Aujourd’hui, la France n’a jamais été aussi riche. 5ème pays le plus riche du monde avec un PIB proche de 1700 milliards d’euros (chiffres 2005), elle consacre moins de 13% de cette richesse au financement des retraites.

Est-trop demandé à un Etat de soutenir un régime de répartition, qui a démontré son efficacité pour assurer un minimum de revenu à chacun après la période dite « active », afin qu’il continue d’assurer la solidarité entre générations?

Est-ce trop demandé à une communauté de répondre, par un choix politique adapté, comme l’avait fait la France de la Libération, aux besoins croissants de financement de ce régime, du fait de l’augmentation de la durée de vie.

Un progrès humain, faut-il le souligner (à l’adresse des chiens fous sarkoziens), auquel, depuis 60 ans, la solidarité sociale a largement contribué. Faut-il à présent accepter la régression comme une fatalité, ce que veut faire croire le dogme ultra-libéral ? Certainement pas !

Les fonds de pension américains pillent les ressources

A l’heure où les fonds de pension américains assèchent les finances mondiales dans une course effrénée à la spéculation boursière, pour payer les retraites issues d’un système de capitalisation qui se caractérise par son injustice en écartant d’un revenu décent des dizaines de millions de personnes, la preuve est faite que le système de répartition ou de redistribution est, de très loin, le plus juste et le plus humain.

Pourtant, c’est bien ce système US pervers, -qui massacre des pans entiers de l’activité économique et tarie les sources de financement des retraites, en France et en Europe, – que les chantres sarkoziens de la loi de la jungle économique combinée au fascisme, n’ont de cesse de prôner.

L’économie de marché tue les emplois durables

Les revenus du « travail », sur lesquels sont basées les cotisations, ne peuvent suffire à pérenniser le régime de répartition. Soit ! Mais à qui la faute ? A une économie de marché agressive uniquement axée sur le profit, laquelle, en se substituant dans tous les secteurs à une économie de « subsistance, a détruit le tissu des emplois durables liés à la production de biens.

En quelques décennies, les revenus spéculatifs, responsables de la baisse des investissements productifs, ont connu une croissance énorme au détriment des autres formes de revenus. Or, la spéculation, en captant et immobilisant une grande part des ressources financières dans un circuit fermé, au profit d’une poignée de profiteurs, gangrène les rouages économiques.

La France de plus en plus riche serait incapable de financer les retraites… C’est faux !

Qui peut croire un instant que la France, de plus en plus riche, sera de moins en moins en mesure de financer les retraites ? « Dans le scénario économique de référence du Conseil d’orientation des retraites (COR), si la réglementation actuelle était maintenue, la part des dépenses de retraite dans le PIB, s’établirait entre 11,8% et 11,9% du PIB en 2010, entre 13,6 et 13,8% en 2020 et entre 15,7 et 16% en 2040.
Dans ces conditions, le besoin de financement de retraite passerait de –0,2 point de PIB à 0,2 point en 2010, 2 points en 2020 et 4 points (soit 4% de la richesse nationale) en 2040. » (Extrait du dossier « le débat sur les retraites » la Documentation Française).

En vérité, l’argent existe, et en abondance ! Le PIB a augmenté de près de 37% en 10 ans (entre 1996 et 2005), ce qui représente plus de 450 milliards d’euros A qui a profité cette croissance ? Il suffit de changer les règles et de se servir de cette manne à bon escient !

Allonger la durée de cotisation aggrave le chômage

Consacrer 15 à 20% du PIB pour les retraites est-ce au-dessus des moyens d’un pays comme la France? Non ! Sachant par ailleurs que l’argent ainsi redistribué sera de toute façon réinjecté dans l’économie par le biais de la consommation des retraités et reviendra en partie au budget de l’Etat par la fiscalité.

En 2002, on estimait que le retour à 37,5 ans de cotisations dans le privé ne coûterait chaque année que 0,3% du PIB, soit 4,5 milliards d’euros, à comparer aux 45 milliards d’euros de croissance annuelle (en moyenne) du PIB.

Si les actifs travaillent trois ans de plus, les possibilités d’embauche de jeunes seraient réduites de 100 000 par an. Sources : Alternatives Economiques, janvier 2005. Allonger la durée de cotisation ne peut qu’aggraver le chômage.

Quelques centaines de milliers de nantis,
60 millions de laissés pour compte

Les gouvernants sont aujourd’hui à la botte des décideurs économiques ultra libéraux qui, eux-mêmes, sont les responsables d’une mondialisation outrancière privilégiant les profits immédiats ! Ils veulent une main-d’œuvre à vil prix qu’ils ne trouvent pas ici, alors ils licencient à tour de bras. Voilà ce qui pénalise les régimes de retraite qui perdent des cotisants.

Si les futurs dirigeants politiques continuent dans cette voie, notamment en laissant faire la délocalisation anarchique des pans entiers de nos activités et de nos industries, la France deviendra un aimable désert touristique peuplé de quelques centaines de milliers de nantis et de 60 millions de laissés pour compte.

Les chantres de l’économie capitaliste ultra libérale n’auront alors d’autre choix que d’accepter de redistribuer les richesses produites autrement que par le seul salaire. Faute de quoi, le consommateur français de base, privé d’un revenu du travail, deviendra une espèce en voie d’extinction.

Une retraite progressive à partir de 50 ans

L’être humain de plus de 45 ans pourra-t-il à nouveau être considéré comme un rouage essentiel de la population active ? Non, en particulier, tant que l’idéologie ultra-libérale terrorisera les peuples au profit d’une poignée de nantis sur la planète. En attendant, les quadragénaires et les quinquagénaires ne sont pas responsables de la discrimination qui les frappe.

En juin 2006 ; un sondage CSA indiquait que 76% des Français souhaitaient partir entre 50 et 60 ans, dont une grande part désireux de partir entre 50 et 55 ans. Le travail, sous sa forme actuelle, notamment à cause de sa précarité grandissante et son caractère liberticide par la soumission imposée au salarié, outre qu’il est de moins en moins bien supporté, devient une « denrée » rare.

De leur côté, les entreprises jettent sans vergogne des salariés qui leur ont consacré la majeure partie de leur vie. Dans ce contexte, le pays se doit d’être solidaire en donnant à chacun le droit d’aménager à son rythme sa cessation d’activité (progressive ou non) à partir de 50 ans, grâce à des mesures de solidarité préservant quoi qu’il advienne un revenu minimum d’existence.

Verdi