Je souhaite ici rapporter des faits, avec toute la subjectivité de ma position.

A 20h00, j’ai vu passer face à mon balcon à une quarantaine de mètres de hauteur une épaisse fumée noire, je constatai rapidement un incendie près de la Régie de Quartier Arlequin.

A se rapprocher, il y avait une foule relative (nettement plus qu’à la pluvieuse et intéressante fête du quartier qui avait eu lieu la veille). Tout le gymnase (180m2 à vue d’oeil) adjacent au 70 Galerie de l’Arlequin était en flamme vive. En bavardant un peu avec beaucoup de monde, en écoutant les ressentis souvent contradictoires, j’ai pu retracer un peu l’histoire.

Schématiquement, et sans recouper des catégories d’âge ou d’origines ethniques (qui sont merveilleusement très nombreuses par ici), beaucoup accusaient une certaine provocation policière, d’autres non moins nombreux montraient leur agacement par rapport « aux jeunes voyous ».

Il y eut même des échauffourées, en grande partie provoquée par la présence et l’action d’une BAC très très nerveuse, qui a procédé à quelques arrestations, et menaces par flash-ball désignant le visage.

Le maire Michel Destot et diverses personnalités politiques locales sont arrivés aux alentours de 21h45. J’ai moi-même été témoin de l’arrivée, totalement isolée, du maire au niveau du 60 galerie de l’Arlequin.

L’incendie était très violent, les pompiers ont mis longtemps à le maîtriser, d’autant plus qu’ils disposaient vraisemblablement de matériel défectueux (nombreuses fuites assez importantes). Ils ont même dû évacuer les habitants de l’immeuble le plus proche (70 Galerie de l’Arlequin), ils viennent de leur annoncer (à 23h30) par haut-parleur que le feu était éteint et qu’ils procédaient à l’examen de la toxicité de l’air des couloirs, avant qu’ils puissent enfin regagner leurs pénates.

Auparavant, vers 23h, un nouveau feu partait des zones d’ordures de la Place du Marché, près du 110. Il a été rapidement maîtrisé.

Selon les différents témoignages, un certain nombre de voitures auraient été brûlées sur le quartier, en réaction le préfet aurait décidé une forte intervention policière sur le quartier. Les « forces de l’ordre » auraient alors agressivement « pris à partie » des jeunes du quartier sans avoir la preuve qu’ils aient directement participé aux faits.

Il y a aussi toute une histoire par rapport à d’autres jeunes en scooter et en moto. Cela fait plusieurs mois que les riverains se plaignent d’importantes nuisances sonores faites volontairement par ces jeunes.Les forces policières auraient peut-être décidé de régler cette question en même temps. En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’il y a un cadavre de moto calcinée dans les espaces verts en face du 160.

Dans une ambiance de colère et de vengeance, certains jeunes auraient pris pour cible au coktail molotov les bureaux de vote situés dans le gymnase voisin.

Entre parenthèse ce ne sera que l’épilogue consternant d’une campagne depuis le début irresponsable et abrutissante. La meilleure chose à court comme à long terme aura vraiment été de s’abstenir (ça c’est une autre histoire)…

L’ambiance est assez spéciale. Beaucoup de tension ; dans une altercation où peu de monde a compris grand chose, un trentenaire et un cinquantenaire ont failli en venir aux mains. La police, d’autant plus que ce quartier lui donne beaucoup de peurs et de fantasmes est sur les dents. Beaucoup de colère dans tous les sens. Beaucoup de jugements, sans que toutefois personne n’ait une perception claire des évenements. En même temps des « hordes » d’enfants autour de 10 ans, qui de coutume constituent l’une de nos fiertés, courent de feux en feux, excités par les événements.

Les seuls qui agissent avec un certain calme sont les pompiers, malgré certains défauts dans leurs moyens techniques, déjà évoqués. Ils seront franchement à remercier.

J’insiste beaucoup sur les conditionnels, ce texte se constitue de quelques observations et des récits de chacun.

Il est à parier que certains groupes désireux depuis longntemps de détruire la vie, l’identité et l’orgueuil de ce quartier en profiteront. Cette identité nous l’aimons et nous la défendrons. Mais ce soir, quels que soient les point de vue, il y a beaucoup de regrets, et beaucoup de colère