Dans le cadre de la journée d’action dans les universités et la santé, les étudiants de Caen ont décidé de faire comme les militants CGT du CHU en organisant un barbecue sur l’esplanade. Dès midi, des occupants apportent de quoi manger, un barbecue est improvisé avec des palettes et des pierres. Vu le crachin normand, le feux met plusieurs minutes a démarré. A partir de 14h, les étudiants viennent de plus en plus nombreux derrière le phénix afin de participer à la manifestation annoncée. Des enseignants-chercheurs et des BIATOSS sont aussi présents. Le temps passe et le cortège ne se forme toujours pas. Certains prennent leur mal patience en mangeant et en se rafraichissant. Vers 15h, des étudiants commencent à prendre les pneus et palettes qui avaient été entassé non loin du barbecue. Ce matériel est déposé sur la route juste devant l’université côté Gaillon. Un autre groupe fait de même du côté de la rue Lecornu.

Les étudiants érigent des barricades empêchant ainsi la circulation devant le campus 1. Les restes du barbecue sont aussi déplacés sur la chaussée où se sont regroupés près de 250 personnes. Quelques minutes plus tard, le dispositif policier qui devait encadré la manifestation (2 fourgons et 3 voitures) se déplace vers les fossés Saint Julien au niveau de la clinique de la Miséricorde. Il prend ensuite la direction du Vaugueux et de la rue de la Pigacière. Des motards se postent en bas du Gaillon et rue de la Délivrande pour dévier la circulation. De leur côté, des étudiants passent le temps en jouant avec un ballon de football, d’autres entament des parties de cartes. La barricade qui se trouvait du côté de la rue Lecornu est avancée de quelques mètres. Les rues adjacentes sont aussi bloquées par des palettes et des pneus. Puis c’est au tour de celle du Gaillon et de la rue du magasin à poudre.

Vers 16h, des renforts de police arrivent par la rue Lecornu, des observateurs comptent pas moins de 8 véhicules de police. Pour autant, la tension ne monte pas d’un cran sur les barricades, l’ambiance est toujours bon enfant. Vers 16h20, le directeur départemental de la police, qui est arrivé quelques minutes auparavant, rentre sur le campus et prend la direction du bâtiment de la présidence. On imagine qu’il est parti négocier un éventuel droit d’intervenir sur le campus si cela tournait mal. Pas de chance pour lui, la présidente n’est pas présente et il ne peut discuter qu’avec les vice-présidents ou le secrétaire général. Les policiers, stationnés en bas de la rue Lecornu s’équipent en tenue de maintien de l’ordre et commencent à sortir des véhicules. L’information circule vite parmi les manifestants. Plusieurs palettes et pneus sont rassemblés au milieu de la chaussée. Du liquide pour barbecue est jeté sur le amas ainsi formé. Des briquets allument le feu. 10 minutes plus tard, un camion de pompier arrive par le Gaillon mais il ne peut intervenir à cause de la barricade.

A 17h, les policiers de la section d’intervention marchent vers le campus ; 3 fourgons sont mis en tête et les voitures suivent derrière. A une vingtaine de mètre de la barricade, les véhicules stoppent et les policiers en descendent. Ils forment une ligne sur la longueur de la chaussée forte d’une trentaine de membre. Des renforts de la BAC sont aussi là avec leurs casques. Moins d’une minute après s’être déployé, les policiers foncent vers la barricade qu’ils contournent puis reforment une ligne juste devant la barricade. Des manifestants commencent à prendre peur et se réfugient sur la pelouse du campus, les plus téméraires restent juste devant le « feu de joie » tout en scandant quelques slogans anti-police.

A 17h02, alors qu’AUCUNE SOMMATION n’a été effectuée, les policiers chargent en direction de l’amas de pneus et palettes. Ils lancent des grenades lacrymogènes qui fait dégager ceux qui leur faisaient face. Le campus 1 est rapidement noyé sous un nuage de lacrymogène. Pendant cette intervention, les pompiers en profitent pour éteindre le petit incendie. Après la dissipation du nuage, une majeure partie des étudiants revient au niveau du phénix. Les policiers sont, quant à eux, disposés en ligne au niveau de l’arrêt de bus. Ils font face au campus. Regroupés près du bâtiment Lettres, les étudiants observent les policiers qui effectuent un mouvement rapide vers la barricade du Gaillon. Ils la démontent sous les quolibets des étudiants. Les étudiants qui avaient fui les lacrymos reviennent peu à peu. Il y a encore près de 150 personnes sur les pelouses.

Le face à face est tendu entre policiers et manifestants, quelques projectiles sont lancés en direction des forces de l’ordre. A 17h10, les policiers commencent à se retirer vers la rue Lecornu, maintenant que la barricade du Gaillon a été démontée et que l’incendie a été maîtrisé. Les policiers forment de nouveau une ligne à l’extrémité de la rue Lecornu. De nouveaux projectiles sont lancés en leur direction. Ils répondent par de nouveaux jets de lacrymogènes. Après dissipation du nuage, les étudiants reprennent leur position sur le campus. Quelques uns remontent la barricade du Gaillon ! Les policiers se remettent en marche et stationnent sur la chaussée devant la station de tram. A 17h20, un fourgon et deux voitures de police arrivent du Gaillon et viennent se placer juste derrière la barricade remontée. Quelques projectiles sont lancés sporadiquement sur les policiers sans jamais les atteindre. Mais cela suffit pour qu’ils répliquent par des grenades lacrymogènes.

Vers 17h30, les policiers se retirent de nouveau tout en formant une ligne au niveau de l’arrêt de bus situé face au campus. Les étudiants continuent de leur faire face. Ils renvoient des lacrymogènes pour les tenir à distance. Mais, la pluie aidant, les effets sont annihilés. 10 minutes plus tard, les policiers reculent de nouveau vers la rue Lecornu. Beaucoup pensent que cela va se terminer là. Mais 5 minutes plus tard, ils lancent de nouveau des lacrymogènes et emploient, pour la première fois, une grenade offensive dont le bruit résonne entre les deux bâtiments Lettres et Inscriptions. Après cette nouvelle charge, beaucoup de manifestants se réfugient dans les bâtiment occupés. Il ne reste guère qu’un groupe de 70 personnes sur la pelouse. Les policiers en profitent donc pour se retirer jusqu’au niveau de leurs véhicules.

A 18h, un étudiant qui s’était réfugié sous l’arrêt de bus côté esplanade est violemment agressé par un policier qui lui donne plusieurs coups de matraque dans les jambes. Rien ne lui était reproché…sinon d’être une grande gueule et connu des services de police comme militant. Aussitôt, les étudiants réagissent et se dirigent vers lui mais les policiers répliquent immédiatement par des lacrymogènes. Beaucoup plus de peur que de mal, l’étudiant en question n’est pas arrêté. La pluie redouble et la fatigue se fait resentir des deux côtés. Les étudiants sont appelés à se réunir en comité de lutte, ils quittent progressivement la pelouse pour la direction du bâtiment Sciences. Les policiers attendent quelques minutes puis se retirent vers leurs véhicules. Du côté du Gaillon, les policiers aident les agents municipaux à défaire la barricade. A 18h20, la circulation est rétablie rue d’Edimbourg puis devant le campus. Le dispositif policier est levé. Seuls quelques civils restent sur l’esplanade et tentent d’identifier des étudiants, sans succès. Aucune interpellation n’est à déplorer.