Présente dans la manifestation contre le sommet de l’OTAN, où elle a porté ses revendications antimilitaristes au sein du cortège libertaire, la Fédération anarchiste s’inscrit en faux contre les propos de la ministre des forces de répression visant à accréditer l’idée qu’elles auraient été débordées . Pendant douze heures samedi 4 avril, la quinzaine de milliers de personnes qui avaient pu parvenir sur le trajet n’ont pu accomplir un geste, effectuer un déplacement qui n’ait été contrôlé par des effectifs policiers supérieurs en nombre (11.000 français, 15.000 allemands) et dotés des équipement les plus modernes en la matière : aucun manifestant n’a pu échapper aux caméras postées sur les trois hélicoptères dont le bruit lancinant contribuait à créer une ambiance de guerre, et d’où étaient projetées des grenades lacrymogènes, pas plus qu’il n’était possible d’éviter la surveillance d’un drone, ni celle des caméscopes dont se servaient les CRS, Gardes mobiles et officiers de la BAC. Aucun manifestant ne pouvait s’extraire du parcours imposé par la préfecture dans la zone portuaire, véritable souricière où tous les mouvements du cortège étaient prévus et canalisés, avec un départ au milieu d’ une chicane de camions de CRS disposés pour faire un premier filtrage et, probablement, humilier et provoquer des réactions d’hostilité justifiant l’emploi de la force. Puis c’est pris en tenailles, littéralement bloqué à l’avant et à l’arrière, dans une véritable embuscade militaire, que chacun a dû, mains levées, passer devant une double haie de robocops bien décidés à briser jusqu’au bout le moral des militants qui ne pouvaient imaginer que la police d’une aussi belle démocratie ne pouvait se comporter avec autant de morgue, de sauvagerie, et il faut porter au crédit de la détermination calme des cortèges libertaire et kurde le fait que la fin de la manifestation ne se soit pas soldée par un affolement général et un bain de sang. Même après la dislocation, les manifestants n’ont pas eu le choix de l’itinéraire pour parcourir à pied dans une ambiance de retraite de Russie les dix kilomètres qui les séparaient du camp de la Ganzau ;les faits sont établis, les policiers étaient postés à chaque intersection, à qui fera-t-on croire qu’ils étaient en nombre insuffisant ? La réalité est terrible à admettre, mais il est du devoir politique de la Fédération anarchiste de dire le vrai : cette manifestation a subi une lourde défaite ; pis, le combat revendicatif n’a pas eu lieu, tant les slogans scandés au milieu d’usines désertes paraissaient dérisoires….

Dans ces conditions, la thèse des débordements au pont de l’Europe relève du mensonge d’Etat, le choix a été fait de sacrifier un quartier défavorisé pour faire la part du feu, ce choix n’avait d’autre motivation que de justifier la répression et d’empêcher la population de fraterniser avec les manifestants ; le dispositif policier était au point, de l’aveu même d’ Alliot-Marie, et le maire de Strasbourg, qui adopte une posture de dénonciation, était dans la confidence depuis le début, il s’agit donc purement et simplement d’une combinaison cynique dont les habitants d’un quartier défavorisé, plus faciles à punir et à surveiller que les flux de capitaux, ont fait les frais, ce qui, à l’évidence, n’a pas suffi à désolidariser les strasbourgeois des militants.

Pour la Fédération anarchiste, c’est le visage de la guerre des classes dans un très proche futur qui s’est dessiné à Strasbourg pendant le sommet de l’OTAN, pour elle, seul un mouvement social généralisé peut vaincre la brutalité policière et débarrasser la planète des fauteurs de guerre.

Fédération anarchiste, lundi 6 avril.