Le conflit a commencé il y a plus de 40 jours, après que les travailleurs et les travailleuses du tour de l’après midi aient exigé des mesures d’hygiène et de sécurité pour faire face aux effets de la grippe À. À l’intérieur de la fabrique fonctionne une garderie où les travailleuses laissent leurs enfants tandis qu’ils accomplissent leur journée de travail. La revendication consistait en l’octroi de permissions pour les travailleuses enceintes, pour celles qui ont des enfants dans la garderie et pour la fourniture d’alccool en gel sur toutes les lignes de production. La réponse de l’entreprise ne s’est pas fait s’attendre et elle a licencié 162 personnes, parmi lesquelles 40 délégués et déléguées syndicaux, sur un total de 44.

Bien que la revendication ait été réalisée par le tour de l’après midi et qu’elle a consisté en un déplacement à l’administration pour exiger des mesures urgentes, l’action que la patronale a qualifiée de « privation illégale de la liberté » et suite à laquelle elle a réalisé des dénonciations pénales, la majorité des licenciements ont concerné des travailleurs des tours du soir et du matin où se concentrent les délégués syndicaux.

Le conflit des travailleurs et des travailleuses de Kraft est en constante dynamique, il a franchi les frontières de la province de Buenos Aires pour se convertir en un conflit au plan national. De la massive mobilisation ont participé des étudiants, des commissions internes combatives, des mouvements sociaux, des partis politiques, des organismes de défense des droits de l’homme, des référents politiques et sociaux comme Nora Cortiñas, mère de la Place de Mai ligne fondatrice.

Cesar Garcia, délégué licencié du secteur chocolat, a dénoncé sur la Place de Mai : « ils veulent éliminer un tour de production, ils veulent faire des tours américains de 12 heures, ils veulent supprimer la garderie et la salle à manger, pour cela ils ont besoin de se débarasser de la Commission Interne dirigée par Ramon Bogado ». Les travailleurs ont déclaré que la police de la Province de Buenos Aires a volé l’argent du fond de grève comme celui que chacun des travailleurs avaient parmi ses propriétés.

Cristian Barza, également travailleur de la ex-Terrabusi, a dénoncé que le plan qui se cache derrière les licenciements est le démembrement de la Commission Interne qui est oppositeur au Secrétaire général du syndicat de l’alimentation, Rodolfo Daer : « Le plan de la patronale est d’en finir avec la résistance ouvrière … Terrabusi est un exemple, s’ils y parviennent cela va s’étendre au reste des fabriques … » Il a aussi dénoncé la situation de violence qui est vécue à l’intérieur de la fabrique : « Dans la fabrique il y a un vrai état de siège, il y a plus de 300 effectifs de la police … les chefs parcourent les lignes de production avec la police et interdissent que plus de deux compagnons discutent… »

Ensuite c’était le tour de la déléguée Liliana Nivea, elle se trouvait à l’intérieur de la fabrique vendredi quand ils ont été brutalement délogés. Son visage témoigne des des séquelles de la violence et des coups qu’elle a reçus de la part des policiers. Elle a rappelé que ce sont principalement des femmes qui travaillent dans la fabrique : « Tous oublient que les femmes sont la majorité… nous avons été brutalement frappées, toutes les femmes avons été maltraitées ils n’ont fait de différence avec aucune d’entre nous… « Elle a exigé l’intervention de la présidente dans le conflit : » La présidente où est-elle bordel ? Elle représente les femmes de ce pays, cela me fait honte que la présidente soit une femme. Tandis que nous étions frappées, menottées et mises dans des véhicules de police comme des délinquantes, elle se réunissait avec les propriétaires de la fabrique… « 

Plusieurs coupures de routes se sont produites dans différents points du pays : Salta, Jujuy, Rosario, Neuquén et des coupures réparties dans la province de Buenos Aires et la capitale comme la coupure de l’autoroute Panaméricaine, le pont Pueyrredon, le pont La Noria, les Avenues Gaona, Corrientes, Callao, le Congrès, l’Avenue de Mai et 9 de Julio en soutien avec les travailleurs de l’ex-Terrabusi et dans les Chantiers navals Rio Santiago ils ont commencé à faire des arrêts de travail une demi-heure par tour en solidarité.

La force de la revenication et le massif soutien reçu a obligé différents secteurs absents dans ce conflit à faire des déclarations comme c’est le cas du Secrétaire général du syndicat de l’alimentation Rodolfo Daer. De son côté, le gouvernement national et celui de la province de Buenos Aires ont envoyé des fonctionnaires contrôler l’entrée des travailleurs dans la fabrique de Général Pacheco, pour vérifier que l’entreprise n’empêche l’entrée d’aucun d’eux.

Lundi soir, les ministres du Travail de la Nation, de la province de Buenos Aires, le secrétaire général Rodolfo Daer et des autorités de Kraft se sont engagées à retirer la police de la fabrique, à payer les salaires dûs et à revoir les licenciements. Cependant l’entreprise continue de vouloir casser la résistance des travailleurs, la journée de lundi a commencé par 103 télégrammes de suspension, comme mesure de précaution jusqu’à vérifier la participation dans le conflit des ouvriers suspendus et ce mercredi matin, elle a refusé l’entrée d’un travailleur.

Pendant ce temps les entrepreneurs rassemblés dans l’Union Industrielle Argentine (UIA) et l’Institut pour le Développement Patronal de l’Argentine (IDEA), réunis dans la Ville de Rosario, ont exigé au gouvernement de la fermeté et que ce qui est arrivé vendredi dernier dans la fabrique de Pacheco serve de leçon aux travailleurs et travailleuses qui revendiquent et ils ont demandé de « débarrasser les rues ». Tout cela survient sous le regard attentif de l’ambassade des États-Unis, qui a manifesté au moyen d’un communiqué de presse que : « l’Ambassade soutient la pleine application des droits et des protections des travailleurs, ainsi que le respect des droits de propriété et les décisions du système judiciaire ».

Mais la solidarité se multiplie et dépasse les limites du pays. Le conflit est sorti de l’intérieur des fabriques pour être le drapeau de lutte de beaucoup d’organisations sociales, syndicales et politiques.

Zula Lucero, Indymedia Argentine, 30 septembre 2009.
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