Coalition contre Agrexco

Une mission d’enquête et de solidarité

La vallée du Jourdain est une bande de terre à l’est de la Cisjordanie qui du nord au sud constitue environ un tiers de sa superficie. Occupée depuis 1967, puis classée Zone C, sous administration israélienne (sauf Jéricho et ses environs) depuis les accords d’Oslo en 1993, elle a toujours été soigneusement séparée du reste de la Cisjordanie. Bouclée par 11 checkpoints dont 5 partiels elle est totalement sous contrôle des colons et de l’armée d’occupation. 95% des terres sont sous contrôle israélien, confisquées par l’armée qui les a classées zones militaires ou confisquées par les colons qui contrôlent 98% de l’eau qu’il revendent fort cher aux palestiniens.

Des centaines de hameaux ou villages palestiniens ont disparu, rayés de la carte. Les quelques restants tentent de survivre dans un contexte de répression sauvage (cf. compte rendu sur les démolitions de tentes de Bédouins du village de Fayacil) et sous surveillance totale du fait du quadrillage mis en place par les colons et l’Etat israélien. Le résultat nous donne l’impression d’une population à la merci absolue et permanente de l’arbitraire de l’occupant. D’où la quasi impossibilité d’une résistance ouverte comme en certains lieux de Cisjordanie ou Jérusalem. Cette paralysie engendre souvent la résignation, parfois même l’abandon de toute perspective de changement à long terme et pour une minorité, aidée en cela par la politique de « paix sociale » ouvertement menée par l’Autorité Palestinienne : l’installation dans l’occupation, y compris pour une poignée dans la collaboration ouverte. Tels les « intermédiaires », véritables hommes de main des colons chargés de gérer la main-d’œuvre palestinienne qui travaille dans les colonies.

Les colonies agricoles s’étalent de part et d’autre de la route principale qui du nord au sud traverse la vallée du Jourdain. C’est la chasse gardée de la société d’état israélienne : Agrexco-carmel qui commercialise à l’exportation 70% des fruits et légumes de la vallée.

Voir l’article de Protection Palestine :

http://www.protection-palestine.org/spip.php?article7862

et la vidéo :

http://www.coalitioncontreagrexco.com/spip.php?article24

Voir également l’article de CQFD n° 72 :

Agrobusiness colonial

Agrexco, exportateur israélien de fruits et légumes, devrait s’installer à Sète d’ici 2010, créant 200 emplois. Ce projet, intimement lié à la colonisation de la Palestine, contribuerait au passage à flinguer l’agriculture paysanne en Languedoc-Roussillon. Tout le monde n’est pas d’accord…

« Vous savez qu’ici nous sommes une zone libérée d’Eretz [Israël] depuis trente ans! » C’est par ces mots que l’inénarrable Georges Frêche, président de la Région Languedoc-Roussillon, accueillait une délégation israélienne en 2007. Car Jojo est un chaud partisan de la politique de Tel-Aviv. À tel point qu’en janvier 2009, en pleine offensive contre Gaza, et en prévision des futures régionales, il annonce un plan d’investissement· de 200 millions d’euros pour le port de Sète, avec l’arrivée sur le terminal de la société israélienne Agrexco – un des plus gros exportateurs de fruits et légumes frais dans le monde. L’arrivée d’Agrexco sur Sète a pourtant du mal à passer. Car cette firme vend illégalement des fruits et légumes labellisés « produits d’Israël », mais cultivés dans des colonies implantées sur les territoires palestiniens, principalement dans la vallée du Jourdain.

Une vallée où 7 000 à 9000 colons contrôlent 95 % des terres et 98 % de l’eau. Agrexco est l’une des principales entreprises à exploiter les ressources agricoles de ces colonies, illégales au regard du droit international. Pire encore : Agrexco, gérée à 50 % par le ministère de l’griculture israélien, est le véritable bras armé de la politique de colonisation agricole en Palestine.

Georges Frêche, sous prétexte de créer 200 emplois, signe donc un contrat avec une boîte qui exproprie les paysans palestiniens, puis les embauche à moindre coût sur leurs propres terres. Le sujet rend le président de Région chatouilleux: à l’avant-veille d’une manif contre Agrexco, il déclare, tout en finesse : « Ils manifestent pour Ben Laden !» À une lettre de France-Palestine Solidarité l’interpellant sur son non-respect du droit international, il répond : «Je n’ai pas l’habitude de mêler la politique et l’économie.» Dans la foulée, il accuse d’antisémitisme un élu Vert opposé au projet.

Si cette opposition était au début plutôt timide (qui va cracher sur 200 emplois ?!), une coordination de 93 partis politiques, syndicats et associations a vu le jour à l’appel d’une « coalition contre Agrexco ». Car l’arrivée à Sète de ce fleuron de la colonisation israélienne soulève de nombreuses questions politiques, mais aussi économiques et écologiques. Pour Nicolas Duntz, de la Confédération paysanne, l’implantation d’Agrexco est aussi une « aberration écologique et économique ». « Transporter un produit sur des milliers de kilomètres» coûte cher à la planète et à la paysannerie locale. « On ne peut pas avoir de politique de développement agricole régionale fiable si on ne met pas tout en œuvre pour créer de l’emploi paysan. »

La coalition contre Agrexco arrive donc à se mobiliser sur plusieurs fronts : solidarité avec la Palestine, boycott des produits israéliens, droit international, emploi paysan, autonomie alimentaire, écologie. En juillet, quatre membres de la coordination sont partis en Palestine pour rassembler des preuves, en vue d’une éventuelle action en justice. Si le combat a démarré dans l’Hérault, il doit à terme devenir européen, car, comme l’explique Vincent Mazureck (NPA), «si Agrexco est rejeté de Sète et s’installe à Barcelone, on sera bien avancés…». Mais si, faisant l’unanimité contre eux, les truands d’Agrexco atterrissaient en prison, on leur apporterait des oranges palestiniennes.