Voici que la Fédération Anarchiste remet le couvert sur la cocotte.

En effet, Hugues Lenoir, « porte-parole de la Fédération Anarchiste Française » –ainsi qu’il se présente lui-même-, a donné une interview à l’intérieur de la librairie munie d’antivols de la Fédération Anarchiste (Publico) à la chaîne parlementaire (LCP) – canal interne de télévision de l’assemblée nationale et du sénat créée en 1993 ayant « mission de service public, d’information et de formation des citoyens à la vie publique, par des programmes parlementaires, éducatifs et civiques. ». Le tout à l’occasion d’un numéro de l’émission « Ca vous regarde » consacrée à « l’ultra-gauche » et diffusée le Lundi 4 mai 2009.

Contents de la réussite de nos camarades anarchistes dans les hautes sphères parlementaires et ne voulant en rien gâcher une carrière politique si prometteuse pour nos compagnons si respectables, nous resterons corrects, malgré la tentation compulsive. Mais tout de même, nous nous sentons plus proches de l’anarchiste Vaillant qui lui, en 1893, n’entra au parlement que pour y foutre une bombe. Mais allons aux faits.

Après avoir précisé que les « anarcho-autonomes » refusaient de répondre à ses questions, le journaliste explique alors qu’il fut obligé de se rabattre sur la FA, dont voici la déclaration fidèlement retranscrite de notre cher porte-parole Hugues Lenoir : « ils sont relativement anti-organisationnels, de ce fait ils ne sont pas complètement les amis de la fédération anarchiste qui justement pense qu’il faut organiser le mouvement anarchiste pour qu’il soit un petit peu plus présent et efficace du point de vue des évolutions sociales. »

Rien de neuf sous le soleil donc, La FA se dissocie de nouveau en espérant ne pas être les prochains sur le tableau de chasse, mais cette fois ci à la télévision, avec un porte-parole officiel et qui plus est sur la chaîne étatique parlementaire. Il précise pourtant que « ces jeunes gens, de façon contradictoire, développent des pratiques qui nous sont extrêmement sympathiques ; par exemple installer une épicerie dans un village rural, développer des pratiques d’autogestion, développer une espèce de culture locale, ça c’est des choses que nous aussi on fait ici ou là ».

Ce que tout bon soldat de la FA doit retenir là, c’est que plutôt que de foutre le feu à ce monde comme Vaillant, il vaut bien mieux monter sa petite entreprise au sein de la communauté rurale, et en auto-gestion, comprendre en SARL. On y avait pas pensé.

Un anarchiste n’a plus d’excuse pour traîner ses guêtres dans cette foutue chiourme new-age, décroissante, bobo et chantre du retour à la terre. A bons entendeurs.

Browning.

Extrait de Non Fides N°IV.

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Non contente de lutter pour l’aliénation par l’organisation, l’alter-capitalisme et le maintien de ce monde, ou plutôt sa non-destruction, la Fédération Anarchiste n’est plus à une ou deux contradictions prés. Ci-dessus, la une du Monde Libertaire N°1555, hebdo avec code barre officiel de la FA. Ce cocktail molotov que l’on voit sur cette couverture d’un gout particulier dans une pure tradition folklorique, est de même facture que ceux utilisés par les amants de la liberté de Clichy-Sous-Bois ou de Villiers-Le-Bel et de tous les autres emeutiers dont la FA s’empresse toujours de dénoncer la violence, « l’irresponsabilité » et « l’auto-destruction ». De la mythomanie esthétique comme art de l’exorcisme et expiation des actes manquants. Ces prestidigitateurs nous expliquerons un jour comment ce qui dans la réalité se manifeste sous la forme d’un petit commerce, peut-il, mis sous la forme d’un dessin mytho, devenir un cocktail molotov. L’anarchisme c’est l’attaque, l’auto-defense c’est le repli.