Le mercredi 11 février 2009, plusieurs dizaines d’étudiants et de participants à l’actuel mouvement dans les universités se sont invités au centre d’art Bétonsalon qui se trouve en face des locaux de Paris VII, avec l’intention affichée de donner vie à cette vitrine de l’art contemporain.

Face à tant de spontanéité créatrice, les gestionnaires du centre d’art et leurs artistes invités n’ont pas trouvé de meilleure idée que de requérir l’intervention des forces de l’ordre pour faire évacuer les lieux.

Détail accablant, l’exposition actuellement en montage à Bétonsalon s’intitule « Farenheit 451 » et prétend traiter de « la confrontation entre censure et résistance, l’incarnation d’une esthétique visionnaire ou encore la langue comme force combative, (…) matérialisées au sein des oeuvres proposées dans l’exposition ». Il fallait voir ce mercredi soir cette soi-disant « langue comme force combative » protégée par une trentaine de gardes mobiles casqués, harnachés, armés : « esthétique visionnaire » s’il en est.

Au lendemain de cette intervention, et sans en faire le moindre récit, Bétonsalon communique et prétend organiser ce vendredi 13 février à 17h – deux heures avant le vernissage de l’exposition Farenheit 451- une réunion publique de « solidarité avec le mouvement étudiant ». Que faut-il attendre d’une telle démagogie ?

Qui entendait le mot Bétonsalon comme un constat neutre de l’état du lieu saura y voir désormais un lieu de l’Etat.

Qui saisissait le mot salon comme une ironie légère sur les formes autrefois traditionnelles de monstration sait désormais que l’éclectisme post moderne peut assumer avec la simplicité décomplexée qui tient aujourd’hui lieu de liberté officielle un caractère ouvertement réactionnaire.

Aujourd’hui appeler les flics pour virer un sitting d’étudiants dans une expo appelée « Fahrenheit 451 », c’est possible.

Aujourd’hui fabriquer « de l’art engagé » et omettre à quoi ça engage, c’est possible.

Aujourd’hui porter plainte contre les participants à un mouvement social pour conforter sa carrière, c’est possible.

Aujourd’hui diriger un lieu culturel public et être hostile à toute expression collective, c’est possible.

Ce que promettent nos maîtres, leurs valets le réalisent.

L’àquoibonnisme néolibéral sait vivre de nos appétits, et aussi les détruire.

Nous pouvons dormir tranquilles, tout est devenu possible.

On dit du béton qu’il peut vaincre parce qu’il est armé. Nous aussi nous le sommes : comme le dit une chanson du grand nombre « ce n’est pas dans les salons que nous obtiendront satisfaction ».

Face au possible, étouffant et stérile, qui se manifeste partout avec la morgue tranquille des assis, nous sommes le nécessaire.

Et nous saurons lui faire droit.

Nous, usagers, concernés de l’art, de la contestation, de l’auto-organisation, appelons à l’ouverture sans conditions de Bétonsalon aux joies, recherches, incertitudes des mouvements sociaux auto-organisés. (tiré de cip-idf)