Le 13 juillet une manifestation de 500 personnes (selon les gouts contre les violences policières ou plus simplement contre la police) avec banderoles renforcées en tête et queue de cortèges et manifestants casqués a lieu. La police charge, retire au flash-ball, arrête onze personnes (dont un journaliste du monde qui pondra un article on ne peut plus embeded) et les relâche vite sans poursuite. Parallèlement quatre blessés du 8 juillet au flash-ball portent plainte à l’IGS, d’autres témoignent. Les conclusions de l’IGS affirmeraient que le policier éborgneur n’était pas en état de légitime défense. Le parquet de Bobigny ouvre une information judiciaire.

Dans un article du Monde du 30 juillet « les policiers [disent] se sentir « en parfaite insécurité juridique » ». On est bien d’accord, la justice est pénible. Nous aussi elle nous agace, sous antiterrorisme ou pas, on cumule procès et emprisonnements. Non mais, où est la démocratie de notre état citoyen ? On ne peut plus subvertir en paix ! ON nous enferme, ON nous condamne ! Et maintenant, comble du comble, les policiers ne pourraient plus terroriser en paix !

« Le fonctionnaire en question n’est pas une brutasse » affirme depuis la clandestinité un « responsable » policier anonyme. On confirme. C’est plutôt un bon gars, calme et déterminé, qui obéit aux ordres et vise bien. Mieux que ses collègues qui ont du un peu trop sécher le stand de tir : ils ont touché quatre autres manifestants très loin – de 5 à 20 centimètres – de l’oeil. Mais ne chipotons pas, 20 centimètres sur un opposant qui s’enfuit en courant, c’est tout de même un joli coup.

Le Parisien du 18 aout nous informe que le chef des flics du 93, suite à sa « mauvaise gestion » de la manif du 13 juillet (et l’éborgnement ??), a été muté à l’IGPN (police des police de la Province). La maire de Montreuil avait rapporté une petite phrase délicate de sa part : « Si vous n’êtes pas contents, il faut être conscient du fait qu’en Iran, on tire sur des gens. » On est content d’imaginer comment ce type doit désormais juger les actes brutaux de ses collègues (à commencer par son propre passif dans cette histoire).

Ca nous rappelle la ministre de l’Intérieur mutée ministre de la Justice. Quand l’affaire de Tarnac prenait un tournant par trop spectaculairement ridicule, sa créatrice se défilait par un « ca concerne la Justice, elle qualifie les faits en toute indépendance », alors que celle de la Justice du moment affirmait le respect de la présomption d’innocence. Ceux qui auparavant nous réprimait par la force exercée sur les corps (emprisonnement sous anti-terro, mutilation au flash-ball,…) tentent maintenant un second round, nous font frire comme des petits oignons à la poêle des tribunaux et des contrôles judiciaires. Gageons que dans ce jeu de chaise musicale sinistre, ceux qui ont pris leurs places s’occupent toujours avec autant de zèle de la première face de cette même mauvaise pièce.

Ces gens sont grotesques, dommage que le ridicule ne tue pas.