A bas l'OMC



Le samedi 28 novembre 2009 a eu lieu le coup d’envoi des premières actions anti-OMC, dix ans après la bataille de Seattle, réunissant 4 à 5000 personnes dont 500 à 1000 autonomes et camarades des quartiers populaires. Si le Sommet commence officiellement le lundi 30 novembre, les réseaux anticapitalistes n’ont pas attendu et ont ouvert les hostilités face à ce nouveau Sommet de la domination, de l’exploitation et du capital.

A cette occasion, le Centre Autonome de la place des Volontaires (qui existe depuis 20ans) s’est aménagé en Centre Info Point ; et l’université Uni-Mail occupée depuis deux jours contre la privatisation de l’enseignement supérieur (dans le cadre du grand mouvement européen de résistance des facs) s’est ouverte aux militants et activistes internationaux.

14h, place Neuve, un bon millier de personne sont déjà rassemblés et le cortège partira vers 15h avec 5000 personnes, notamment après l’arrivée de leaders paysans contestataires sud-coréens bloqués quelques temps à la frontière.

S’ensuivront plus de trois heures de guérilla, de saccage de sièges de boîtes d’assurance, de banques, de boutiques de luxe (Louis Vuitton, Rolex, etc.), de voitures de luxe (énormes BMW, Mercedes, porches, etc.) dont au moins trois ont brûlé, d’affrontements avec la police, etc.

Ce qui est intéressant à noter est la détermination des autonomes à tenir la rue, car malgré la première scission du cortège par de violentes attaques latérales de la police appuyées par des blindés canons à eau assez rapidement, un bon millier de personnes s’est regroupé dans un parc afin de se rendre directement au siège où se tiendra le Sommet de l’OMC. Malgré les violentes répliques des policiers anti-émeute, différents cortèges sont passés par les quartiers populaires à proximité où plusieurs centaines de jeunes habitants prolétaires ont rejoint l’action.
Malgré l’armement policier (emploi massif de grenades lacrymogènes, quatre blindés canons à eau, flashball, voltigeurs…), les révolutionnaires ont gardé l’initiative jusqu’à 18h.

La répression policière avait une tactique clairement affichée : laisser les plus offensifs aller de l’avant, attaquer latéralement, scinder au maximum les groupes pour diviser les cortèges et isoler les militants-activistes. Pour cela, plutôt que de se positionner en lignes fixes et lourdement armées, la police a utilisé les tactiques de petits groupes mobiles (30 flics maximum) intervenant rapidement latéralement ou à revers au corps à corps (pas de boucliers, justes matraques et flashball). A l’avant les flics repoussent les émeutiers à coups de gaz, et les petits groupes mobiles de flics d’intervention rapide surgissent lors du reflux.
Si ces tactiques policières se révélèrent redoutablement efficaces, il est intéressant de noter la détermination des autonomes à toujours tenter de se regrouper pour attaquer de nouveau en direction du siège de l’OMC, puis de tenir la rue (surtout dans le quartier de la gare), avant enfin d’adopter eux-mêmes les tactiques de petits groupes mobiles harcelant la police et s’attaquant aux cibles capitalistes dans tout le centre-ville.

Militairement parlant, il n’y a pas de réel vainqueur. Ce n’est que vers 18h30 que les flics contrôlent enfin le terrain en quadrillant systématiquement toute la ville, notamment à l’aide de brigades de voltigeurs.

Ainsi, la police suisse, à la différence des flics français lors de l’Otan notamment, ne cherchent pas l’intimidation spectaculaire et le contrôle tout azimut du moindre mouvement de la population, mais à intervenir strictement lors de l’action.

Lesdits « pacifistes » qu’ON cherche à distinguer des partisans de l’action directe, contrairement aux dires de la gerbe médiatique, sont restés solidaires, dénonçant exclusivement le dispositif policier et sa violence d’intervention sans distinction (gaz dans les tramways, dans les boutiques, enfants blessés au niveau de la gare par flashball lors de la répression globale). La Brigade des Clowns Activistes et de la Batucada ont aidé à dissoudre complètement cette division d’Etat entre « pacifistes » et « casseurs ». De même, la « population » n’a pas cherché à s’interposer contre les émeutiers.

Le plus notable est la réussite de la jonction avec les quartiers populaires.

Le temps d’une après-midi, la rage mêlée à la joie, nous avons détourné les flux du quotidien, nous avons donné un nouveau plan de consistance aux combats de rue desdits « banlieusards », nous avons brisé les fibres de ce faux réel ;
Nous avançons, et découvrons soudainement ces rues que nous croyions si bIen connaître, ces avenues autrefois celles du quotidien castrateur et assassin de la Machine que nous huilions de nos pas résignés, et qu’à présent nous enrayons de notre force offensive.

Nous découvrons subitement l’importance d’une rue trop large ou trop étroite, celle des ruelles et des impasses, de l’importance stratégique et tactique de tel nœud de carrefour, de tel agencement, et nous savons tout autant l’importance de notre action à dérégler ces flux : nous voyons enfin en le créant l’urbanisme révolutionnaire.

Détruit ce qui te détruit.
Pas de justice, pas de paix.

G. -Un enragé.

Bilan officiel temporaire : 33 arrestations

Une autre contribution sur cette journée : Anti-Omc