Procès CFDT contre Ludo et Michel : délibéré le 22 janvier, le parquet demande une peine de prison avec sursis samedi 13 décembre 2008, par Ludo

Ce jeudi 11 décembre, durant plus de quatre heures, s’est tenu le procès pour « violation de domicile » intenté, par la direction nationale de la CFDT, à l’encontre de Ludovic Prieur, animateur du webmedia HNS-info, et de Michel Roger de la Compagnie Jolie Môme [1].

http://www.cie-joliemome.org/

Plus de 400 personnes étaient présentes pour les soutenir. Après avoir demandé aux témoins des deux parties de quitter la salle – pour revenir plus tard- la présidente du tribunal a exigé que seules les personnes assises puissent assister à l’audience. Les nombreux soutiens ont donc du quitter la salle ; certainEs allant rejoindre le rassemblement sur le parvis du palais de justice, d’autres préférant rester devant les portes de la salle d’audience.

Après que la présidente du tribunal ait rappelé le dossier en citant de nombreuses pièces, Michel et Ludo ont pu exprimer leur point de vue et confirmer qu’ils revendiquaient en effet le droit à l’occupation et que celle-ci avait pour but d’obtenir enfin un débat contradictoire avec la CFDT sur les droits sociaux. Lors de leurs interventions, ils ont pu, notamment, rappeler que la visite et l’occupation étaient des pratiques courantes et communes à de nombreux mouvements sociaux, aux activistes, aux défenseurs des droits et des libertés publiques, aux sans papiers, aux écologistes, aux associations de malades … Reconnaissant leur participation active aux mouvements d’intermittents, de chômeurs et précaires depuis très longtemps, Ludo et Michel ont également dénoncé le rôle de la CFDT dans la suppression et la négation des droits sociaux au cours des quinze dernières années par la signature d’accords avec le Medef. Ils en ont profité pour souligner la non représentativité du syndicat notamment parmi les précaires, les intermittents, les chômeurs…

Les témoins de la partie civile étaient au nombre de six, toutes et tous salariés de la confédération syndicale CFDT, dont parmi eux plusieurs secrétaires nationaux. Ce lien employés/employeurs les empêchant d’ailleurs de prêter serment. Témoignages confus et imprécis sur les faits et leur déroulement se succédèrent. Aux questions circonstanciées des juges sur l’accès au hall d’entrée, aucun témoin n’a été en mesure de réponses précises et cohérentes.

Les quatre témoins des faits présentés par la défense ont quant à eux rappelé le déroulement de l’action incriminée et remarquaient sa similitude avec de nombreuses autres occupations n’ayant jusque là jamais occasionné de poursuites. De par leur propre présence dans cette salle d’audience, ces témoins revendiquaient ainsi leur présence dans les locaux de la CFDT ce 19 avril 2005. Ce fut aussi l’occasion pour elles de parler des luttes et des mouvements de chômeurs, intermittents et précaires et des conséquences sur la vie actuelle et future de millions de personnes des choix de la CFDT, du Medef et des gouvernements présents et passés.

Les quatre témoins de moralité de Ludo et Michel – André Chassaigne (député PCF du Puy de Dôme), Emmanuelle Cosse (journaliste), René Dutrey (conseiller Verts de Paris), Charles Hoareau (CGT chômeurs) – ont chacun à leur manière relevé le caractère choquant, injuste et surtout dangereux de cette plainte.

Ce fut ensuite au tour de l’avocat de la CFDT de prendre la parole… pendant plus de vingt minutes ! Commençant par « féliciter » les témoins des prévenus pour leur présentation quasi angélique des faits, il enchaîna sur un scenario du 19 avril 2005 truffé de violences… Il poursuivit en créant autour de Ludo et Michel une « mouvance », usant de pratiques « commando », dont les « leaders se dissimulent dans la masse », … Puis vint le temps de la tribune politique. L’avocat l’affirmait alors que la CFDT son avait sauvé l’assurance chômage et revendiquait pleinement les accords signés avec le MEDEF. Dans la foulée, il se lança dans une longue tirade anti-intermittents du spectacle dont les allocations seraient à ses dires financées par « la caissière de supermarché ». Rappelant que ces métiers du spectacle ne font l’objet d’aucune « sélection à l’entrée », il a crânement invité ces professions à créer un fonds propre tout en leur souhaitant « bon vent ! »…

Pour finir il demandait la condamnation de Ludo et Michel afin de protéger les salariés de la CFDT et les intérêts de la centrale confédérale et se prévenir, ainsi par la loi, de telles pratiques. Il s’interrogea sur les conséquences d’une non condamnation sur les moyens dont devraient se doter la CFDT pour se protéger et émis l’hypothèse d’être obligé de faire comme « le PCF », « la CGT » et « même FO », à savoir avoir un service d’ordre constitué de « gros bras » munis de « manche de pioches »… (sic)

La représentante du parquet a conclu que le délit de violation de domicile était ainsi constitué et par conséquent demandé la condamnation de Ludo et Michel à une peine d’emprisonnement avec sursis afin que les deux prévenus comprennent avoir commis un délit et ainsi éviter de leur part toute récidive…

L’avocate de Ludo et Michel, Maître Irène Terrel a défendu la relaxe.

Tout d’abord, elle démonta avec aisance la « fable » de son contradicteur, déjà exprimée officiellement par la direction de la CFDT, en soulignant son contenu diffamatoire [2] : ce scénario de violence était pure invention comme en attestaient les rapports de police, les décisions du juge d’instruction, les témoins de la défense et les témoignages confus, contradictoires voire opposés de la partie civile. Elle souligna la « démesure » des propos, démesure très en vogue ces derniers temps dans les palais de justice…

Puis Maître Terrel donna la démonstration de la non constitution de « violation de domicile » tout en affirmant qu’il s’agissait en effet d’une occupation. Au terme de sa plaidoirie, elle insista sur l’utilisation de la justice de la part de la CFDT, au travers de ce procès, pour régler les conflits sociaux et avertit le tribunal des conséquences d’une judiciarisation des conflits et de la criminalisation des mouvements sociaux et de leurs modes d’action.

Le tribunal rendra son verdict le 22 janvier à 13h30 au TGI de Paris, dans cette même 14ème chambre correctionnelle. La mobilisation doit donc se poursuivre pour obtenir la relaxe de Ludo et Michel. Comme dans tant d’autres cas, leur condamnation ne serait autre qu’une judiciarisation et une criminalisation des conflits sociaux. Comme depuis le début elle s’inscrit dans l’actualité des luttes des précaires et de celles de la défense des libertés publiques.

D’ores et déjà, deux prochains rendez-vous : Dimanche 14 décembre : mobilisation de soutien au DAL à 12H au 24 rue de la banque (Paris 2ème) avec casse croûte, tentes, sacs de couchages et couvertures. Plus d’infos sur click !

Mardi 16 déembre À 14H, rassemblons nous face au MEDEF, 55 avenue Bosquet, M° École militaire À l’appel d’AC !, Apeis, CGT Intérim, CGT Spectacle, CIP-idf, comité CGT des privés d’emploi, MNCP, Sud culture, …

L’appel de la CIP-IDF pour le 16 décembre 2008 : Comme la police à Athènes, les décideurs économiques tuent de sang froid. À l’Unedic, les partenaires sociaux décident du sort de millions de chômeurs, intermittents et précaires.

Nous risquons d’être 500 000 de plus à ne pas être indemnisés. On assiste les banques et on nous brise. Exigeons des comptes, mobilisons nous pour bloquer cette machine à précariser, imposons leur des sacrifices, maintenant !

Qu’ils commencent par garantir à chacun une indemnité quotidienne au moins égale au SMIC JOUR pour chaque journée chômée.

HNS-info 13 décembre 2008

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