Ce texte pose de gros problèmes dans le cadre de la lutte contre le fascisme et ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il a été repris par la pseudo agence de presse fasciste sans le moindre commentaire.

Cette publication s’est faite en y accolant notre logo. Ainsi, il est nécessaire d’expliquer que nous n’avons pas les mêmes conceptions du fascisme que ce groupe.

Nous avions déjà exprimé nos désaccords suite à la manifestation anti-Soral et, à cette occasion, nous les avions invité à débattre. Ils n’ont pas cru bon de répondre à nos critiques.

Mais ce n’est pas tout, dans le texte du numéro 74 de No Pasaran (journal des « antifascistes radicaux »), ils vont jusqu’à affirmer qu’il n’existe pas de site internet consacré à l’antifascisme à Bordeaux. Nous laissons chacun libre de taper « antifa Bordeaux » sur google pour voir ce qu’il en est !

Mais revenons aux conceptions véhiculées par ce texte.
Pour ces « antifascistes radicaux », le terrain d’affrontement entre fascisme et antifascisme, en plus d’être réduit à celui de fascistes/antifascistes comme nous l’avons montré précédemment, est compris comme étant uniquement une confrontation physique dans la rue.

C’est une grosse erreur de penser cela. Le terrain, c’est tout l’espace social : des profils facebook aux discours autour des matchs de foot du village, des discussions entre collègues au boulot, aux pratiques quotidiennes envers les plus faibles de la société.

Dans ce discours, la compréhension du fascisme est limitée à des individus et a fortiori des militants qui mettent en danger directement et immédiatement une partie de la population dont la plus courageuse devient antifa ! C’est tout simplement la vision d’une bande qui cherche avant tout à préserver sa tranquillité (pouvoir sortir tranquillement, organiser des concerts afin d’être entre-soi !…) et ce n’est pas un hasard si les « antifascistes radicaux » arrivent à reconnaître l’existence de fascistes à Libourne sans pour autant que cela ne leur pose de problème !!!

« Antifasciste radical » : nous pensons qu’il faut se méfier du culte de la quantité et qu’il ne faut surtout pas oublier la qualité. Autrement, on finit par louer des termes comme « militant », « radical », « engagé », « rebelle »… qui ne veulent rien dire et qui sont aussi utilisés par les fascistes !

En fait ces « antifascistes radicaux » ne comprennent pas, non seulement le champ culturel, mais aussi l’origine économique du fascisme.

En effet, la crise économique du système capitaliste pousse les bourgeois à financer les fascistes qui étaient jusqu’alors en position de proposition stratégique. Au moment où les gros bourgeois se décident à mettre leur presse et leurs milliards au service des fascistes afin de maintenir l’exploitation du prolétariat poussé à la révolte par la crise économique, tout peut aller très vite.

Pour le moment, la plus grande partie de la bourgeoisie ne finance pas les fascistes mais ce sera sûrement le cas avec la crise du capitalisme qui s’aggrave. Ce que ces anciens spécialistes n’ont pas compris, c’est que si c’est le cas, ça voudra dire qu’il est trop tard, qu’on aura déjà perdu (au moins temporairement comme en 1933 où la parti communiste d’Allemagne a eu les plus grandes difficultés à survivre avant d’organiser la résistance)…

Refuser l’économie politique a pour conséquence la description que les « antifascistes radicaux » font des fascistes : ils apparaissent, croissent, disparaissent sans raison apparente !!! C’est un peu comme si la météo se résumait à un thermomètre ! Comme si les fascistes étaient seulement des boneheads (skinheads néo-nazis).

Premièrement, être fasciste, ce n’est pas mettre un déguisement et crier très fort qu’on est fasciste, c’est tenter de favoriser la progression du fascisme par tous les moyens et comprendre que la brutalité n’est pas toujours la meilleure solution dans le cadre d’un projet à long terme.

Mais il ne faut pas oublier non plus qu’un fasciste est aussi le résultat d’un glissement lent et progressif d’un individu vers une position fascisante qui ne dit pas son nom comme le fait de laisser faire l’exclusion des filles voilées de l’école, de considérer que « si les pauvres sont dans la merde, c’est bien de leur faute », que l’avortement ne devrait pas être dépénalisé, que les problèmes en France viennent de l’étranger (Etats-Unis, Chine, Israël, pays « arabes », Afrique….)… Il faut donc combattre ces positions !

Comme le dit très bien le héros américain dans « pour qui sonne le glas » de Hemingway (roman au cœur de la guerre d’Espagne dont nous avons parlé les 16 et 19 mai 2009) « Il y en a beaucoup qui ne savent pas qu’ils sont fascistes, mais ils le découvriront le moment venu. »

Pour terminer avec cette analyse produite par le courant « antifasciste radical », précisons que ceux qui pensent que l’antifascisme est une affaire de « militants » spécialistes, non seulement se trompent mais, beaucoup plus grave, méprisent le peuple. Alors qu’au contraire, la garantie réelle contre le fascisme, c’est l’action des masses elles-mêmes. Aujourd’hui, ce n’est qu’en contribuant à la diffusion de la culture antifasciste et en aidant le peuple à s’organiser qu’on lutte contre le fascisme.

Et si on peut avoir des désaccords sur la manière de lutter contre le fascisme, il faut avoir l’audace de débattre, de confronter ses idées avec la réalité et le courage de reconnaître quand on se trompe pour que tout le monde progresse afin d’être efficaces dans la lutte antifasciste, pour la révolution.