Les Mapuche sont les descendants des Araucans, peuples installés au sud du río Biobio, dans l’actuel Chili. Ils avaient résisté opiniâtrement à l’empire Inca, puis aux tentatives des conquistadors espagnols, avant de succomber devant l’artillerie moderne d’une l’armée chilienne forgée sur le modèle prussien, à la fin du XIXème siècle.
Depuis, le vol et le saccage de leurs territoires a contribué à hausser le pays au rang de puissance industrielle, exportant à bas prix ses ressources forestières et minières. La « communication » habilement menée par un gouvernement aujourd’hui géré par l’équipe progressiste de Michelle Bachelet, les programmes officiels de prétendue « préservation de la nature », ne peuvent cacher la double et inquiétante réalité d’une destruction massive de l’environnement et, surtout, de la poursuite de l’ethnocide contre les peuples mapuche.
Qu’il s’agisse de la construction d’énormes barrages, noyant les terres des villages indiens, ou de la destruction de forêts plusieurs fois centenaires, l’implacable logique de l’argent semble avancer inexorablement, à l’abri des énormes bulldozers (devant lesquels de vieilles femmes se couchent, invoquant le caractère sacré de ces terres à la fois nourricières et lieu de séjour des morts), soutenue par la violence brutale et raciste des carabiniers.
Dans un récent article, publié dans le quotidien mexicain, le journaliste Raúl Zibechi n’hésite pas à parler de « terrorisme d’état » pour décrire les méthodes employées pour tenter d’étouffer la résistance mapuche.
Emprisonnements, torture, utilisations des moyens militaires les plus sophistiqués, campagnes de dénigrement visant à criminaliser ces indiens qui refusent le « progrès » et ses conséquences. Mais les organisations indigènes, pour l’instant, ne cèdent pas devant un tel déploiement de force. Plusieurs de leurs organisations viennent même, récemment, d’annoncer leur renoncement à la nationalité chilienne, et de déclarer solennellement l’autonomie de la nation mapuche.
Des informations, des pétitions sont disponibles sur les sites d’ONG telles que Observatorio Ciudadano ( www.observatorio.cl) , ou encore sur celui de la Fédération Internationale des Droits Humains, FIDH : www.fidh.org …
Les illusions qu’ont pu susciter l’accession aux affaires gouvernementales des équipes de Michelle Bachelet au Chili, de Cristina Kirchner en Argentine, de Lula au Brésil, de Hugo Chávez au Vénézuela, et enfin de Barak Obama aux Etats-Unis, ne doivent pas nous aveugler : les seuls changements, s’il s’en produit, viendront d’en bas. De la détermination des populations, en premier lieu des peuples premiers, à défendre et récupérer elles-mêmes les terres spoliées, à reconstruire leur autonomie et leur dignité. Sur ce plan là aussi, c’est le message que nous envoient les indigènes d’Abya Yala.

Jean-Pierre Petit-Gras