Woippy (Moselle): incidents après la manifestation

Des gendarmes mobiles, qui avaient pris position ce soir près d’un commissariat à Woippy, en Moselle, ont été caillassés à l’issue d’une manifestation silencieuse organisée en hommage aux trois jeunes victimes d’un accident de scooter après une course-poursuite avec la police municipale.

Lors de ces incidents, qui ont débuté vers 21h00 dans le quartier du Roi, une zone urbaine sensible (ZUS) de Woippy, une cabine téléphonique a été saccagée près d’un commissariat et des palettes, des poubelles et au moins deux voitures ont été incendiés. Les sapeurs-pompiers ont tenté d’intervenir mais ils ont dû rebrousser chemin face, semble-t-il, à la colère des manifestants.

Un dispositif policier important était en place près d’un commissariat. Le préfet de la Moselle et de la Région Lorraine Bernard Niquet était sur place. Les incidents ont fait suite à une manifestation silencieuse d’environ 200 personnes qui se sont rendues en cortège à l’endroit où trois jeunes sur un scooter, poursuivis par la police, ont été victimes d’un accident faisant un mort et 2 blessés dans la nuit de mardi à mercredi.

En tête du cortège, on pouvait lire sur une banderole blanche: « Hommage à Malek, espoir pour Josua et Nabil » et à l’endroit de l’accident, plusieurs bouquets avaient été disposés et des cierges allumés.

Source AFP.
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Course poursuite mortelle dans la banlieue de Metz

Trois jeunes, poursuivis par la police alors qu’ils roulaient sur le même scooter, ont été victimes d’un accident. L’un est mort, les deux autres sont hospitalisés. Des gendarmes mobiles ont été caillassés dans la soirée.

Trois jeunes hommes poursuivis par la police municipale de Woippy, dans la périphérie de Metz, alors qu’ils circulaient sur le même scooter, ont été victimes d’un accident dans la nuit, a annoncé mercredi matin le député-maire UMP de la ville, François Grosdidier. L’un d’eux est décédé sur place, apparemment à la suite d’un traumatisme crânien, tandis que les deux autres ont été transférés en traumatologie à Nancy et se trouvent actuellement dans un état «critique».

Les trois victimes, âgées d’une vingtaine d’années, roulaient «sans casque, feux éteints et à vitesse excessive» sur un deux-roues «probablement volé», a précisé le député-maire woippycien.

Une enquête de flagrance ouverte

Le drame s’est produit vers 1h30 du matin alors que les policiers, au nombre de trois dans leur véhicule, ont mis en marche leur gyrophare pour interpeller les contrevenants, qui «circulaient en zigzaguant sur l’avenue Foch», une artère du centre-ville où se trouve la mairie. Selon François Grosdidier, les jeunes sont tombés seuls du deux-roues dans un virage et ont heurté violemment la chaussée.

«Les policiers, deux hommes et une femme, ont respecté les consignes qui leur avaient été données pour ce type d’intervention (…) Ils ont mis en marche leur gyrophare mais n’ont pas pris de risques inconsidérés en tentant d’interpeller» les occupants du scooter, a affirmé le le député-maire de Woippy. La police nationale de Metz confirme qu’il n’y a pas eu de contact entre le deux-roues et la voiture de la police municipale.

Une enquête dite «de flagrance» a été ouverte par l’antenne de Metz de la police judiciaire.

Au moins deux voitures incendiées

Mercredi soir, une marche au flambeau a été organisée près de l’endroit où s’est produit l’accident, en présence d’environ 200 personnes. Des gendarmes mobiles, qui avaient pris position près d’un commissariat, ont été caillassés à l’issue de cette manifestation silencieuse, organisée en hommage aux trois jeunes victimes d’un accident. Une cabine téléphonique a été saccagée et des palettes, des poubelles et au moins deux voitures ont été incendiés.

Source: Lefigaro.
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Vives tensions dans la banlieue de Metz après la mort d’un jeune suivi par la police

LE MONDE 21.01.10

Le cri de colère d’une mère qui demande « que justice soit faite ». Un père de famille qui s’effondre là où son fils a perdu la vie. Des jeunes qui hurlent leur colère et leur désir de vengeance malgré les appels au calme des adultes.

Dans les quartiers sensibles de Woippy (Moselle), seul un important déploiement policier a permis, dans la nuit du mercredi 20 janvier, de contenir le climat très tendu et de circonscrire les incidents. Plusieurs dizaines d’habitants, souvent très jeunes, ont multiplié les accrochages, révoltés par l’accident mortel subi par trois de leurs camarades qui circulaient en scooter – un jeune homme est mort et deux autres ont été grièvement blessés – alors qu’ils étaient suivis par la police municipale.

Six véhicules, un bus, des poubelles ont été incendiés tandis que du mobilier urbain et une école d’insertion ont subi des dégradations. Des jets de projectiles sporadiques ont également visé les forces de l’ordre, mobilisées en nombre, dans cette ville de 13 000 habitants située dans la banlieue nord de Metz et dont la moitié de la population habite en zone urbaine sensible (ZUS).
Les incidents ont suivi une marche silencieuse organisée en fin de journée, mercredi, par les familles et les proches des victimes. Les trois jeunes hommes, qui circulaient à scooter, ont été victimes d’une sortie de route, mercredi matin vers 1 h 30, alors qu’ils étaient pris en chasse par la police municipale dans le centre-ville de Woippy.

L’un d’eux, âgé de 19 ans, est décédé sur le coup, touché à la tête. Les deux autres, âgés de 19 et 20 ans, ont été transférés au service de neurochirurgie dans un état critique, leur « pronostic vital » restant engagé, selon le procureur de la République de Metz, Rémy Heitz, mercredi en fin de journée.

Les premiers éléments de l’enquête, révélés par le procureur, indiquent que les trois jeunes circulaient sans casque sur un scooter volé, « à vive allure » et « apparemment » tous feux éteints. Une équipe de la police municipale de Woippy, constatant que les trois adolescents étaient en infraction, a « entamé le suivi » du deux-roues sur une distance de 800 mètres environ, avant que l’accident ne se produise.

« Je n’emploie pas à dessein le terme de course-poursuite car cette formule présente une connotation qui n’est pas encore avérée », a indiqué le procureur au cours d’une conférence de presse. « Préférant » là encore user du conditionnel, le magistrat a précisé que les policiers auraient « actionné les avertisseurs sonores et lumineux » de leur 4 × 4 avant de suivre le scooter à distance.

Une version vivement contestée dans le quartier. Dans l’entourage des victimes, beaucoup évoquent l’hypothèse d’un accident provoqué volontairement par les forces de l’ordre dans un contexte de tensions récurrentes avec les jeunes. « La police municipale de Woippy se comporte comme des cow-boys. Ils nous provoquent et nous harcèlent en permanence », explique, sous couvert d’anonymat, un jeune âgé de 22 ans, venu déposer des fleurs sur les lieux de l’accident.

« Les municipaux se croient à Chicago. Ils ont des Flash-Ball et circulent dans des 4 × 4 pour nous faire peur : pas qu’aux jeunes d’ailleurs, mais aussi aux adultes ! », s’indigne une mère de famille.

La mairie et le parquet ont réfuté l’hypothèse d’un choc volontaire. « Ils ont mis en marche leur gyrophare mais n’ont pas pris de risques inconsidérés en tentant d’interpeller » les trois jeunes, a expliqué le maire de Woippy, François Grosdidier, également député UMP.

Le procureur a indiqué que le conducteur se trouvait « manifestement en infraction », qualifiant l’action de la police municipale de « justifiée ». « Il n’y a, me semble-t-il, pas matière à débat dans cette affaire », a-t-il poursuivi.

« La doctrine d’emploi de la police municipale, ce n’est pas le sujet », a-t-il répondu à un journaliste qui l’interrogeait sur les « méthodes » employées par la police municipale et sur les modalités de son intervention, cette nuit-là. La police municipale de Woippy avait fait partie des premières équipes dotées de pistolets électriques (Tasers).