Samedi 7 novembre.

Vers 23h, la police a éteint la lumière et a ordonné aux retenus de rentrer dans les cages, anticipant ainsi sur les horaires habituels et limitant un peu plus la vie sociale des prisonniers. Les reclus ont refusé et la police a fait irruption en frappant avec les matraques et faisant allonger certains prisonniers par terre. Cela a engendré une petite bataille qui a duré 1h entière : la dynamique des faits n’est pas très claire, nous savons seulement que la police a utilisé les matraques et les jets d’eau et que les reclus ont lancé des bouteilles et brûlé les matelas. La section féminine a aussi participé à la protestation. Au sommet de la révolte il était difficile de respirer.

Après minuit, la police a commencé a parlementer, convaincant les reclus de se calmer.
A minuit et demi la situation est relativement tranquille mais les prisonniers sont encore sur le qui-vive et il y a des blessés.
A 1h30, il manque des prisonniers à l’appel dans la section B, on ne sait pas si ils sont en isolement, à l’infirmerie ou en état d’arrestation.
Dimanche 8 novembre.
Finalement on apprendra par les autres retenus que les 4 qui manquaient à l’appel ont été arrêtés et qu’ils passeront le lendemain devant un juge pour valider ou infirmer leur arrestation.

Lundi 9 novembre.
L’audience contre les 4 reclus accusés de coups et blessures et résistance à la force publique commencée le matin s’est conclue tard dans l’après-midi avec l’incarcération pour tous les inculpés, même si ils ont tous un casier vierge.
Ils sont tous les 4 très jeunes et l’un d’eux a déclaré avoir fêté ses 18 ans le jour même de son arrestation, ce qui signifie qu’il aurait été placé en rétention via Corelli alors qu’il était encore mineur. La juge ce matin l’a envoyé à l’hopital faire les tests pour confirmer son âge mais il est resorti de l’examen qu’il aurait 19 ans… donc pour eux tout va bien.
Parmi les quatre garçons, trois sont arrivés en italie il y a un peu plus de 3 mois, débarqués en Sardaigne.
Emmenés du Centre d’Identification et d’Expulsion d’Elmas directement à via Corelli et de via Corelli à la prison S. Vittore, ils n’ont jamais vécu un jour de liberté en Italie. Au cours de l’audience est également apparu le mode humiliant avec lequel les 4 garçons ont été contraints de s’agenouiller devant les policiers et de parcourir le couloir du centre, marchant « comme les poules », le tout accompagné des gifles habituelles.

Cette fois, encore plus outrageusement que les autres, on voit comment les accusations sont totalement montées en interne sur 4 des garçons les plus jeunes du centre. Dans l’impossibilité d’entrer dans la section C, coeur de la révolte, la police a décidé de pêcher au hasard parmi les retenus de l’autre section, la B.
L’arbitraire de l’arrestation a créé une forte solidarité parmi les autres retenus. Ainsi, leurs compagnons de cellule, très liés à ces garçons notamment à cause de leur jeune âge, se sont tout de suite déclarés disponibles pour témoigner et suivent très attentivement le procès.

La prochaine audience sera le mardi 17 novembre à 9h30 au tribunal de Milan.

Interview de l’avocat des inculpés :

Pour qui voudrait écrire lettres et télégrammes de solidarité, voici les noms et l’adresse des 4 jeunes garçons inculpés :

* Karim Zitouni
* Toufik Webet
* Samai Bernini
* Saiffedin Sougidi

c/o Carcere di S. Vittore – piazza Filangeri, 2 – 20123 Milano