PTB, Rwanda et génocide: lettre ouverte à la rédaction de SOLIDAIRE (organe du PTB)

A l’attention du journaliste,

monsieur Ludo Martens,

Je serai bref parce que je suis horrifié, je suis scandalisé après avoir lu votre hebdo Solidaire n° 41 du 28 octobre 1998 et plus particulièrement l’article intitulé: « Congo: les mensonges et les aveux de Kigali » que vous avez signé (

voir l’article de Solidaire en cause, ci-joint

).

Votre titre ne me dérange pas car que l’on critique la politique menée par un état, cela se situe au niveau des idées et chacun peut avoir les siennes et doit s’il le peut les défendre. Par contre, vous faites dès le départ un amalgame entre vos critiques à l’égard du gouvernement rwandais, les actions de l’armée rwandaise qui ne fait qu’appliquer les résolutions de son gouvernement et, ce qui est plus grave, vous impliquez un peuple qui n’a pas cette responsabilité et qui, vous le savez, vient de sortir d’un génocide, la plus grande et la plus scandaleuse boucherie de ce siècle.

Je ne puis admettre que dans cet article vous parliez sans nuances et sans aucune raison d’ailleurs d’une ethnie, quelle qu’elle soit et a fortiori de celle qui vient de payer un horrible et lourd tribut à l’humanité: il y a de sinistres précédents car jusqu’en 1940 plusieurs peuples dont les français, les espagnols et les allemands ont eu une attitude et des propos les plus méprisants pour le peuple juif, sans oublier évidemment la communauté catholique. Et l’on sait ce que cette méthode a produit comme fruit effrayant: un génocide. Je ne puis admettre vos propos et afin que vous puissiez tenter de comprendre l’effroi qui m’habite depuis la lecture de votre article, je vous propose de remplacer le terme tutsi par le terme juif chaque fois que vous utilisez le premier terme. Après avoir réalisé cette transformation, relisez vous, vous serez vous-même effrayé par vos propres écrits, j’en suis certain, indépendamment du fait que vous devrez concéder que cette nouvelle version peut être poursuivie par devant les tribunaux tant belges que français, néerlandais, américain et allemands.

Cela fait presque un siècle que l’administration coloniale belge et l’église catholique distillent le virus de la haine raciale tant au Rwanda qu’au Burundi avec les conséquences que l’on connaît parfaitement à présent et vous êtes comme un grand tombé dans le même siphon.

Je suis cependant encore plus scandalisé quand vous tentez de justifier les propos, sans nuance, sans prémices, sans hypocrisie, et typiquement génocidaires du sieur Abdoulaye Yerodia Ndombasi, directeur de cabinet de KABILA: ce sont des propos génocidaires, des appels à la haine raciale, et

traiter les tutsis de vermine et de microbes qu’il faut éradiquer

, cela ne supporte aucune, vous me lisez bien, aucune excuse. C’est inadmissible, écoeurant. On ne peut justifier des propos de cet ordre, de cette nature et de cette ampleur. Qui plus est, ces propos sont proférés devant les caméras de télévision par un médecin psychiatre, membre de deux écoles différentes de psychiatrie. Qui peut mieux que tout autre apprécier la charge affective et sensuelle des mots, leur symbolique, la force des mots avec leur appui corporel, à quoi s’ajoute encore l’intensité de la voix et celle des yeux. Ce psychiatre n’a donc aucune excuse et doit être traduit par ses paires devant l’ordre des médecins de France, indépendamment des procédures à initier devant les cours et tribunaux tant français que belges, puisque ceux-ci sont désormais compétents. Cette incitation au génocide s’est de plus déclenchée contre de simples civils qui n’avaient aucune responsabilité dans les agissements politiques et militaires de ces deux pays qui étaient en guerre, je me permets de le rappeler mais sans doute voulez-vous l’ignorer.

Mais vous, Ludo Martens, vous êtes également sur la bonne piste en proférant des propos racistes, ceux-ci étant, qui plus est, avec une nette tendance génocidaire.

En conséquence de quoi, vous ne faites plus partie, dès à présent, des gens que je fréquente, j’ai le regret, et le devoir d’homme probe et libre, de vous le communiquer. Vos excuses ne vous pardonneront pas, jamais devrais-je dire, et je ne désire sincèrement pas être à votre place car j’ai, quant à moi, une conscience, tout en étant agnostique je me permets de le préciser, et je désire pouvoir continuer à me regarder dans la glace tous les matins sans honte, sans rougir.

Et pour conclure, monsieur Ludo Martens, compte tenu de la différence d’âge entre nous deux, je me permets de vous faire part de quelques remarques et sentences que voici, dans votre seul intérêt:

1° tout excès nuit à celui qui en fait usage et dans votre cas, c’est particulièrement patent; même si vous étiez dans votre droit ce qui n’est assurément pas le cas;

2° vous faites état d’un anti-américanisme des plus désuet: je vous rappelle que le mur de Berlin est tombé depuis bientôt dix ans et que la politique mondiale a bien changé depuis, sauf pour vous; et cela, que vous le vouliez ou non;

3° vous vous affublez de la digne toge anticapitaliste comme si elle vous classait automatiquement dans le clan des bons; cela ne suffit pas de s’indigner, encore faut-il défendre une cause avec des moyens défendables et non avec les lamentables moyens que vous employez: ouvrez les yeux, bon dieu;

4° votre antitutsisme est des plus patent dans l’article mentionné et c’est tout simplement révoltant; vous n’étiez pas ainsi il y a quelques mois encore: quelle guêpe vous a donc piqué? Je n’ai toujours pas compris;

5° vous confondez allègrement la politique du gouvernement rwandais et le rôle de l’APR, l’armée patriotique rwandaise, dans le cadre du conflit congolais à l’est du Congo; l’armée, dans tout pays de droit, ne fait qu’obéir aux injonctions du pouvoir et doit donc appliquer les décisions politiques, bon sang;

6° de plus vous mêlez les tutsis à votre haine du régime de Kigali et c’est bien là que vous vous mettez à dos tout le monde (des plus sensible) du grand créneau des droits de l’homme; vous faites un amalgame des plus regrettable voire même des plus débile;

7° vous avez visiblement opté, dans le douloureux choix qui s’offrait à vous, d’avoir l’audience potentielle de 50 millions de Congolais plutôt que celle de 7 millions de Rwandais; le choix est effectivement simpliste voire enfantin mais, dès aujourd’hui, vous vous mettez déjà le Rwanda (et les Rwandais) à dos et demain vous risquez, en ayant misé sur le mauvais cheval, de perdre les espoirs que vous fondiez sur le Congo: c’est le plus parfait exemple de la très célèbre fable de Lafontaine de

Perrette et le pot au lait

« Adieu veaux, vaches, cochons, couvées », cher monsieur Ludo Martens; vous ne serez assurément pas récompensé de votre appui inconditionnel à ce nouveau régime;

8° votre aveuglement vous fait ressembler à d’autres figures bien connues sur le territoire belge mais qui ne sont que de pâles et ridicules révisionnistes de bas étage: le Père Blanc Guy Theunis, Faustin Twagiramungu, Matata, Filip Reyntjens, Jean-Claude Willame et le sénateur CVP Jan Van Erps; vous rejoignez donc cette galerie de portraits que l’histoire contemporaine retiendra en relation avec le génocide rwandais;

9° à maintes reprises vous utilisez la formule incantatoire de la

bourgeoisie tutsi

; celle-ci existe, c’est un fait mais l’usage que vous en faites est révoltant; sachez que tant les tutsis que les juifs ont toujours accaparé deux créneaux essentiels de la vie économique à savoir le commerce et l’armée; et que c’est en étant des plus efficaces et combatifs dans ces deux secteurs de la vie de la société qu’ils sont parvenus à se défendre contre les agresseurs d’où qu’ils viennent; vous, vous ne les agressez plus monsieur Ludo Martens, vous les vouez à la disparition, ce qui est bien plus grave;

10° vous essayez d’atténuer votre attitude antitutsi des plus manifeste en utilisant la formule typiquement marxiste de « 

la masse tutsi

 » au nom de laquelle la

bourgeoisie tutsi

que vous lui opposez ne peut nullement parler: il y aurait donc, selon votre propre appréciation, et vos seuls critères des plus subjectifs, des bons et des mauvais tutsis ce qui vous permet donc de soutenir

la masse tutsi

et non sa

bourgeoisie

que vous exécrez , dont vous souhaitez la disparition pure et simple; comme démagogie pseudo marxiste, on a rarement vu mieux, je le concède;

11° vous vous permettez de mettre dans le même corps de phrase trois termes que vous voulez que le lecteur associe mais ceci sans que vous n’ayez vous-même eu la probité et l’honnêteté intellectuelle de le faire, à savoir les termes

tutsi, israélien et nazis

: cela s’appelle de la manipulation et quand des principes supérieurs voire sacrés sont en cause comme un

génocide

, vous faites une oeuvre essentiellement nuisible pour tous vos semblables;

12° à vous lire, et à ce titre vous ne faites guère mieux que les révisionnistes cités ci-avant, et je vous cite, car c’est une perle de plus à votre collier:

la bourgeoisie tutsi au pouvoir à Kigali a opté pour le modèle israélien (…) invoque le génocide

; à vous lire donc, les Tutsi usent et abusent à présent du génocide ce qui correspond à une autre formule connue et révoltante chère aux révisionnistes:

le FPR a fait du génocide son fond de commerce

; ce qui, vous le concéderez, ne vaut guère mieux que ce que vous osez écrire tellement c’est outrancier et insultant pour le million de morts rwandais, j’insiste rwandais, voués pendant cent jours au plus horrible des abattoirs tropicaux;

J’ose espérer que le journal SOLIDAIRE prendra ses distances d’avec vous dans les jours qui viennent et ce d’une manière claire et non ambiguë pour tous ses lecteurs. Dans le cas inverse, et je ne suis pas le seul, je vous prie de le croire, je lutterai de toutes mes forces, aidé de ceux qui m’entourent, pour que ces écrits méritent le sort que la loi belge contre le racisme prévoit. Vos écrits sont indignes d’un être censé et a fortiori de quelqu’un qui se prétend un défenseur de la démocratie, de votre conception de la démocratie du moins; non, monsieur vous êtes décidément devenu nuisible pour les idées que vous croyez défendre et, comme écrit ci-avant, j’ai décidé de ne plus vous fréquenter, vous et ceux qui vous soutiendront mais surtout de vous le dire en face, sans détours, en espérant, on peut rêver, une prise de conscience qui vous sera des plus salutaire.

Et je m’adresse à présent clairement et sans ambiguïté à la Rédaction de SOLIDAIRE: je crois pouvoir avoir, pour la présente

lettre ouverte

, non pas un

droit de réponse

dans votre hebdomadaire, mais bien ce que je me permets d’appeler un

devoir de réponse

et ce à une page valable, non pas à la Une, il ne faut pas rêver, mais bien à la Trois ou à la Cinq.

Il en est de même pour votre site internet http://www.ptb.be où se retrouvent tous les différents numéros de SOLIDAIRE et a fortiori ce lamentable article en question: là également j’estime avoir le droit de voir cette

présente lettre ouverte

figurer en bonne place, comme il se doit.

Au plaisir de lire, sous peu, votre désaveu par un

Editorial

cinglant dans SOLIDAIRE, cher monsieur Ludo Martens: c’est tout ce que vous méritez et ce n’est rien à côté des horribles dégâts que vos écrits racistes ont pu provoquer depuis quelques temps déjà dans la tête des lecteurs non avertis de SOLIDAIRE, hebdomadaire d’opinion que je lisais régulièrement, jusqu’à présent.

Je ne vous le pardonnerai jamais, monsieur Ludo Martens, jamais sachez le. Je vous considère, à titre personnel, comme un être nuisible pour vos semblables et utiliserai les moyens que les cours et tribunaux belges et internationaux mettent à ma disposition pour vous empêcher de continuer à produire de semblables atteintes à l’honneur, la dignité, à la probité d’autrui mais surtout de nuire à la vie de vos semblables quand bien même ils sont situés à 7.000 km d’ici.

Vous ne valez guère mieux que le sinistre personnage, propagateur et incitateur à ces opérations génocidaires cité en préambule de la présente lettre ouverte, à savoir le sieur Abdoulaye Yerodia Ndombasi, chef de cabinet de Kabila dont vous avez bien inutilement tenté de justifier les abominables et inadmissibles propos repris ci-avant.
 
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Article extrait de SOLIDAIRE (organe du PTB) du 26 octobre 1998
Congo: les mensonges et les aveux de Kigali
Discours révélateur de Gasana à l’Assemblée générale de l’ONU

Le 2 octobre, Gasana, ministre des Affaires étrangères du Rwanda, a prononcé devant l’Assemblée générale de l’ONU un discours qui restera une pièce d’anthologie de l’hypocrisie, du mensonge et de la perfidie en politique.

Ludo Martens

La bourgeoisie

tutsi

au pouvoir à Kigali a résolument opté pour le modèle israélien: depuis 50 ans, l’Etat sioniste invoque le génocide commis par les

nazis

contre les populations juives, pour justifier sa politique de racisme, de discrimination, de terreur, d’agression et de guerre à l’encontre des Palestiniens et des autres peuples arabes. La thèse centrale de Gasana la voici: «Le Congo traverse le pire moment qu’il a jamais connu dans son histoire mouvementée. Aujourd’hui, un génocide y est perpétré à l’instigation des autorités les plus haut placées. (…) Le génocide et les massacres sont similaires à ceux qui ont eu lieu au Rwanda en 1994. (…) Kabila et ses aides ont incité la population à commettre des actes de violence aveugle contre des personnes vaguement suspectées d’être des rebelles ou estimées être d’origine

tutsi

. (…) Certaines personnes malheureuses ont été brûlées vif pour avoir seulement des traces de boue rouge sur leurs chaussures.»1

Agresseurs et insectes

Comme preuve, Gasana sort entre autres ceci: «Le ministre congolais de la Justice a dit: ‘Ces Rwandais, ces

Tutsi

sont juste des insectes, des microbes qui doivent être méthodiquement exterminés’ ».

Cette ‘citation’ est un faux. Gasana fait référence, non pas à une intervention du ministre de la Justice, mais du directeur de cabinet de Kabila, Abdoulaye Yerodia. Ce dernier a présenté à la presse des soldats rwandais, congolais, angolais (Unita) et ougandais entrés à Kinshasa pour y déclencher la guerre civile. Yerodia a déclaré que

ces agresseurs

s’étaient infiltrés parmi la population comme

de la vermine

et

qu’il fallait les éradiquer

. Son intervention était parfaitement justifiée à un moment crucial. Devant l’infiltration de l’ennemi, l’armée congolaise a hésité, voire paniqué. L’appel au peuple à prendre sa propre défense en mains, à éradiquer les soldats ennemis infiltrés, a provoqué un tournant. Ce sont essentiellement les civils et surtout la jeunesse qui, sans armes, ont arrêté les rebelles. Ils ont brûlé vif certains assaillants pour terroriser les autres afin qu’ils se rendent. En ‘éradiquant la vermine’, la jeunesse kinoise a empêché l’éclatement d’une guerre civile généralisée à Kinshasa qui aurait coûté des dizaines de milliers de morts et des destructions inouïes.

Agression du Congo ou génocide des

Tutsi

? Yerodia s’est expliqué: «Je n’ai jamais désigné ‘les

Tutsi

‘ en tant que groupe. Je visais des gens qui venaient de commettre des actes horribles, comme le massacre de Kasika, au Kivu. Là, dans une église, des centaines de fidèles ont été massacrés, des femmes enceintes éventrées, des corps jetés sur l’autel. Ces actes m’ont amené à traiter leurs auteurs de cette manière méprisante, et je m’étonne que mon vocabulaire ait plus choqué que les faits eux-mêmes ».2

C’est un fait indiscutable que les stratèges et organisateurs de l’agression que subit le Congo sont des

tutsi

rwandais et ougandais. Du fait que la résistance est dirigée essentiellement contre eux, Gasana et le régime de Kigali concluent que l’ethnie

tutsi

au Congo est en train d’être exterminée. Même son maître et protecteur, l’impérialisme américain, n’ose plus nier que le régime rwandais a préparé, organisé et dirigé l’agression contre le Congo. Le but du discours de Gasana est de nier l’agression perfide et criminelle perpétrée par

la grande bourgeoisie tutsi

qui règne à Kigali. Sans cette agression, personne, aucun agresseur ou complice, n’aurait été tué à Kinshasa ou à Kisangani et rien n’aurait permis Gasana de fabuler sur un ‘génocide’. Les actes de résistance nationale contre une agression étrangère, deviennent des ‘preuves’ d’un ‘génocide’, comparable à celui de 1994 au Rwanda. L’hypocrisie est absolument révoltante. Au Rwanda, l’armée et les milices de Habyarimana ont planifié méthodiquement l’extermination de centaines de milliers de civils sans défense. Au Congo, le gouvernement mobilise la population civile pour défaire des agresseurs étrangers et leurs alliés, pour l’essentiel d’anciens militaires mobutistes.

Décider à Kigali du gouvernement congolais?

Gasana a osé déclarer devant l’ONU: «Ce conflit est une affaire purement intérieure. (…) La solution de la crise congolaise doit être cherchée à travers des négociations politiques entre le gouvernement Kabila et l’organisation des rebelles.» Sans l’agression rwando-ougandaise, il n’y aurait simplement pas question d’une ‘organisation rebelle’. L’idée même d’une négociation entre Kabila et les rebelles implique une capitulation devant l’agression rwando-ougandaise. Tous ceux qui prônent des ‘négociations’ sont les complices des agresseurs. Pourquoi Gasana exige-t-il des négociations? Il revient trois fois sur la réponse : pour doter le Congo d’une «bonne direction», d’une «nouvelle direction, clairvoyante et dédiée à la cause nationale», d’une «direction valable». Bref, c’est la clique au pouvoir à Kigali qui décidera quel homme est ‘valable’ pour diriger le Congo! Et le régime rwandais de dicter ce que cette ‘nouvelle direction’ doit faire «éradiquer de l’esprit du peuple congolais la culture du génocide que le président Kabila a continuellement répandue dans le pays.» Dans son aveuglement expansionniste, le pouvoir rwandais ne comprend pas qu’une phrase pareille suffit pour se faire haïr par tous les Congolais patriotes! Kabila n’a pas le moins du monde inculqué une ‘culture de génocide’, ce qu’il a imprimé dans l’esprit du peuple congolais, c’est le patriotisme, le nationalisme, la conscience qu’il faut rompre avec l’impérialisme et ses laquais et forger son propre destin.

Un aveu de l’expansionnisme rwandais

Abordons les parties les plus insolentes du discours de Gasana. Après avoir nié que les troupes rwandaises se battent au Congo, Gasana insinue que son armée est effectivement au Congo et qu’elle a de bonnes raisons pour y être! Ecoutez-le: «La crise congolaise ne peut pas simplement être réduite à savoir qui est présent au Congo et qui ne l’est pas. La bonne question serait plutôt pourquoi tel et tel sont au Congo. Pour quelles raisons et quels motifs sont-ils là? Pourquoi Kabila en personne a-t-il décidé de sang froid de commettre un génocide? Qui a réellement organisé cette alliance sanguinaire de toutes les forces fascistes – les génocidaires rwandais, les ex-FAR, les milices interahamwe, les restants extrémistes des armées d’Amin Dada et divers terroristes? Les Nations unies, vont-elles attendre jusqu’à ce que le génocide congolais soit terminée?»

Kagame a suffisamment répété que ‘s’il y a génocide au Congo, le Rwanda sera obligé d’intervenir’ pour que nous comprenions le sens de cette tirade. L’agression rwando-ougandaise est la première donnée ; mais la résistance nationale congolaise est ‘interprétée’ par le régime rwandais comme un ‘génocide des

Tutsi

‘ et ce ‘génocide’ justifie l’intervention de l’armée rwandaise Kabila a affirmé que l’agression rwandaise, encouragée par les Etats-Unis et la France, vise a mettre en cause l’indépendance et la souveraineté du Congo. Gasana, dans une phrase assez invraisemblable, lui donne raison: «Un pays qui déchaîne les forces du mal contre des voisins, est inévitablement condamné à long terme à perdre une partie de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.» Les patriotes congolais sauront gré à monsieur Gasana pour ce franc aveu des visées expansionnistes de la

bourgeoisie tutsi

au pouvoir à Kigali et à Kampala. Nous voulons seulement souligner que

cette bourgeoisie

qui pille aujourd’hui les richesses du Congo, ne peut nullement parler au nom de la

masse tutsi

qui, comme tous les peuples africains, aspire à l’indépendance, à la paix, à l’entente et au développement.

1 Toutes les citations: Discours de Gasana à l’ONU, 2 octobre 1998, publié dans The New Times, Kigali, 19-25 octobre 1998

2 Le Soir, 15 septembre 1998

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A propos des massacres perpétrés contre les Tutsis et la minorité Hutue, Ludo Martens, président du PTB ne voit qu’un combat de classe (une fraction des Tutsis étant « coupable » d’avoir été la « bourgeoisie » du Rwanda) organisé par l’impérialisme américain, et nie la réalité de ce génocide :

http://users.skynet.be/am249801/_lai-ptb/lai-0898.htm