L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a lancé immédiatement l’alarme, assurant que la contagion pouvait s’étendre au monde entier, par l’intermédiaire essentiellement des voyages aériens. Au fil des jours elle a régulièrement élevé son niveau d’alerte du niveau 3 au niveau 4 puis 5 : la «pandémie» menaçait. Les grandes industries pharmaceutiques, déjà alertées lors de la grippe aviaire (qui s’est avérée être un gigantesque bluff) s’engagent immédiatement à tout mettre en œuvre pour doter les services de santé des divers pays de milliers d’antiviraux et médicaments anti-grippe (comme par exemple le Tamiflu de la société Roche, qui est devenu aussitôt une star des plateaux de télévision !).
En quelques jours la panique de la fièvre porcine a fait le tour du monde.

Au Mexique on a fermé immédiatement écoles, stades, musées, bibliothéques, universités, les masques protégeant bouche et nez faisant leur apparition pour symboliser la «gravité» de la situation ! Un seul individu contaminé (vrai ou supposé) dans un pays relançait aussitôt la machine médiatique qui alimentait l’urgence et la crainte d’entrer en contact avec les éventuels malades !

Selon les médias il y aurait eu au Mexique près de 3000 cas et 150 morts (mais sur le lot il n’y aurait pas plus de 20 décès effectivement causés par cette fièvre ), 1 mort aux Etats-Unis et une dizaine de malades, les cas en Europe et dans le reste du monde n’étant qu’une poignée.

Quelle alarme y aurait-il du avoir alors cet hiver lors de l’épidémie européenne de grippe et de maladies respiratoires qui a fait pour la seule France près de 6000 morts (1), et probablement autant dans les autres pays – c’est-à-dire dans des pays super-développés, dotés d’hôpitaux de services pharmaceutiques et de santé ultra-modernes ? Face aux épidémies réelles qui se reviennent régulièrement chaque hiver, la société capitaliste ne sait faire autre chose que de vendre des quantités de médicaments et de vaccins (en général d’ailleurs inutiles voire nocifs) et à enterrer les morts. Et la même chose se répète en été lors des épisodes de canicule !

Il ne faut certainement pas sous-estimer le danger que peut causer une maladie qui prend une forme épidémique ; une société qui aurait vraiment comme priorité le bien-être et la santé du genre humain, organiserait la vie sociale pour répondre à cet objectif.

Mais ce n’est pas là la priorité de la société bourgeoise, de même que sa priorité n’est pas la préservation de l’environnement et de la nature où vit l’humanité. Comme lors de chaque catastrophe dite «naturelle» (tremblements de terre, inondations, tsunami, éruptions volcaniques, etc.), les morts, les destructions, relèvent en réalité de la responsabilité d’une organisation sociale uniquement fondée sur la recherche du profit : c’est la recherche du profit le plus rapide qui fait construire dans les zones inondables ou volcaniques o usujettes aux tsunamis , qui fait économiser sur les mesures anti-sismiques, etc.

Face à une menace d’épidémie, la société du capital réagit de la même façon, en cherchant à «faire des affaires», que ce soit en vendant des médicaments, des journaux ou en obtenant des subventions supplémentaires pour son «organisation de santé» ; plus la panique se répand, plus on vend : tous les participants à l’opération «panique» y gagnent, qu’ils soient médecins, industriels, patrons de presse ou curés.

Mais il y a un autre aspect.

En diffusant la panique, la bourgeoisie accentue dans le prolétariat le sentiment d’impuissance envers les forces supérieures qui influent sur son sort et contre lesquelles il n’a aucune possibilité de résistance – que ces forces soient un virus redoutable ou les «lois de l’économie». Et, en même temps, la classe dominante et son Etat renforcent leur apparente toute-puissance en fournissant des «solutions», présentées comme les seules possibles : dans le cas de l’épidémie par des médicaments et autres vaccins, dans le cas de la crise économique par telles ou telles mesures de relance ou de régulation. Plus ils se sentent maîtres de la situation, plus leur domination sur les masses prolétariennes est incontestée et plus ils ont de facilité pour falsifier la réalité : leur propagande est celle des demi-vérités et des mensonges ouverts, du silence coupable lors des phases de prévention qui ne se réalisent jamais et du tapage assourdissant lors de phases de spéculation.
Y compris dans de telles occasions les prolétaires sont incités à remettre entre les mains des capitalistes leur vie, leur santé, leur avenir. Il est pourtant bien connu par exemple que la société bourgeoise est incapable d’apporter une véritable solution aux maladies respiratoires provoquées par l’atmosphère empoisonnée des grandes villes (Mexico est l’une des plus polluées) bien plus que par toutes les épidémies de grippe aviaire ou porcine : s’il n’y a donc pas d’alerte de l’OMS, c’est qu’il faudrait détruire le mode de production capitaliste qui génère la coupure entre la campagne et la ville et entasse par millions les prolétaires dans de gigantesques métropoles urbaines invivables.

Ce sont les masses déshéritées et les prolétaires qui sont le plus touchés par toutes les maladies, les périodes de crise économique qui jettent dans la misère, jusque dans les pays capitalistes les plus riches, des couches entières de population, aggravant encore ce phénomène.

La société bourgeoise qui ne pourra sortir de sa crise actuelle qu’en appauvrissant les masses, n’est pas devenue aujourd’hui plus «humaine», plus «solidaire», plus attentive aux besoins vitaux des prolétaires ; elle ne peut par nature que chercher à exploiter les forces vives des travailleurs pour «valoriser» le capital, c’est-à-dire pour accumuler du profit coûte que coûte, quel qu’en soit le prix en termes de santé ou de vie des populations et de pillage de la nature.

Les prolétaires ne peuvent espérer de la classe capitaliste et de son Etat, aucun remède à leurs maux, aucune solution à leurs misères. Quand les bourgeois concèdent quelques miettes aux travailleurs, c’est ou bien parce qu’ils y ont été contraints par la lutte ouverte et classiste ; ou alors parce qu’ils veulent les paralyser en les dressant les uns contre les autres, afin de les préparer à bien d’autres épreuves épouvantables : celles des guerres !

Contre les campagnes de la propagande bourgeoise qui ont pour but de semer la panique et de généraliser l’impuissance parmi les exploités, les prolétaires doivent répondre sur un tout autre terrain : le terrain de l’affrontement de classe, le seul sur lequel peut se reconstituer leur force organisée, le terrain sur lequel peut s’affirmer une solidarité réelle et une unité effective capables de contrecarrer toutes les influences politiques et idéologiques diffusées par la bourgeoisie pour infecter les prolétaire et les soumettre.

Les prolétaires ont une tâche historique à accomplir : celle d’en finir avec la société bourgeoise qui n’est plus capable d’apporter aucun progrès à l’humanité. En finir avec la société bourgeoise, avec son mode de production capitaliste, avec son marché, avec ses guerres, avec son idéologie, sa propagande et ses mensonges, cela ne sera possible que lorsque le prolétariat prendra en main son propre destin, et reprendra la voie conduisant à la révolution et au communisme.

Alors la panique changera de camp et gagnera la classe dominante, terrorisée par la perspective de perdre ses privilèges, ses richesses, sa domination ; les chaînes qui lient le prolétariat seront enfin brisées et le capitalisme, sa société et toutes ses institutions frelatées, y compris « sociales » et de « santé » seront jetés à la poubelle de l’histoire.

(1) Chiffres du « Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire » (15/4/2009) pour les deux premiers mois de 2009.

Parti Communiste International