Sami Benméziane: coupable d’avoir résisté !

On connaît désormais les faits : Mercredi 11 Juin 2009, inspection académique de Loire-Atlantique : au cours d’une opération policière d’évacuation des locaux aussi désordonnée qu’inutile un policier se blesse légèrement. Désigné responsable Sami est alors violemment bousculé, plaqué au sol et interpellé. A partir de cet instant la lourde machine sécuritaire se met en branle.
Sami subit une garde à vue “à la française” c’est à dire particulièrement humiliante, mais aussi rappelons-le illégale aux yeux de la cour européenne des droits de l’homme.
Puis,à l’issue d’un procès qui n’apporte pas le moindre élément à l’appui de la version policière des faits, il est malgré tout condamné à une amende avec sursis (au pénal) et surtout à réparer le préjudice supposé (au civil).
Le comité de soutien dénonce ce verdict et considère que les sommes réclamées au titre de dommages et intérêts sont exhorbitantes et disproportionnées par rapport aux faits. Il voit dans cette sanction une nouvelle illustration de la volonté du gouvernement et de ses relais plus ou moins zélés de frapper les acteurs du mouvement social y compris financièrement.
Car la condamnation de Sami B n’est pas une bavure ou un épiphénomène, mais bien l’expression d’une tendance lourde, en phase avec la régression sécuritaire en cours. Face au démantèlement de l’Etat social et au renforcement de l’Etat sécuritaire, un front du refus se fait jour nourri du sentiment que nos fondamentaux démocratiques sont menacés. C’est l’exercice même de la liberté d’expression de ce refus qui est aujourd’hui remis en cause.
Dans ce contexte,la justice pénale est largement instrumentalisée ainsi que le montre le sort réservé à Sami Benméziane, mais aussi les très sévères condamnations frappant les syndicalistes trop voyants (actifs): P Besuelle militant FSU à St Lô,le président de l’USTKE en Nouvelle Calédonie ou encore les ouvriers de l’usine Continental à Clairvoix…
Mais d’autres formes d’intimidations sont à l’oeuvre notamment dans le cadre professionnel comme les mesures disciplinaires qui sont de plus en plus utilisées pour sanctionner les manifestations critiques: ainsi des enseignants dits “désobéiseurs”, ou des directeurs d’écoles refusant de renseigner le fichier base élève mais aussi des pressions hiérarchiques qui se multiplient un peu partout dans les fonctions publiques.

Sami Benméziane est ainsi lourdement condamné alors que dans le même temps les plaintes des instituteurs molestés le 11 juin sont classées sans suite. De même, Pierre lycéen nantais grièvement blessé (il a perdu l’usage d’un oeil), par tir de flashball se bat depuis maintenant deux ans pour obtenir réparation. Le comité de soutien à Sami Benméziane dénonce cette justice qui frappe durement les militants et ignore les violences policières. Il appelle les citoyens, à recenser, faire connaître et combattre toutes les formes d’atteintes au mouvement social et aux militants syndicaux.

Le procès au civil de Sami, qui était prévu le 4 décembre, est reporté au 2 avril 2010 . La somme demandée par l’avocate du policier se monte à environ 12000 euros auxquels il faudra ajouter plus de 20000 euros de remboursement au Trésor pour les salaires et les frais médicaux, soit un total estimé à 32000 euros. La prochaine réunion du comité de soutien aura lieu le 2 mars à 19h à la maison des syndicats de Nantes.