La CNDP avait déjà touché le fond. Elle creuse encore.
Ce soir, 7 janvier 2010 avait lieu à Rennes le 11ème faux-débat sur les nanotechnologies, organisé par la commission nationale du débat public. Le débat était retransmis en direct sur internet. (Ce compte rendu est écrit à partir de la retransmission, et est donc partiel. Il ne fait notamment pas état des conditions d’entrée dans la salle, ni des tracts qui ont pu être distribués. Nous laissons à nos camarades bretons le soin de publier un compte rendu plus détaillé.)
Depuis le début de cette campagne commanditée par le gouvernement pour nous faire accepter les nanotechnologies, la CNDP, essuie échecs sur échecs : débats annulés par les opposant-e-s à Lilles et Grenoble, débats perturbés à Clermont, Toulouse… (lorsqu’elle n’empêche pas l’accés aux réunions à des dizaines de personnes, comme à Caen ou Besançon)
Environ 150 personnes avaient pris place dans la salle vers 19 heures 30.
Aujourd’hui la CNDP voulait montrer un visage plus cool. Tout le monde à la tribune est habillé décontracte. C’est Isabelle Jarry qui préside la réunion [1]. Jean Bergougnoux et Jean pierre Chaussade en ont ils marre de se faire ridiculiser en public ?
La présentation des membres de la tribune est timide, les personnes ne sont pas très à l’aise. Avant de lancer le débat, Isabelle Jarry propose la parole à la salle. Une personne s’empare du micro et fait une intervention, un peu fastidieuse, mais bienvenue, pour dénoncer un faux débat.
Fin du débat, début du brouhaha. Haha.
Les applaudissements fusent de toute la salle, et ne s’arretent plus. Le bruit des sifflets se fait rapidement entendre, et en haut de la salle une très grande banderolle est déployée. On peut y lire :
« Débat virtuel, nuisances réelles. »
Jarry tente de reprendre les choses en main, mais en vain. Les interventions des personnes à qui elle donne le micro sont noyées dans le bruit. Elle s’énerve, s’agite.
A un moment, Lucie Lebrun des amis de la terre, qui se trouve à la tribune, et qui a donc accepté de se joindre à cette mascarade, tente de prendre la parole. Elle est huée.
Aprés environ trois quart d’heure, la CNDP doit s’avouer vaincue. Elle annonce la suspension du débat. La tribune quitte la salle ainsi que la majorité du public. Mais Isabelle est tenace, elle continue quand meme, presque seule, de prendre à partie les opposants. Au bout d’un moment elle parvient à se procurer un sifflet et se met à ponctuer ses interventions de coups de sifflet ! « On peut débattre maintenant que moi aussi j’ai un sifflet » lance t’elle. Elle aussi, elle creuse encore…
Les opposants continuent de scander des slogans et de l’ignorer. Avant de partir, Jarry relance son appel à poursuivre le débat sur internet.
Une demi heure plus tard, les membres de la CNDP et les invités de la tribune se retrouvent retranchés dans une petite salle, serrés autour de deux tables. Ils peuvent cette fois discuter tranquillement entre experts et gens convaincus de l’avenir du nanomonde, et de l’utilisation qu’on pourrait faire des nanos pour lutter contre l’obésité…

Décideurs, industriels, technocrates et autres gestionnaires du désastre, nous ne vous laisserons tranquilles nulle part. La tournée de la CNDP n’est pas fini. Prochaine étape : Lyon le 14 janvier.

Pour plus d’infos sur la tournée de la CNDP et sur les raisons de s’opposer au nanomonde : www.nanomonde.org

Des opposant-e-s au nanomonde.

[1] A la fois scientifique et écrivain, elle a vraiment le profil pour bosser dans l’acceptabilité. Elle a déjà été commanditée par l’INRA pour écrire un roman sur un de leur labos. Elle était accompagnée dans ce projet par Patrick Legrand, lui aussi membre de la CNDP. Sur le site de la CNDP, elle se targue aussi d’avoir écrit un essai sur Orwell. C’était bien la peine de lire Orwell pour se retrouver à promouvoir le monde qu’il a passé sa vie à condamner.