Vice président du conseil général Claude Bricaud a pris quelques tartes dans la gueule le 1er octobre. Cinq, exactement. Toutes bien crémeuses, bien dégoulinantes sur le tarbouif*. C’était lors d’une réunion informant les paysans du secteur de Notre-Dame-des-Landes et propriétaires fonciers du coin. Objectif : préparer les échanges à l’amiable de parcelles utiles au chantier routier de desserte de l’aéroport. Un projet maousse qui manque encore un peu de sous pour décoller. Le lendemain de ce gâchis de crème fraîche, le président du département Patrick Mareschal incite Bricaud à porter plainte. Les gendarmes ont donc pisté les adresses des ordinateurs qui ont envoyé la vidéo à YouTube et DailyMotion. Six heures de garde à vue, ordis saisis pour deux internautes. Les crèmefraichistes sont convoqués début janvier.

Mareschal a aussi écrit à la Confédération paysanne pour que le syndicat agricole dénonce ce terrorisme pâtissier. « Incident inadmissible », « agression » selon Mareschal qui expose son exigence : « Je ne peux pas croire que cette action violente puisse être le fait de membres de votre organisation (…) C’est pourquoi je vous demande de dénoncer publiquement avec la plus grande fermeté ce geste et ces méthodes « . La Conf’ est contre l’aéroport, et le coup des tartes est dérisoire comparé au démontage d’un McDo ou à l’épandage de lisier devant une préfecture.
Pourtant, trois semaines plus tard, la presse locale publie un communiqué de la Conf’ qui / » condamne l’entartage « qualifié d’acte inadmissible « . Dominique Lebreton, le président de la Conf’ 44, sert à Lulu quelques explications embêtées :  » L’entartage, c’est pas quelque chose qu’on partage. J’étais absent quand s’est rédigé ce communiqué, qui est regrettable, ça va nous poursuivre. On a autre chose à faire que se défendre là-dessus « . Il rappelle que le conseil général vient de voter, comme la Conf’, contre le projet agricole départemental imposé par la chambre d’agriculture 44, passée à la FDSEA depuis les dernières élections. « On n’est pas à la botte du conseil général. La preuve, on est opposés à l’aéroport. On a juste des affinités politiques et des soutiens qui se traduisent par des financements « , concède Dominique Lebreton. Des subventions qui aident à comprendre qu’il vaut mieux condamner quand on vous le demande. Mieux vaut tarte que jamais.

* Lulu Numéro 61,  » Crime à la crème  » Tartagueul