Pour toutes les fois où je suis apparu à la télévision, au cinéma ou à la radio, comme passant occasionnel ou comme élément du paysage, et où mon image ne m’a pas été payée ;

Pour toutes les fois où mes traces, inscriptions, graffitis, photographies, dispositions d’objets dans l’espace (stationnements fantaisistes, accidents catastrophiques ou spectaculaires, actes de vandalismes, ouvertures de squatts, etc…) ont été utilisées à mon insu dans des shows ou des journaux télévisés ;

Pour tous les mots ou expressions à l’impact communicationnel assuré forgés par moi dans les bars de quartier, sur les places des villes, sur les murs, dans les centres sociaux et qui sont ensuite devenus des indicatifs d’émissions, des slogans publicitaires agressifs ou des noms de bâtonnets glacés, sans que je voie passer un sou ;

Pour toutes les fois où mon nom et mes données personnelles ont été mises au travail gratuitement dans des calculs statistiques, pour adapter l’offre à la demande, définir des stratégies de marketing, augmenter la productivité d’entreprises qui me sont on ne peut plus étrangères ; pour la publicité que je fais continuellement en portant des tee-shirts, des sacs-à-dos, des chaussettes, des blousons, des maillots, des serviettes de toilette où sont inscrits des marques et des slogans, sans que mon corps soit rémunéré entant qu’affiche publicitaire ;

Pour tout cela et pour bien d’autres choses encore, l’industrie du spectaculaire intégré me doit de l’argent !

Je comprends qu’il serait compliqué de calculer combien me revient à moi en particulier. Mais cela n’est pas du tout nécessaire, car je suis multiple et varié. Et ce que l’industrie du spectaculaire intégré me doit, elle le doit aux nombreux autres que je suis et elle me le doit parce que je suis nombreux.

C’est pourquoi nous pouvons par conséquent nous mettre d’accord en vue d’une rétribution forfaitaire généralisée. Vous n’aurez pas de paix tant que je n’aurai pas mon argent !

Beaucoup d’argent parce que je suis nombreux.