Dans le sud de l’Italie, surtout dans l’agriculture, des dizaines de milliers d’immigrés sont exploités dans des conditions d’esclavage par une alliance de mafias, de politiciens locaux et d’entrepreneurs. La plupart dorment dans des bâtiments d’usines désaffectés, sans eau, chauffage ou électricité. Auparavant, déjà, il y avait eu des révoltes, qui ont souvent été réprimées dans le sang par les mercenaires de la mafia.

Le tract ci-dessous a entre-autre été distribué à Gênes.

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SPARTACUS EST DE RETOUR. VIVE SPARTACUS !

L’esclave cesse de l’être à l’instant où il essaye de briser ses chaînes. A cet instant, insoucieux des conséquences de sa tentative, la dignité, le désir, la rage et le sentiment profond d’injustice envers le patron, envers celui qui le force à l’esclavage, émergent à nouveau de manière libératoire.

La révolte de l’esclave est un acte suprême, c’est – au-dessus de tout – un acte d’amour envers soi-même et envers l’humanité entière. La révolte de l’esclave est l’espoir et la justice forgés en armes pour devenir la possibilité concrète de l’émancipation. C’est tout simplement la volonté d’une vie autre, peut-être heureuse, qui s’affirme. Les esclaves de Rosarno en ont parlé. Ils en ont parlé à travers leurs actes et leur rage. Dans l’incendie, dans les vitres fracassées, dans les panneaux arrachés, dans les coups de bâton contre la police, se cache la poésie d’un amant.

Peut-être l’amour sans calculs, l’amour désespéré, l’amour capable de tomber, est-il une vieille chose. Tout comme l’esclavage est une vieille chose. Peut-être est-ce justement à cause de cela, qu’aujourd’hui, ceux capables de comprendre, de savoir lire la poésie des esclaves de Rosarno, sont peu nombreux.

Dans cette Italie lamentable, plongée dans la peur de ce qui est « différent » et imprégnée d’hypocrisie, gouvernée par des vermines soutenues par des foules encore plus imbéciles, corrompue par la haine et grandie dans le mirage de l’accumulation et de la richesse, ils crient aujourd’hui au scandale. Au scandale à cause de la violence, de l’immigration clandestine, des conditions de travail, de l’insécurité et de l’exaspération.

Et bien, Seigneurs choqués, Citoyens honnêtes, que vous soyez de droite ou de gauche, que vous soyez englués de mélasse chrétienne ou que vous soyez forgés à coups du marteau du Droit, Vous êtes des cadavres.

Parce que seul un « mort d’esprit » peut débattre au sein du droit et dans les pages des journaux d’une déclaration d’amour d’un amant. Une telle déclaration, soit tu l’acceptes, soit tu la refuses.

Ceux qui acceptent jour après jour le joug toujours plus insupportable de l’Etat ; tout comme ceux qui font le baisemain quand les mafias fulminent ; ceux qui lèchent les bottes du patron – pour ensuite gronder contre ceux qui sont plus pauvres ou moins fortunés – tout comme ceux qui tirent avantage de la misère d’autrui ; tous ces gens refuseront certainement les avances des immigrés de Rosarno. Mais ces gens ne méritent pas de discours, ce n’est pas à eux que nous voulons parler.

Ceux qui sauront certainement écouter sont « les libertins », les esprits qui savent encore désirer, qui connaissent encore la différence entre vivre et survivre, entre la liberté et l’esclavage. Qui savent qu’un millier de voitures brûlées ne vaut pas la liberté et la dignité d’un homme.

L’esclavage consiste d’hommes et de marchandises, d’entreprises et de rapports. Il est possible grâce à une politique toujours plus xénophobe et classiste et est soutenue par des armées d’uniformes et des mafieux en chemise blanche.

L’amour de la liberté consiste de complicité et de fantaisie. La révolte des immigrés africains de Rosarno est un don pour nous tous, maintenant il est à nous de redonner quelque chose.

Parce qu’aucun homme ne sera libre tant que la dernière chaîne ne sera pas rompue.

Anarchistes et libertaires à Gênes.