Depuis longtemps déjà, le collectif signataire de ce texte s’oppose, sans concessions, aux vues politiques que partagent les prévenus de l’affaire dite de Tarnac. Personne ne peut nier que la qualification de terrorisme retenue contre ces derniers est aussi scandaleuse qu’absurde. Ceux qui connaissent toutefois nos positions, ne s’étonneront pas que l’idolâtrie soudaine qui entoure les théories issues de cette nébuleuse nous semble également condamnable, et ce, autant en raison d’une faiblesse critique évidente et d’un lyrisme parfois délirant, qu’en raison de l’usage intéressé qu’en font les pouvoirs politiques et médiatiques. Cette distinction demeure fondamentale. Seuls les membres d’un comité invisible maintenant exposé en pleine lumière, ainsi que l’automatisme du militantisme gauchiste continueront à y voir motif à « sacrilèges ».

Selon une doxa partagée, certaines positions développées ici apparaîtront tout sauf radicales. Précisément, notre collectif s’honore de n’avoir politiquement plus rien à voir avec les petits milieux que l’on considère comme radicaux, preuve éclatante même, pour certains, d’une « étrangeté révolutionnaire » plus que suspecte. Être désigné par ces milieux au nombre des pestiférés ne nous dérange pas outre mesure, surtout quand cela vient masquer utilement chez eux la mort lente d’une « radicalité » où le nihilisme et le poids mort du passé restent les dernières forces actives. Mais ce qui demeure subversif coïncide rarement avec ce que la paresse, l’ignorance, et surtout l’État, désignent comme tels. L’affaire de Tarnac en est la démonstration exemplaire.

La portée radicale des faits en cause est donc amplement surestimée par les subversifs et leurs incriminateurs. Ils y trouvent leur compte. Par ailleurs, il n’est jamais inutile de prévenir l’impatience légitime d’une jeunesse contre les impasses du nihilisme sacrificiel et des révoltes aveugles.

Pour le reste, rien, dans tout ce que l’on sait désormais de cette histoire, ne justifiera jamais la possibilité pour les prévenus de retourner en prison.