Grève le 21 janvier pour défendre l’école publique !

La casse du métier et la disparition de la formation professionnelle

La « masterisation » est un recul historique dans le système éducatif
français : disparition des IUFM et masters vidés de tout volet pédagogique
ou didactique, allongement des études universitaires (dont aucune étude
n’a montré la nécessité) non payées, au détriment des étudiants
socialement les moins favorisés. Cette réforme constitue un pas de plus
dans la déstructuration de la Fonction Publique d’État et du statut de
fonctionnaire. Après la loi de 2005 qui autorise le recrutement de
contractuels sur des emplois permanents, elle prépare un vivier important
de personnes ayant un haut niveau de diplôme universitaire (master), se
destinant à l’enseignement, recalées aux concours de recrutement mais
employables comme précaires. Cette réforme n’est pas négociable, nous
devons exiger son retrait.
Le lycée à l’heure libérale

Par un accroissement dangereux de l’autonomie des établissements et des
prérogatives des chefs d’établissements, le gouvernement veut clairement
rentabiliser le travail des enseignants : alourdissement du nombre de
classes et des effectifs à prendre en charge, mise au pas de la profession
avec la création d’une hiérarchie intermédiaire de professeurs (conseil
pédagogique). La multiplication des tâches intégrées au service (aide) ou
effectuées en heures sup. (tutorat, orientation) est inacceptable quand le
ministère ne cache plus sa volonté d’en finir avec les COP (conseillers
d’orientation psychologues) et un service public d’orientation propre à
l’Éducation. Dans le même temps la qualité des enseignements est bradée :
ponctions horaires globales importantes, suppressions des dédoublements
sous couvert d’une aide « fourre-tout » pour les élèves, et d’une
globalisation d’une part importante des horaires. Cette mise en
concurrence des disciplines conduira à des choix très inégalitaires
suivant les établissements et leurs publics. Dans ces conditions on peut
même s’interroger sur le maintien du bac comme 1er grade universitaire. Ce
projet renforcera le développement d’un lycée à plusieurs vitesses et
aggravera la reproduction des inégalités sociales. SUD éducation ne se
retrouve en rien dans cette vision d’un lycée pour chacun au détriment du
droit à l’éducation pour tous. SUD éducation n’a jamais pris part aux
négociations en vue de cette réforme et déplore que certains syndicats la
soutiennent au nom d’un progrès « pédagogique » ou d’une « autonomie »
imaginaires, tout en se plaignant des suppressions de postes que cette
réforme ne va faire qu’aggraver !
L’école en miettes

Le retour à une conception mécaniste des apprentissages imposé par Darcos
a été dénoncé par l’ensemble du monde éducatif, par la majorité des
chercheurs. Aujourd’hui la tendance est à l’externalisation de toute
difficulté scolaire ou d’apprentissage. L’Etat se désengage de ses
missions, déléguant hors de l’école ce qu’elle devrait assurer pour tous.
Il en va ainsi de la casse des RASED et leur remplacement par un soutien
individualisé en dehors de l’horaire scolaire ou pendant les vacances.
Dans le même temps, le marché du « rattrapage scolaire » explose. Ces
mesures constituent un handicap supplémentaire pour les élèves des milieux
populaires et le gouvernement qui prend ces décisions n’ignore rien de ces
conséquences. Ajoutons à cela le pilotage par l’évaluation qui fait peser
une menace lourde sur le système éducatif, en instaurant un outil de
mesure des résultats qui va permettre une concurrence entre les écoles, et
à terme, avec la disparition de la carte scolaire, la transformation de
l’école en un vaste marché.
Suppressions de postes pour tous

Le dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en
retraite constitue un véritable démantèlement des services publics. Depuis
2007, cette politique a supprimé 100 000 emplois dans la seule fonction
publique d’Etat, politique aggravée par la remise en cause des statuts et
le blocage des salaires. Cette année encore, 13 500 postes doivent être
supprimés dans l’enseignement public. Tous les niveaux et tous les
services sont visés. Dans les services administratifs (inspection
académique, rectorat, université) la détérioration des conditions de
travail est à son comble et de nouvelles suppressions sont prévues. Dans
les classes de tous les niveaux les effectifs augmentent, les
dédoublements de classes se font toujours plus rares, les possibilités de
travail en petit groupe disparaissent. En mettant les personnels en
rivalité, les nouvelles évaluations basées sur l’entretien individuel
renforcent le pouvoir des petits chefs. La concurrence et la gestion
managériale s’attaquent à tous les niveaux : les établissements classés en
fonction de leurs performances, les personnels recrutés sur profil, la
suppression de la carte scolaire. Face à la politique du gouvernement et
aux idées de ceux qui le soutiennent, c’est toute l’école publique et
laïque qui est en danger quand dans le même temps l’enseignement privé
voit plus que doubler le nombre de postes à ses concours.

A travers les « adaptations » aux budgets de rigueur, ce sont les contours
d’une Ecole toujours plus inégalitaire qui se dessinent. Aussi, nous
voulons combattre les suppressions de postes parce que nous refusons
l’école promue par Sarkozy, Fillon, Darcos, Précresse, Châtel, et leurs
amis du Medef.
Contre les suppressions de postes, pour l’augmentation des recrutements
aux concours

Pour l’arrêt des recrutements de salariés précaires et la titularisation
sans condition de ceux déjà en place. Pour le retrait des décrets sur la
formation des enseignants et une véritable formation professionnelle avec
recrutement par concours après la licence sous statut de fonctionnaire
stagiaire. Pour le maintien et le développement des RASED et la
réaffirmation de leurs missions Contre le recours massif aux heures
supplémentaires. Contre l’école sécuritaire de la généralisation de la
vidéosurveillance et des Equipes Mobiles de Sécurité, pour la suppression
de Base-Elèves et des fichiers informatisés et centralisés concernant les
élèves et les personnels. Contre les expulsions de jeunes sans-papiers
scolarisés. Pour le retrait du texte sur la réforme des lycées. Pour la
défense de l’Ecole laïque et l’abrogation de la loi Carle.

SUD EDUCATION APPELLE L’ENSEMBLE DES PERSONNELS [1] À LA GRÈVE, LE JEUDI
21 JANVIER 2010

Cette grève nationale dans l’éducation, et dans toute la fonction
publique, appelée en commun avec la FSU et la CGT, doit permettre
d’organiser un véritable rapport de force, seul moyen de contraindre le
gouvernement à retirer ses réformes. SUD éducation appelle les personnels
à tenir des Assemblées Générales le 21 janvier afin d’organiser
collectivement la suite du mouvement. Pour Sud Éducation, on ne pourra
faire l’économie d’une grève prolongée jusqu’à satisfaction des
revendications. Les grèves d’un jour ont montré leur inefficacité. La
reconduction de la grève doit être débattue, ainsi que la construction
d’un véritable rapport de force au niveau interprofessionnel.
Notes

[1] enseignants et chercheurs, IATOSS et personnels éducatifs, titulaires
ou précaires, de droit public ou de droit privé

http://www.sudeducation.org/

15 janvier 2010