« Si je ne l’avais pas fait, d’autres l’auraient fait. »
« Ce qui le caractérise, (le milliardaire) c’est l’absence totale de sentiment de culpabilité. »
George Soros.

Alors que les États s’endettent, les paradis fiscaux prospèrent, quoi qu’en disent les larbins du grand capital et de la haute finance. 100 % des entreprises du cac 40 se trouvent dans les paradis fiscaux. Bnp Paribas, (Nouveau Fortis) est titulaire de 189 filiales dans des paradis fiscaux, dont 27 au Luxembourg et 21 aux Îles Caïman. Les plans de réglementation, lancés comme des campagnes publicitaires, ne sont que des bonniments balancés pour amadouer le spectateur. Le contrôle demeure absent et les roues de la fortune tournent à plein régime tout en restant invisible.

Le bilan des banques se gangrène. De nouveaux actifs sont contaminés jour après jour par les défauts de paiement qui se multiplient. Les crédits titrisés, gagés sur des valeurs futures incertaines, sont autant de bombes à retardement sur un marché emballé, en pleine déconfiture.

Avec la crise qui s’incruste, les profiteurs redoublent d’activité, et la destruction de l’économie, de la société et de la planète reprend de plus belle. Les marchés des changes (Forex) sont en pleine extension. Les prédateurs spéculent sur la valeur des monnaies ou des marchandises, et même sur la valeur de ces valeurs. Il s’y échange près de 4 000 milliards de Dollars par jour (BRI, 2004), hors produits dérivés négociés de gré à gré, souvent automatisés par ordinateurs, qui eux, représenteraient un volume de plus de 84 000 milliards de dollars, mais peut-être beaucoup plus. Sur ces marchés les accapareurs peuvent bénéficier d’un effet de levier de 100 pour 1, contre seulement 2 pour 1 sur le marché actions, ne payant que 1% des sommes qu’ils jouent effectivement. On achète ce que l’on n’a pas et l’on vend ce que l’on pourrait détenir, la réalité devient virtuelle. Les opérations des produits dérivés se déroulent directement entre intervenants, sans connaissance par qui que ce soit des positions de chacun. La traçabilité est impossible et personne ne sait exactement de quoi on parle. Donc le risque global n’est ni mesurable ni contrôlable.

De fait, ces fonds sont des investisseurs qui spéculent sur la hausse ou la baisse des marchés. Qu’il s’agisse d’actions, de titres de dette ou de matières premières, ils accentuent la flambée ou le plongeon des valeurs. Pour doper leurs profits, ils font jouer cet « effet de levier », c’est-à-dire qu’ils empruntent massivement, jusqu’à cent fois les montants investis. C’est un jeu dangereux où les bénéfices des uns ne peuvent être couverts que par les pertes des autres. Dans une période où règne le mensonge, plus rien n’est prévisible. Cette abondance de dettes fait planer un risque systémique, autrement dit une mise en péril de tout le système financier, économique et social.

Quand l’espoir et la confiance disparaissent, le spectacle s’effrite au verso, la révolte tend vers l’infini, et un changement de perspective émerge un peu partout.

Lukas Stella