– Des justificatifs qui n’en sont pas !

La direction de Tereos justifie la mort programmée de l’usine nantaise par :

– les évolutions de l’Organisation Commune des Marchés du sucre (OCM sucre). Issue des accords de Lomé et de Cotonou sur le partenariat entre l’Union Européenne et des pays d’Afrique, Caraïbe et Pacifique (ACP), l’Organisation Commune des Marchés du sucre se caractérise par une baisse importante des quotas de production de betteraves sucrières au bénéfice du sucre de canne en provenance des AC. Ce système de quotas de production, couplé au versement d’un prix garanti, entraine une baisse d’environ 50 euros par tonne des marges de raffinage.

– la rentabilité insuffisante de Béghin-Say,

– la perte du marché du sucre brut de canne en provenance de l’Ile Maurice.

Plusieurs remarques s’imposent :

• l’importation de sucre en provenance pays ACP est positive puisqu’elle assure à ces pays des recettes d’exportations stables et garanties pour une production déterminée.

• L’actuelle volatilité du cours du sucre brut est dopée par le développement des agro-carburants. Fruit de la spéculation, cette flambée des prix déséquilibre fortement les productions agricoles des pays producteurs et renchérit l’alimentation des populations les plus pauvres

• la réduction de la marge de raffinage ne représente que 5 centimes d’euros par kilo de sucre.

• les 150 000 tonnes de sucre de canne produits à Nantes seront désormais produits en Espagne, à Olmedo, c’est-à-dire à 200 Kms d’un port de la côte espagnole atlantique, alors que le sucre arrive actuellement directement au port de Nantes Cheviré,

• Tereos annonce avoir perdu le marché du sucre brut de canne en provenance de l’ile Maurice pour son usine nantaise mais l’avoir gagné pour Olmedo. Cherchez l’erreur !

La décision de Téréos de fermer Béghin-Say répond à la seule logique de la rentabilité financière.

A l’évidence, aucune des conséquences environnementales n’est prise en compte. Quant aux conséquences sociales, la direction de Téreos essaie d’éviter une explosion de colère en maintenant très provisoirement l’activité d’emballage sur Nantes. (Autre parfaite aberration écologique).

Désastreuse pour les salariés de Béghin-Say et des entreprises sous-traitantes, inquiétante pour le devenir du Port de Nantes Cheviré, cette fermeture entrainerait la suppression de plusieurs centaines d’emplois sur l’agglomération nantaise.

Les Alternatifs 44 refusent qu’un trait soit définitivement tiré sur Béghin-Say et ses salariés.

A ce jour, notre proposition de reprise de l’activité de Béghin-Say par les salariés eux-mêmes sous forme de SCOP n’a pas été sérieusement étudiée. Sa mise en œuvre suppose à l’évidence de lever de nombreux obstacles juridiques, économiques et financiers. Elle nécessite sans conteste un engagement volontariste des collectivités locales pour maintenir à Nantes l’activité de raffinage du sucre, avec un niveau d’intervention équivalent à ce qui se fait pour les nouvelles implantations d’entreprises.

Sauf à se résigner à subir la décision de Téréros et à voir fermer définitivement Béghin-Say, ces difficultés ne sont nullement insurmontables. Les Alternatifs ont la conviction que le maintien d’une grande raffinerie de sucre à Nantes est socialement, économiquement et écologiquement utile et réaliste.

Pour débloquer une situation désormais bien sombre, la mobilisation des salariés et le soutien actif de la population sont nécessaires. Les Alternatifs 44 proposent à tous les partis de gauche du département de se retrouver pour défendre le maintien de Béghin-Say et de ses emplois à Nantes. Il y a urgence.