Communiqué du collectif animant indymedia-paris, au Secrétarait d’Organisation

On apprend que le Secrétariat d’organisaton du FSE s’apprête à refuser à donner des accréditations au collectif du site indymedia-paris en invoquant le prétexte d’antisémitisme.

Nous répondrons à cette accusation à la fin de ce mail.

Nous commencerons par expliquer ce qu’est le réseau Indymedia et comment fonctionne le collectif du site indymedia-paris.

Le premier site indymedia a été lancé pour la première grande manifestation contre le FMI en 1999 à Seattle.

Dès le départ, l’objectif d’indymedia a été triple :

* mettre à la disposition des militants altermondialisation un support de diffusion d’informations,

* des outils de communication, de coordinations entre groupes

* et proposer une source d’information alternative à celle des média commerciaux appartenant aux firmes multinationales pour le grand public. Car combien de grèves, combien d’initiatives constructives sont volontairement ignorées ou minorées par les média commerciaux ? Le propos du Réseau Indymedia est justement le contraire. Parler, montrer ces initiatives, parfois individuelles, parfois collectives, pour casser l’isolement. Faire que cette réalité s’impose sur la leur. Resister en existant.

Pour cela le premier collectif d’indymedia s’est construit avec ces principes :

* ne pas reproduire dans le fonctionnement du site l’organisation hiérarchisée des médias commerciaux, ni l’organisation pyramidale des groupes politiques. Car comment critiquer un système, une économie, si on reproduit ce même fonctionnement ?

Indymedia s’est donc organisé en groupe affinitaire transparent et ouvert. Les quelques règles suivantes sont constitutives de la philosophie et de la charte que tous les sites indymedia se doivent de suivre pour être membre du réseau. Vous trouverez une copie de la Charte d’Indymedia-paris en fin de ce mail.

* le collectif indymedia doit se réunir régulièrement. Ces réunions sont ouvertes à tous ceux qui veulent y assister . Elles doivent donc être clairement annoncées. Un compte rendu doit être diffusé et accessible.

Toutes les décisions concernant le site sont discutées dans le collectif et préparées sur des listes de diffusion également ouvertes à toutes et à tous.

* La listes des listes de diffusions sont données sur les sites et répertoriées à cette adresse : http://lists.indymedia.org. Ainsi tout le monde peut s’y inscrire.

* Cette nécessité de transparence implique que chacun puisse prendre part à un débat interne en disposant à l’avance de l’ensemble de l’information, des documents indispensables à la prise de décision.

* Pour cela les archives des listes de diffusion d’indymedia concernant l’orientation des sites sont également ouvertes. C’est à dire que tout le monde, membre du réseau ou simple visiteur, peut également s’informer sur ces discussions, et cela pour tous les sites indymedia à travers le monde.

* Cette forme d’organisation réèlement transparence et horizontale a montré son efficacité depuis 1999 nous y reviendrons.

En parallèle de cette organisation interne ouverte, indymedia a introduit et développé un concept innovant concernant la publication d’information sur un site.

Il s’agit de l’ ‘open publishing’, que l’on traduit par la ‘publication ouverte’.

L’open publishing, c’est la possibilité laissée à chaque visiteur, à chaque militant, à chaque organisation, de publier une contribution.

Et que celle-ci soit immédiatement accessible, en lecture, sur le site.

Le collectif qui anime un site ne filtre pas les contributions avant leur parution, mais seulement après.

Une charte fixe les rêgles de cette modération. Car il ne s’agit pas de publier que les infos et les idées que partagent le groupe qui anime le site, mais d’informer, d’ouvrir des débats, et de permettre de réagir, de ne pas contraindre le lecteur au rôle d’observateur inactif de l’information.

Sur un site Indymedia chaque contribution a donc plusieurs statuts :

* quand elle est postée sur le site, elle y apparaît immédiatement. Mais elle n’est pas encore ‘validée’, modérée.

Sur le site Indymedia paris une puce orange permet de repérer visuellement ces contributions

* quand le collectif ou l’un des membres du collectif « valide » une contribution celle-ci devient ‘vue’, ‘modérée’.

Ce statut ne signifie pas que le modérateur approuve son contenu. Mais que cette contribution ne contredit pas les principes du site exprimée dans la charte.

Sur le site indymedia-paris, ce type de contribution s’accompagne d’une puce verte.

* quand une contribution s’oppose à la charte, celle-ci est dite ‘refusée’. Mais attention, ce refus ne la retire pas du site. La contribution en question disparait de la page d’accueil, elle ne sera pas listée dans le moteur de recherche public.

Le refus d’une contribution impose au modérateur de motiver son choix.

Il est important de savoir que la contribution ‘cachée’ reste accessible, consultable, dans une partie déterminée du site accompagnée des motivations qui ont conduit le modérateur à masquer cette contribution.

Ainsi chaque contributeur peut s’informer des raisons des qui ont conduit à cacher une contribution. Et interpeller le collectif s’il le veut à propos de ce choix.

Une contribution cachée est accompagnée d’une puce rouge.

Il faut comprendre cela : les contributions qui paraissent sur le site indymedia ne reflètent pas forcément l’opinion du collectif. Car chaque visiteur comme chaque membre du collectif peut lui-même publier une contribution ou un commentaire qui s’oppose ou complète une autre contribution.

Ce processus de modération et de publication permet réèlement de donner la parole, un accès à la diffusion d’information à ceux qui se mobilisent pour transformer la société pour abolir toute forme d’exploitation.

Le réseau indymedia représente aujourd’hui près de 123 sites à travers le monde, animés par des bénévoles, dans la plupart de langues, qui permettent à des millions de contributeurs individuels, de réseaux d’association de percer le mur du silence ou la déformation de l’information par les média commerciaux.

En moyenne le site d’Indymedia-Paris compte, près de 2000 visiteurs par jours, et publie plus d’une centaine de contributions qui amènent plusieurs centaines de commentaires quotidiennement.

Toutefois indymedia n’est non plus le service publique de la libre parole. Mais un site militant, engagé pour progresser vers un autre monde pour une société coopérative, équitable et non libérale.

Cet engagement il est autant rédactionnel que dans la structure et l’organisation du collectif et dans le processus de décision du groupe.

Le Réseau indymedia est donc une plate-forme de diffusion d’information qui coopère avec des dizaines d’autres réseaux. C’est en France, et à Paris, l’un des seul média militant, gratuit, indépendant de la presse commerciale, et des organisations politiques et syndicales. Dont nous relayons l’information que la presse commerciale, qui appartient quasiment en totalité à des marchands d’armes (Lagardère et Dassault) ou à des multinationales ultralibérales (Bouygues…) boycotte ou déforme.

Concernant la guerre israélo-palestinienne, la position du collectif indymedia paris est dirigée vers le soutien des initiatives pour une paix juste dans le respect de l’existence de deux nations indépendantes Israel et la Palestine.

Sur le site, la page thématique « Israél-palestine » recense plus de 350 articles.

Ce nombre d’article, leur audience, notre positionnement politique ferme nous fait prendre des coups des extrêmes des deux cotés. Nous sommes accusés de sionisme par les uns, et d’antisémitisme par les autres.

La quasi totalité des organisations, associations et personnalités de gauche, impliquées pour une paix juste en Palestine/Israel doivent faire face aujourd’hui à ce même procès d’intention.

Comme il est compliqué d’attaquer indymedia sur cet engagement, on nous accuse de publier de contributions antisémites.

Il est vrai que nous publions des contributions anti-sionistes, des contributions qui dénoncent la politique coloniale, les exécutions sans procés du gouvernement actuel en Israel. Comme nous publions des contributions qui dénoncent les attentats de terroristes palestiniens contre des civils en Israel.

Nous traduisons des informations du site indymedia en Palestine et du site indymedia en Israel.

Parfois nous laissons sur le site des contributions sionistes ou pro-terroristes palestiniennes. Pas parce que nous les approuvons bien entendu ! Mais pour en démonter la rhétorique, parce qu’un visiteur, ou/et un membre du collectif y a placé un commentaire qui la détruit.

Nous avons le souci dans le collectif indymedia-Paris de lutter contre cette guerre et pour la paix, avec nos moyens, et de là où nous sommes.

Nos outils sont l’information et la communication. Montrer ce que les média commerciaux ne rapportent que rarement ou jamais.

Des bénévoles d’indymedia Paris sont allés dans les camps de réfugiés, ou ont rencontré des associations palestiniennes, israéliennes, juives, musulmanes qui travaillent ensemble et chaque jour inventent un espace de paix.

Parler de ce que font ces gens, traduire leurs actions en français pour que chacun puisse les lire. Montrer qu’il y a une réalité pour la paix alors que la presse commerciale ne s’y intéresse que d’une façon anecdotique.

Créer un espace de réflexion et de pédagogie pour démonter régulièrement les discours racistes de part et d’autres.

C’est tout cela que l’on nous reproche ?

C’est cet engagement que l’on veut bâillonner par des rumeurs et des accusations injustifiables et profondément injustes ?

Cela ne marchera pas. Ni le FSE ni les organisations contre lesquels nous luttons dans nos colonnes, ni à fortiori l’extrême droite française ne nous empêchera de défendre nos valeurs contre le racisme et pour une paix juste pour la Palestine et Israël.

Enfin, nous ne sommes pas dupes non plus.

Une part de cette rumeur a pour fonction d’éteindre le site pour d’autres raisons. Notre mode d’organisation en groupe affinitaire, le caractère transparent de l’ensemble des décisions, l’open publishing, l’indépendance du site et du réseau en général, bref cette liberté rédactionnelle dérangent bien des organisations politiques.

Mais là non plus nous ne lâcherons pas.

C’est notre part de responsabilité dans les batailles engagées contre le racisme, et pour une société équitable.

Texte du collectif qui anime Indymedia-paris