La première cible de cette série d’attaques nocturnes a été le centre culturel de la société amicale chilienne « Salvador Allende » dans la nuit du 26.11 au 27.11 : comme déjà au mois d’août, des pavés ont été jetés sur les vitrines du magasin dans la Jonasstraße. Même scénario quelques jours plus tard (dans la nuit du 6 au 7 décembre) dans la Richardstraße : les vitres de la « Galerie Olga Benario » sont caillassées et brisées. Les deux dernières (à ce jour) attaques néonazies ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi : les vitres de l’espace alternatif au 54 de la Friedelstraße ont étés cassées et le store du café collectif « Tristeza » a été enlaidi par des gribouillages néonazis.
Peu auparavant, le nom de plusieurs de ces lieux était diffusé dans une liste anti-antifa sur le site internet du milieu néonazi berlinois, avec des encouragements peu dissimulés à passer à l’attaque. Les antifas de Neukölln s’opposent à cette aggravation de la violence néonazie et appellent résolument à s’y opposer.

Ces derniers temps, en ouvrant le journal, en allumant la télé ou la radio ou même tout simplement en prenant le métro [où sont diffusées sur des écrans télés des infos provenant d’un journal conservateur], tout semble indiquer que Berlin serait sur le point d’être mis à feu et à sang par des « terroristes rouges ». Dans l’ensemble du spectre politique des forces soi-disant « démocratiques » de Berlin, les politiciens surenchérissent en formulations populistes défendant la loi et l’ordre, d’après lesquelles la police devrait se montrer plus ferme face aux « talibans de quartier » d’extrême-gauche ou encore souhaitent une « table ronde contre la violence d’extrême-gauche ».
Placer l’activisme d’extrême-gauche au même niveau que la violence meurtrière néonazie : cette conception erronée, issue des théories du totalitarisme, reprend de la vigueur, même si elle n’avait jamais complètement disparue. Il n’y a pas que la presse à sensation qui profite des voitures brûlées et des détériorations nocturnes des bâtiments d’instances officielles de la répression pour en appeler à l’expulsion des « nids terroristes d’extrême-gauche » (dans le journal Bild : http://www.bild.de/ BILD/regional/berlin/aktuell/2009/11/18/brennende-autos-linker-terror/raeumt-endlich-ihre-nester.html ). Sous-entendus ici, les Freiräume, des espaces ouverts et autogérés, où il est possible de se voir, de faire la fête ensemble, d’échanger et, enfin et surtout, de se regrouper afin d’organiser collectivement une politique émancipatrice contre les nazis et contre les provocations quotidiennes de la logique utilitariste du capitalisme.
Le sénateur de l’intérieur, Körting (SPD), de son côté, en appelle au combat contre les prétendus « fascistes au vernis rouge » dans un jargon qu’on croyait oublié depuis longtemps. (dans le journal Tagesspiegel : http://www.tagesspiegel.de/berlin/ Ehrhart-Koerting-Linksextremismus-Faschismus;art270,2969713) Aucune comparaison ne semble trop osée, dans cette campagne actuelle de diffamation des structures alternatives et d’extrême-gauche, tout est bon à instrumentaliser. Placer au même niveau des activistes d’extrême-gauche s’opposant à la restructuration urbaine selon une logique capitaliste a-social, et le Ku-Klux-Klan extrêmement raciste et antisémite, ou encore divaguer sur des « SA rouges », ce n’est pas seulement monstrueux d’un point de vue historique, mais cela fait état – de par leur révisionnisme – d’une incapacité totale à analyser politiquement la situation. Le plus grand danger de ces comparaisons n’est toutefois pas là : si la société allemande est parvenue à la conclusion, comme souvent par le passé, que l’ennemi principal se situe à gauche sur l’échiquier politique, alors le pas consistant à minimiser et à masquer la violence des néonazis est déjà franchi. On semble tout à coup avoir oublié que ce sont les nazis qui, depuis 1990, ont tué 140 personnes et qu’à cause de leur présence, ceux qui ne cadrent pas avec leur vision du monde méprisante doivent encore craindre quotidiennement pour leur intégrité physique, voire même pour leur vie.

Dans un climat social où des taches de peintures sur des façades, ou encore des pneus de voitures de police endommagés par des chausse-trapes (clous tordus), sont qualifiés de « terrorisme » et sont assimilés à des meurtres néonazis, voir à des crimes des temps du nazisme, il est peu étonnant que les néonazis se sentent soutenus dans leur action et encouragés à poursuivre. Ce n’est un secret pour personne qu’il existe une scène néonazie active en particulier dans le sud de Neukölln, dans les quartiers de Rudow et de Buckow. La violence potentielle de cette structure s’est à présent déchargée sur quatre lieux alternatifs du nord de Neukölln. Et il n’est pas étonnant non plus que l’Etat comme les néonazis voient d’un mauvais œil les structures et les lieux alternatifs d’extrême-gauche. Ce sont justement des structures d’extrême-gauche fortes qui se sont révélés être, par le passé, le moyen le plus efficace et durable contre la violence d’extrême-droite et contre les structures néonazies. Tout comme les lieux alternatifs offrent un espace pour développer une approche politique émancipatrice au-delà des rapports de domination que sont le racisme, l’antisémitisme, le sexisme et le capitalisme, afin de permettre de les libérer des contraintes de l’Etat, du Capital et de la Nation.

Ce qui est important maintenant, c’est de réagir résolument face à ces lâches attaques. Nous vous appelons tout d’abord à vous montrer solidaires avec les lieux concernés. Il est tout aussi important de garder les yeux ouverts et de s’opposer fermement à toute activité néonazie. Organisez-vous, soyez actifs, montrer aux néonazis par vos actions diverses et variées qu’ils doivent s’attendre à Neukölln à une résistance antifasciste énergique.
Une première occasion pour la résistance antifasciste : dimanche prochain, le 20.12.2009, à 17.00, métro Hermannplatz. Un collectif de lieux, de cafés alternatifs et de groupes antifascistes appellent à manifester à travers Neukölln, en réaction aux attaques néonazies de la semaine passée.

Infos sur les lieux concernés:

-Chile Freundschaftsgesellschaft „Salvador Allende“ (Jonasstraße 29):
http://salvador-allende-club.de/
http://www.dkp-neukoelln.de/index.php?option=com_eventl…id=11
http://www.sdaj-berlin.de/category/veranstaltungen

-Galerie Olga Benario (Richardstraße 104): http://www.galerie-olga-benario.de/

-Projekträume in der Friedelstraße 54: http://radar.squat.net/index.php?mode=details&profile=r…=3814

-Bar –und Kneipenkollektiv „Tristeza“: http://www.tristeza.org/

Infos sur les acteurs – trices et sur les structures de la scène néonazie à Neukölln:

-www.antifa-recherche-neukoelln.de.vu
https://berlin.antifa.net/wp-content/uploads/fightback0…4.pdf

Auteur – e : http://www.antifa-neukoelln.de.vu