques des matériaux des bâtiments, rapport des pompiers…) a été rejetée. Seule a été acceptée la demande de visionnage de la totalité des bandes de vidéosurveillance, mais en audience. Cette décision qui apparaissait comme une concession a en fait porté atteinte aux droits de la défense en imposant, sans concertation et du jour au lendemain, aux avocats et aux prévenus trois semaines d’audience consécutives.

Ainsi depuis le 1er février, le procès se poursuit entre personnes de connivence: les juges, le procureur Gilbert Flam, les avocats des parties civiles, à savoir l’Etat, qui vient de réclamer, à la veille du procès, l’argent perdu du fait de la destruction de sa prison, ainsi que les policiers du centre. Les inculpés et leurs avocats ont quitté le procès, ces derniers affirmant ne pas avoir les moyens de la défense et ne voulant pas être « la caution de cette comédie ».

Ces imbroglios juridiques qui sont détaillés dans des comptes rendus (sites migreurop, antimollusque, indymedia) montrent, on pouvait s’en douter, qu’un Etat ne peut pas laisser une de ses prisons partir en fumée sans chercher à fabriquer et punir des coupables. Des coupables pour l’exemple et pour dissuader quiconque de se révolter. Qu’elle soit rendue dans des apparences « équitables » ou pas, la justice est là pour maintenir la société telle qu’elle est, faire perdurer l’exploitation par le travail, protéger la propriété privée et réprimer d’autres moyens de survie, transformer des révoltes collectives en actes individuels isolés et décontextualisés, ce procès n’échappe pas à cette règle. C’est cette même justice qui, validant les mesures de reconduite à la frontière et l’enfermement dit administratif, cautionne et encadre les centres de rétention, les expulsions, et envoie en prison ceux qui se révoltent ou font
échec à leur expulsion.

Nous n’avons donc pas d’illusion sur la justice, pour autant nous pensons qu’exprimer notre solidarité peut permettre aux inculpés de s’en sortir au mieux face à la machine judiciaire. Lors de ce procès où les inculpés de la révolte de Vincennes risquent dix ans de prison ferme, nous sommes solidaires de ces hommes, sans chercher à savoir s’ils sont coupables ou innocents. La seule responsabilité réside dans la politique de contrôle des flux migratoires qui décide où nous devons vivre, survivre ou mourir et qui fait que chaque année des milliers de personnes meurent en essayant de franchir les frontières.

Suite à un appel à une semaine de solidarité avec les inculpés de Vincennes du 16 au 24 janvier, partout en France et ailleurs, des personnes ont exprimé leur solidarité de diverses façons (cf. ci-dessous la liste des actions de solidarité): soutien aux inculpés, dénonciation de l’existence des prisons pour étrangers, de la machine à expulser et des entreprises qui dénoncent les sans papiers.

Ces actions que chacun a organisées selon ses réalités et les moyens qui lui semblent appropriés ont précédé la semaine de solidarité pour certaines et elles ont bien évidemment continué tout au long du procès. Ne doutons pas qu’elles se poursuivent dans les semaines à venir, que ce soit pendant les dates imposées de ce procès ou plus largement tant que des milliers de personnes seront pourchassées, raflées, enfermées au prétexte qu’elles ne disposent pas de papiers administratifs que l’Etat nous impose d’avoir.

FERMETURE DES CENTRES DE RETENTION !
LIBERTE DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION !

Collectif de solidarité avec les inculpés de Vincennes
liberte-sans-retenue@riseup.net

Voici une liste non exhaustive des actions de solidarité :

*/Repas de solidarité/* : Reims

*/Banderoles accrochées/* : Trièves, Grenoble, Paris, Bordeaux, Marseille

*/Occupations/* : Air-France -Paris, Carlson-wagonlit travel- Paris

*/Soirées d’information et de débats autour des centres de rétention, projections de soutien/* : Paris, Marseille, Dijon, Milan, Saint-Etienne

*/Manifestations de rues et balades-diffusions de tracts, rassemblements/* : Paris, Bordeaux – aussi en soutien aux inculpés de l’incendie de Bordeaux, il y a un an -, Angers

*/Rassemblement devant les palais de justice/* : Paris à l’appel des collectifs de sans-papiers de la rue Baudelique, Marseille, Limoges

*/Rassemblements devant les centres de rétention/* : Marseille, camp Zeist à côté de Utrecht en Hollande, Besançon – feux d’artifice devant la prison-, Turin

/*Inscriptions, collages divers et variés, sur les murs des villes, des camps, des palais de justice, des banques qui dénoncent les sans papiers* /(la Poste, le Crédit lyonnais, la BNP …) , */des entreprises qui construisent les camps/* : Paris, Lyon, Turin, Bordeaux, Angers, Grenoble, Nîmes, Reims, Marseille

*/Actions de « sabotage »/ *(sur les distributeurs des banques qui dénoncent des sans papiers, entreprises qui participent à la machine à expulser) : à Paris

*/Communiqués de solidarité avec les inculpés/* : MRAP, LDH, Solidaires, Coordination nationale des sans papiers, RESF, SNES, GISTI, Sud Education.

Vous pouvez trouver plus d’infos sur les indymedia Nantes, Grenoble…