A Dijon se tiendra début septembre une fête entre femmes-lesbiennes-trans autour du thème du corps. Pourquoi une fête en non-mixité ?

L’idée, c’est de se retrouver à partir du 2 septembre au soir jusqu’au 6, autour de la thématique des corps, avec tout un super programme…

Après un week-end de préparation proposé par les Dragogniasses, collectif féministe de Dijon, nous sommes à même de vous dire que des ateliers de discussions et d’écriture auront lieu tous les jours, des expositions et d’autres ateliers plus ou moins permanents : de destruction défoulatoire, de body painting, de play piercing, des espaces de massages, pour observer et comprendre son corps, pour en faire des moulages en plâtre, faire des jeux, de la sérigraphie… et même plus encore ! et des surprises ! Il y aura un concert le vendredi soir et une boum le samedi, toujours en non mixité.

Venez donc compléter le programme en proposant de nouveaux ateliers et/ou discussions autour de plein de choses (validisme, agisme, racisme, sexisme, transexualité, prostitution, masturbation, (non) sexualité, normativité, rapport à la bouffe, maladie, transformations corporelles, mutilations…).

Evidemment ce ladyfest se fera en non mixité femmes, gouines, trans. Non mixité ça veut dire entre personnes qui se reconnaissent dans une identité de femme, gouine, transexuelle et transgenre. Pourquoi ça, me direz-vous, et à quoi ça sert donc ? Ben le fait d’être entre femmes-gouines-trans autour d’ateliers divers et variés ça nous donne une force collective mais aussi individuelle. La volonté de se serrer les coudes et de se visualiser comme étant une force collective et ben ça donne la pêche !

Et puis c’est se retrouver et partager des trucs parce que l’on subit les mêmes oppressions et qu’à partir de ça on peut construire des réflexions collectives et mieux se comprendre.

En fait, il s’agit simplement de réapprendre dans un cadre favorable à créer des espaces de discussion et de réflexion entre personnes touchées par des questionnements communs. Parce qu’il faut bien le dire, parler et réfléchir avec des personnes qui ont des vécus et des ressentis semblables, malgrè toutes leurs différences, c’est plus facile tout de même !

Les Tanneries

Il n’est peut-être pas nécessaire pour beaucoup de re-présenter les Tanneries, mais pour certain-es oui. Et il nous semble important aussi que ce lieu soit présenté d’un autre point de vue, un point de vue de femmes même ! Alors, les Tanneries c’est, officiellement, un « centre social autogéré », dans lequel des personnes vivent, et où un certain nombre d’activités plus ou moins permanentes et (ir-)régulières sont proposées telles que une bibliothèque, un atelier mécanique vélo, des espaces discussion débat autour de thématiques diverses, une salle de concert avec son dance floor pour les boums, et plein d’autres choses selon les envies de chacun-e. Mais les Tanneries, c’est aussi un espace essentiellement -pour ne pas dire uniquement- habité par des hommes. Malgré une volonté pouvant s’inscrire dans une logique politique de questionnements de la part des personnes investies ou des gens de passage, autour des constructions de genre, et de discriminations, il n’en reste pas moins que certaines ambiances puant le « virilisme » ne donnent ni le goût ni l’envie pour nous femmes de pleins d’horizons d’y venir.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il nous a semblé qu’il était temps d’enfin oser « prendre le taureau par les cornes ». S’y retrouver ensemble, filles-lesbiennes-trans, proches ou non de ce lieu, dans le cadre d’un Lady Fest. L’occasion ou jamais de se réapproprier pendant quelques jours les Tanneries. Le corps…

Nos envies sont qu’à travers tous les ateliers nous trouvions une ligne transversale qui nous permettrait à la fois de réfléchir sur les genres, les corps, les constructions sociales et nos identités. Réfléchir aux mécanismes qui nous oppriment (que parfois nous entretenons) et nous empêchent à plein de moments d’être pleinement ce que nous voulons. Nous avons aussi la volonté de nous réapproprier nos corps, nos sensations, tout en s’amusant. Nous aimerions que le fait de modifier des aspects de nos corps par la peinture, le déguisement et que le fait de les observer nous inspirent et nous permettent d’aller plus loin dans nos réflexions communes, et que chacun-e, trans, femmes, gouines de plein d’horizons différents, s’y retrouvent et s’y sentent le plus à l’aise grâce à des attentions particulières.

Le corps : le tien, le mien, le nôtre, on en fait quoi ?

On est née avec, et notre construction sociale ne nous a pas appris à être bien avec. Parfois on le regarde, mais le plus souvent on l’ignore, on ne veut pas le voir. On ne veut pas non plus le sentir. On est comme souvent déconnecté de lui. Pourquoi ? Pour une multitude de raisons liées majoritairement à des normes. Alors on pourrait essayer lors de ce ladyfest d’approcher cette thématique entre femmes-gouines-trans, afin de se réapproprier notre corps, se dire, tiens, à des moments, je pourrais me reconnecter et essayer de l’aimer et/ou de l’adapter pour ne plus le subir comme un poids mais comme partie de moi.

contact : ladyfest@brassicanigra.org