Mardi 17 novembre 2009 – Chambre de Commerce et d’Industrie – Lille

Ce soir, la caravane publicitaire des nanotechnologies pilotée par la CNDP s’arrête à Lille. Elle est censée présenter les textiles innovants et poser la question des RFID. Nous sommes un petit groupe décidé à obstruer cette campagne d’acceptabilité. En arrivant à la CCI, les RG habituels sont déjà présents. Ils sont épaulés par 3 agents de la BAC mais laissent tout le monde rentrer.

L’accueil est chaleureux. Des hôtesses nous ouvrent les portes, nous tendent des questionnaires, et nous dirigent vers la table sur laquelle sont entreposés les « cahiers d’acteurs ». Des Verts au MEDEF en passant par la CNIL, chacun y présente son petit point de vue sur papier glacé. Puis nous entrons dans la salle de spectacle, moulures au plafond et tout le decorum patronal. Tout un arsenal de caméras « couvre » l’évènement. Aux quatre premiers rangs sont serrés des gens très sérieux en costard-cravatte. Un petit film de présentation du débat introduit les premiers propos de Chaussade, debout sur une estrade. Il prend un certain temps à dire comment va se passer le débat et quel est le processus de prises de paroles, rappelant le respect des arguments de chacun et nous invitant à donner notre avis aussi sur le site internet.

A peine son allocution terminée, un premier bras se lève dans un coin de la salle. « Une question ? Oui, oui tout de suite, voilà le micro ». La personne commence par dire que ce débat ne sert à rien et que tout ce qui sera dit n’aura aucune incidence sur les recherches en cours – la tête de Chaussade entame sa liquéfaction. Elle rappelle ensuite ce qu’est la CNDP et qui est le prestataire I&E Consultants qui organise cette campagne. Et elle termine très sincèrement : « En espérant que ce débat soit un désastre, bonne soirée ! ». A ces mots, une huée d’applaudissements portée par une soixantaine de personnes vient joyeusement ponctuer l’intervention. Elle va durer 1h30.

Tout au long du « débat » transformé en cantine d’école, les avions en papier atteignent les premiers rangs. Au milieu du vacarme et des slogans comme « Le débat on s’en fout, on veut pas de nanos du tout », des « interventions » tentent de « recentrer » le débat. Avancées sur le plan de la santé, connaissance du vivant, bénéfices écologiques, les prises de parole se perdent dans le brouhaha. Le son du micro est poussé. En vain. Une personne vraiment excédée finit par hurler « Vous êtes des enfants gâtés. De toute façon, vous êtes déjà tous fichés. Viens, on va en discuter dehors ». C’est trop marrant. Les cancres du fond de la salle lui crient « Une autre, Une autre ! ». Et il a droit lui aussi à ses boulettes de papier. Au bout d’une heure, un échantillon de ce textile intelligent qu’on appelle « banderole » est alors étendu. On y lit « Débat pipeau. Nanos pas rigolos ». La tension monte un petit peu. Mais les agents de la BAC semblent avoir l’ordre de ne pas bouger. Il y aurait quatre cars de CRS à l’extérieur.

Mais tout se termine dans le calme. Les premiers commencent à partir voyant que cette soirée ne mènera à rien. Chaussade remercie tout le monde, il s’excuse pour le déroulement du débat, etc. Chacun sort sans souci et calmement. La fête est finie. A Lille, la mascarade n’a pas eu lieu.